Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
Suivez la flèche...
Dans ce roman tout à la fois roman de suspense, roman psychologique, étude de mœurs et de caractères, avec une pointe de gothique et un soupçon de fantastique, l’auteur met en scène des personnages que l’on n’oubliera pas de sitôt, qu’il s’agisse de nos deux policiers-héros, que des différents protagonistes dont les rôles plus ou moins importants sont toujours déterminants.
Parlons-en de nos deux héros-policiers ! Lui, l’inspecteur Thomas Linley, aristocrate jusqu’au bout des ongles, mais ce n’est qu’une façade, et elle, Barbara Havers, jeune femme agressive en permanence, mal fichue de sa personne, qui en veut à tout le monde alors que ses insuccès elle ne les doit qu’à elle-même. Une équipe qui ressemble un peu à Don Quichotte et Sancho Pança. Et les moulins à vent qu’ils combattent, c’est dans leur tête et leur cœur qu’ils se trouvent.
Quand à l’affaire pour laquelle ils sont envoyés dans le Yorkshire, on ne peut pas dire qu’elle soit banale ni théoriquement difficile à résoudre. Roberta, une jeune fille peu gâtée physiquement par la nature s’accuse du meurtre de son père et accessoirement de son chien. Mais quelque chose cloche dans ce qu’il semble être une mise en scène. Thomas Linley aidé de Barbara, tout en réglant leurs problèmes internes, conduiront à bien une enquête qui véritablement débouche sur un mal de société. Un mal, une déviation, une perversité dénoncés plus facilement de nos jours, les barrières de l’hypocrisie commençant à tomber sous les coups de butoir des victimes refusant une quelconque culpabilité. Une détresse ressentie par les acteurs de ce drame, un désarroi, un désespoir qui conduit à tout jusqu’à l’irréparable.
Dans ce roman Elizabeth George frappe fort, très fort et très dur, et le ton guilleret du début n’annonce certes pas un final poignant et dur moralement.
Un premier roman qui la plaçait donc d’emblée aux côtés de Ruth Rendell et de P.D. James. Ses personnages sont décrits de façon plus chaleureuse, plus vivante, alors que ses consœurs dépeignent les leurs d’une manière plus froidement clinique.
Ce roman a obtenu le Grand Prix de Littérature Policière en 1990.
A lire aussi : Le cortège de la mort.
Elizabeth GEORGE : Enquête dans le brouillard. Editions Pocket Noir N° 4056. 6,10€.