Il était une foi, une crise de foi !
Coincés entre les Francs au Nord et les Kastillans au sud, les Okcitans, les Khatars (pas ceux du PSG) et les Katalans subissent une guerre de religion, un schisme fomenté par le Pape Gontran dit le Défiguré et promoteur de la Nouvelle Foi.
En réalité, c'est plus compliqué que cela. Au Nord, il y avait (les corons, mais pas que...) le sénéchal Laguerre (ville attaquée par Laguerre, ville prise par la guerre) et le cardinal (ou selon les circonstances la) cardinal Posel Virt Schnessturm, pape de la dernière Nouvelle Foi, et ses affidés, dont Jirrodo le Nain, Galerne de Palerme, Bernadette di Venezia, ainsi que dans sa mouvance Agna la bruxia et quelques autres. Mais l'obsession de Posel Virt est de posséder le Grazal, qui lui permettrait de régner sur tous les territoires. Au sud, ce n'est guère mieux, avec les Kastillans qui veulent annexer la Katalogne.
Au milieu une poignée d'irréductibles s'élèvent et tentent de contrer les nombreuses attaques. Simon de Malfort, le commandant suprême de l'expédition franque a détruit Besierz et ces résistants en ont encore le souvenir. Xavi EL Valent qui a réussi a réanimer le Glaive de justice et ses compagnons, Lo Singlar et Olympe de Fois essaient de s'allier au sultan An-Nisar tandis qu'à Barcelona, dans les sous-sols de la Sagrada Katland, Pau, Enrekhtouès, Dard M'Odet font face à des adversaires particulièrement belliqueux. D'autant que Roland, le mort-vivant toujours en possession de sa fidèle Durandal n'épargne personne.
Heureusement Xavi et ses compagnons sont des sorciers et ils possèdent des armes susceptibles de contrer les attaques, à gauche, à droite, au centre, derrière, devant, de leurs adversaires qui disposent de zombies, d'animaux mutants comme les Minautaures et autres qui plient, rompent sous les coups mais se relèvent inexorablement.
Grâce au sultan An-Nisar, Xavi est accompagné de la belle Cheikha et surtout il lui est donné en cadeau des tuplars, des chevaux ailés issus d'une croisement de purs-sangs et de vautours. A condition toutefois de les rendre viables, car ces bestioles métissées décèdent quelques heures après leur naissance.
Ce roman épique, qui n'est pas sans rappeler les tristes heures de la croisade des Albigeois, du massacre des Cathares, une croisade mise en œuvre par l'église romaine à l'encontre de ce qui était considéré comme une hérésie, est écrit en trois parties : Le chant 1 : La bataille de Barcelona par Boris et François Darnaudet; le chant 2 : Cheikha, la Mujâhid par Gildas Girodeau et le chant 3 : Mourir à Montségur par Philippe Ward. Tandis que les deuxième et troisième parties se déroulent comme un prolongement de roman, la première ressemble à une succession de vignettes où batailles, combats, engagements divers entre les différentes forces en présence, entre sorciers, animaux mythiques, loups-garous, tigro-raptors, mutants et guerriers indestructibles. Presque comme une bande dessinée sans malheureusement les images ou un jeu de rôle.
Une épopée vive, pleine de fureur, de sang, de coups bas, de trahisons, de coups fourrés de toutes sortes et dont le lecteur ne ressort que difficilement tant les scènes d'action défilent à cadence accélérée.
Vous avez pu reconnaître parmi les différents protagonistes des noms qui ne vous sont pas inconnus, ceux, déformés, des auteurs qui ne s'attribuent pas forcément les beaux rôles, endossant le costume de méchants. Mais au détour d'une phrase, d'une scène, d'un épisode, d'autres personnages apparaissent dont des chroniqueurs sur la toile, un certain archevêque Zeu-Grard, dont vous pouvez retrouver les articles sur K.Libre et un archevêque-centurion du nom de Mau-Gendre qui figure dans un rôle de composition, évidemment. D'autres petits clins d'œil sont placés ça et là que je vous laisse découvrir au fur et à mesure de la lecture. Il en ressort une lecture agréable dont la religion dite chrétienne ne sort pas grandie, mais cela eut été étonnant si l'on analyse toutes les exactions dont elle s'est rendue coupable au cours des siècles envers ceux qui ne se pliaient à sa doctrine.
Ce roman de Fantasy est également une ode à la Catalogne, province scindée en deux par les Pyrénées et écartelé entre deux nations, la France et l'Espagne, à son besoin de reconnaissance et d'indépendance qui l'anime et l'agite des deux côtés de la frontière, légitimement.
Juste un tout petit et léger reproche : un troisième volume est annoncé, et il serait bon de récapituler les noms des personnages, leur fonction et leur appartenance à tel ou tel clan. La lecture en sera facilitée. Mais ce n'est qu'un petit détail, qui ne mérite pas qu'on s'attarde dessus, et d'ailleurs je me demande pourquoi je l'ai soulevé. Si, pour ne pas être taxé de flagorneur !
A lire le premier volet de la Saga de Xavi : Le Glaive de justice.
F & B DARNAUDET; G. GIRODEAU; P. WARD : De Barcelona à Montségur (La saga de Xavi El Valent 2). Collection Blanche, éditions Rivière Blanche. 212 pages. 17,00€.