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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 11:57

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Depuis son enlèvement et sa longue séquestration, Annie ne va pas bien. Pas bien du tout même. Elle a rencontré plusieurs psys mais leur façon de procéder la rebutait, l’enfonçait dans sa déprime. Quatre mois après son évasion, elle décide, peut-être en dernier recours, de s’adresser à une thérapeute féminine, et dès le premier abord elle se sent en confiance. Son aventure est connue de tous mais afin de pouvoir se reconstruire, mentalement et physiquement, elle va la narrer au cours de séances qui se déclinent comme autant de chapitres.

Agent immobilier sur l’île de Vancouver, âgée de trente-deux ans, Annie O’Sullivan vient encore de se disputer au téléphone avec sa mère. Un incident de plus car depuis l’accident qui a coûté la vie à son père et sa sœur aînée, alors qu’elle n’avait que douze ans, entre Annie et sa mère les accrochages sont nombreux. De plus, malgré un nouveau mari, sa mère se remonte le moral à l’aide de bouteilles de vodka. Et ce ne sont pas les relations tumultueuses et empreintes de jalousie entre sa mère et tante Val qui arrangent les choses. Que dire aussi de l’oncle Dwight qui végète depuis des années en prison pour diverses délinquances. Annie doit retrouver pour la soirée son petit ami Luc. Et dans son entourage gravitent Christina, son amie d’enfance, elle aussi agent immobilier dans une grande structure et surtout sa chienne Emma.

Annie s’apprête à remballer ses affaires, la journée portes ouvertes finissant, lorsqu’un homme s’introduit dans la maison qu’elle doit faire visiter à d’éventuels clients. Il a l’air affable, le sourire enjôleur, dit se prénommer David, et se montre fort intéressé. Seulement au moment de sortir il braque dans son dos un revolver et l’oblige à se coucher dans sa camionnette. Il lui injecte avec une seringue un produit dans la cuisse et voici Annie transportée au pays du sommeil.

Lorsqu’elle se réveille elle est dans une cabane, et tout est bouclé. Les volets sont fermés, les tiroirs fermés avec des cadenas. Elle est séquestrée et Le Monstre comme elle le surnomme n’est plus l’aimable éventuel client. Bipolaire il se braque pour un rien, tout à tour gentil puis brutal, tendre puis violent. Il connait beaucoup de choses sur Annie, ses drames familiaux et possède une photo d’elle. Surtout il l’oblige à observer, à respecter des rituels qu’il a édicté et qui sont parfois dégradants. Manger, se laver, uriner ou déféquer à heures fixes et régulières. Et puis il la viole, dans l’espoir lui affirme-t-il d’avoir un enfant. Ce n’est que lors de leurs relations, qu’Annie accepte à contrecœur en ayant l’espoir d’améliorer sa situation et de l’amadouer, qu’il ne se montre pas sadique et agressif.

Mais lorsqu’elle parvient à s’évader, elle se trouve plongée dans un autre univers qui l’enferme dans la parano. Les journalistes, les producteurs de cinéma la harcèlent. Ses relations avec Luc, avec Christina ont évolué. Ses rapports avec sa mère sont toujours aussi tumultueux. Seule sa chienne Emma lui démontre sa fidélité, sa joie de la revoir, lui apporte le secours moral dont elle besoin. Il lui faut se reconstruire, oublier les rituels imposés.

 

Le lecteur participe en spectateur attentif aux séances chez la psy, chaque chapitre correspondant à une séance et comme la thérapeute se trouve en retrait. Comme une confession qui alterne passé et présent, où le sordide, le pathétique, l’émouvant, la colère se chevauchent, une séquence en expliquant une autre. Tous les personnages qui composent ce drame, ce mélodrame devrais-je dire, recèlent tous une fracture familiale qui influe sur leurs caractères, leurs comportements et leurs décisions. Un roman bouleversant, trop parfois car on a l’impression d’assister à une accumulation d’aspects aux traits par trop appuyés destinés à marquer le lecteur.

La force de Chevy Stevens, elle-même agent immobilier sur l’île de Vancouver, est de monter une intrigue à l’engrenage implacable, sans s’étendre justement sur ce qu’elle connait, sur son métier, sur le décor, s’attachant à être l’unique narratrice du roman, comme si elle était la première concernée, comme si elle racontait sa propre histoire.


Chevy STEVENS : Séquestrée. (Stille Missing – 2010. Traduit de l’américain  par Sébastien Danchin. Réédition des éditions de l’Archipel. Réédition de La Cabane de l’enfer, éditions France Loisirs). Editions Pocket. Collection Thriller/Policier. 384 pages. 7,20€.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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