Si Franck Sinatra avait été surnommé The Voice pour sa voix charmeuse, le tueur de femmes qui sévit dans la capitale joue une autre partition.
Il a été surnommé ainsi par Alex Bruce, du célèbre 36 Quai des Orfèvres, pour des raisons bien précises. Vox a déjà trucidé une dizaine de femmes, toujours selon la même procédure. Après avoir dragué une jeune femme qui l’invite chez elle, il la tue en l’étranglant avec une corde de violoncelle, toujours la même. Il enregistre ses derniers mots, qu’il dicte et lui fait répéter, puis il glisse la cassette dans la gorge béante. Il arrose ensuite le corps d’huile, ou de savon liquide, afin que les techniciens de la police scientifique ne puissent récupérer des traces ou des empreintes. D’ailleurs aucun poil ou autre substance provenant du corps humain ne sont relevés.
La dernière victime recensée est, était, une « Voix » de la radio. Isabelle Castro animait une émission culte, Les Nuits taboues, qui se terminait à minuit, et si les sujets abordés intéressaient les auditeurs, les amenant à téléphoner afin d’émettre leurs opinions ou leurs expériences personnelles, c’était surtout sa voix qui envoutait. Une voix entre celle de Jeanne Moreau et celle de Delphine Seyrig. Et la voix s’avère être l’un des éléments essentiels dans l’enquête que Mathieu Delmont, le patron de la Crim, a confiée à Alex Bruce et son adjoint et ami Victor Cheffert.
D’après les scientifiques, mais cela s’entend à oreille nue, le timbre de voix de chacune des victimes est quasiment identique. Le point commun qui relie tous ces crimes, mais cela ne suffit pas pour identifier le coupable. Invité dans cette cacophonie orale, Sagnac, le psycho-criminologue, qui possède de grandes théories, ce qui n’avance guère les enquêteurs, mais comme il veut faire entendre sa voix, il faut bien faire avec. Et comme toujours, dans ce genre de crime, il faut qu’un journaliste fasse aussi entendre la sienne, de voix. Il s’agit de Fred Guedj, qui officie sur le petit écran, après avoir sévi sur les ondes radiophoniques.
Entre Bruce et Guedj, c’est l’amitié qui prévaut, même si un contentieux existe entre les deux hommes. Un litige nommé Tessa, l’ancienne compagne de Bruce et que Fred s’était accaparé avant qu’elle aille voir ailleurs. C’est ça l’amitié, partager la même femme, même si le cœur en prend un coup ! Ne nous étendons pas sur un sujet propice à des conflits et suivons Bruce qui en sortant de l’appartement d’Isabelle Castro, les premiers relevés effectués, rentre se coucher. Il aperçoit non loin un jeune avec un bonnet sur la tête qui lui semble louche. Après une course poursuite mouvementée, il parvient à mettre la main sur le fuyard qui se nomme Julien Kassidy, comédien, doubleur de films, lecteur de textes à la radio et qui joue dans de petites émissions télévisées comme les Mercredi de Pikatchou. Il connaissait bien Isabelle Castro, et à l’en croire, il l’aimait même s’il a une copine.
Qui a eu l’idée en premier ? Sagnac peut-être, qui s’occupe toujours de ce qui ne le regarde pas. Ou quelqu’un d’autre. Mais cette idée s’impose d’elle-même lorsque le résultat des écoutes des cassettes est analysé. Martine Lewine du commissariat du VIIIème pourrait servir d’appât. En effet elle possède une voix sensiblement identique aux défuntes, et en tant que porte parole de la Crim, à la radio et à la télévision, elle pourrait éventuellement attirer les oreilles du meurtrier et il ne suffirait plus qu’à la protéger d’une probable agression pour arrêter le coupable. Bien vu, bien entendu, sauf que tout est aléatoire, comme une émission en direct.
Martine Lewine est un cas. Si Alex Bruce est un vieux loup solitaire, même si parfois une jeunette de dix-neuf ans le rejoint dans sa couche, Martine possède sa fracture personnelle. Cinq ans auparavant elle a eu maille à partir avec un individu qui l’a séquestrée dans une zone de la Plaine Saint-Denis. Elle a réussi à s’échapper et elle en garde des séquelles, physiques et psychiques.
Publié en 2000 chez Viviane Hamy, ce texte n’a pas été retouché pour l’occasion (un bon point à Dominique Sylvain qui ne remodèle pas ce qu’elle a rédigé et en garde les petits défauts qui en font sa qualité) et le lecteur pourra ressentir une certaine nostalgie liée à une époque. Le lecteur, tout en s’intéressant à l’intrigue tournant autour d’un serial killer (un serial qui leurre ?), intrigue habilement construite, le lecteur entendra en toile de fond ces voix de la radio, voix qui envoûtent l’auditeur, lequel n’écoute plus forcément le sujet de l’émission, ni les interventions, mais se laisse porter par le charme vocal de la présentatrice.
Ce roman a reçu le Prix Sang d'Encre 2000.
A lire du même auteur : Guerre sale.
Dominique SYLVAIN : Vox. Points Thriller N°2943. Réédition de Viviane Hamy (2000). 288 pages. 7€.
gridou 27/06/2013 15:26
Oncle Paul 27/06/2013 18:53
gridou 27/06/2013 15:09
Oncle Paul 27/06/2013 15:13
Pyrausta 31/01/2013 20:06
Oncle Paul 01/02/2013 14:50
Pyrausta 31/01/2013 18:19
Oncle Paul 31/01/2013 18:48
gridou 28/01/2013 17:40
Oncle Paul 28/01/2013 18:14
gridou 28/01/2013 14:36
Oncle Paul 28/01/2013 16:22
gridou 28/01/2013 11:51
Oncle Paul 28/01/2013 14:35