Happy Birthday to you !
Le 21 octobre 1948 naissait Daniel Picouly, à Villemomble dans le département de la Seine-Saint-Denis. Aussi pour fêter cet anniversaire, il m’a semblé bon de faire un petit retour en arrière, en 1991 exactement, et de vous proposer cette chronique concernant son premier roman.
Une petite ville au bord de la mer. Une jeune fille prénommée Héra, serveuse dans un restaurant. Elle attend un enfant, mais c’est un enfant trahison. Alors elle avorte, dans les waters du lycée tout proche, tandis que sa copine Nelly fait le guet. Tant pis pour le concierge à la jambe de bois, il n’avait pas à faire sa ronde dans le couloir. Exit le gêneur, par-dessus la balustrade. On le retrouvera mort dans un placard, dans lequel sont soigneusement rangées les cartes de géographie. Même décédé, il parcourra encore le monde, ce marin qui avait du mal à s’habituer au plancher des vaches.
Ivan, pendant ce temps se venge. Sur Denise, sur Lachoune. Sur François aussi. Mais il n’a pas le courage, ou le temps, de trucider le professeur avec sa canne épée. Ce n’est que partie remise. La vengeance doit se déguster et Yvan n’est pas un glouton.
Dans cette petite ville tranquille, l’horreur se cache derrière les rideaux, toujours présente. Mais personne ne la voit, ou ne veut la voir. Pourtant que de personnages étranges gravitent dans la cité lorsque la nuit tombe. Le Bestiau, par exemple, amoureux d’une odalisque, copie d’un tableau de Boucher, et qui fournit des chiens à un Hollandais et élève des rats. Ou Denise, la patronne du restaurant, qui aguiche les mâles pendant que son mari assiste aux matchs de football. La folie guette attendant l’entrebâillement de la porte mentale. Alors elle pourra s’écouler à flots, éclaboussant tout sur son passage pulvérulent. Une folie morbide, une folie meurtrière, une folie furieuse.
Premier roman de Daniel Picouly publié en 1991, La Lumière des fous est écrit en style télégraphique. Comme ces coups de poing que l’on assène rageusement sur une table, lorsqu’on extériorise sa colère mais que l’on ne peut aller plus loin que la colère verbale et orale. Pourtant il ressort de cette écriture métaphorique un certain lyrisme, qui ne laisse pas insensible, et qui alliée aux images chocs bouleverse le lecteur pantelant.
Daniel PICOULY : La lumière des fous. Collection Fenêtre sur nuit. Editions du Rocher (1991). Réédition éditions J’ai Lu janvier N° 4772 (1999). 250 pages. 6€.