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30 juillet 2012 1 30 /07 /juillet /2012 06:57

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Alexandre Dumas s’est-il inspiré de l’image de son père et de ses trois compagnons, Piston originaire de Lyon, Espagne qui venait d’Aubusson dans la Creuse et Beaumont, un Picard ? C’est la version avancée, version fort pertinente d’ailleurs et non dénuée de fondement, par Claude Ribbe, historien, philosophe et écrivain, qui se consacre depuis des années à la réhabilitation du général Dumas et à lui rendre la place qu’il n’aurait jamais due quitter, à cause en partie d’un trublion corse. Par la faute également d’une guimbarde dont l’essieu se rompit et lui fit manquer de quelques heures un rendez-vous crucial pour la suite de sa carrière.

Thomas Alexandre Davy de la Pailleterie est né des amours d’un nobliau normand parti chercher fortune à Saint-Domingue et de Césette, une esclave noire, sa concubine. Son père héritant du manoir familial de Bielleville-en-Caux, le jeune Alexandre le rejoindra quelques mois plus tard à l’âge de treize ans, après avoir été vendu comme esclave à Port au Prince puis racheté par son père qui avait réuni les fonds suffisants pour cette transaction. Quelques années plus Alexandre devenu Dumas, ce nom pouvant être la francisation du nom de sa mère, il s’engage dans l’armée, dans le régiment des Dragons de la Reine. Après avoir végété quelques années il obtiendra ses premiers galons grâce à une prouesse digne des mousquetaires lors d’un combat dans l’armée du Nord. Ce sera le début d’une carrière qui se terminera par le grade de Général, lui qui était surnommé L’Américain, mais en coulisse et surtout par Bonaparte et ses affiliés, le Mulâtre. Bonaparte qui servira sous ses ordres dans l’armée d’Italie mais qui usant de ses relations saura se mettre en avant et n’aura de cesse d’éliminer un concurrent dangereux.

Au delà de cette page d’histoire, trop méconnue, les livres d’histoire détournant la réalité sur certains événements comme la fausse bravoure du général corse au pont d’Arcole, Claude Ribbe rétablit la vérité sur le soi-disant grand homme de plus en plus contesté et qui doit surtout sa notoriété à Adolphe Thiers. Seulement ce mythe est ancré dans les mémoires populaires qui oublient trop souvent que Bonaparte, lorsqu’il fut au pouvoir, rétabli l’esclavage et le Code Noir.

Claude Ribbe ne peut s’empêcher également d’établir un parallèle avec la mentalité encore existante et l’emploi toujours actuel de mots sinon dégradants du moins humiliants comme mulâtre, quarteron, octavon et autres, et d’actes contraires aux droits de l’homme. Cette biographie écrite d’une plume alerte se base sur des documents irréfutables, lettres, documents d’archives, souvent passés sous silence par les bonapartistes, ou inédits comme le rapport établi par le général Dumas destiné au gouvernement français sur sa captivité à Tarente et à Brindisi, ports du royaume de Naples, captivité qui dura plus de deux ans à cause de la haine de Bonaparte à son encontre.

Claude RIBBE : Le diable noir. Editions Alphée/Jean-Paul Bertrand. 235 pages. 19,90€. Décembre 2008.

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