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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 09:14

Ce n’est vraiment pas de veine !

 

stevens.jpg


Tous les enfants adoptés ressentent à un moment ou un autre le besoin de connaitre l’identité de leur mère naturelle et par voie de conséquence de leur géniteur.

Sara Gallagher, trente-quatre ans, une fille de six ans, Ally, et un fiancé, Evan, n’échappe pas à la règle. Elle a toujours su qu’elle avait été adoptée, et avec ses parents adoptifs, de nombreux accrochages ont perturbé son enfance. Surtout avec son père, sa mère atteinte de la maladie de Crohn étant trop souvent alitée. Et alors qu’ils ne pouvaient théoriquement avoir d’enfants, deux petites filles, Mélanie et Lauren, sont nées après son arrivée au foyer. Seulement elle a eu l’impression d’être rejetée, et Mélanie trouvait toujours le moyen de se montrer injuste à son encontre.

Evan dirige un camp de pêche sur la côte de l’ile de Vancouver et il ne rentre qu’une fois par semaine environ à Nanaimo. Sara répare des meubles chez elle et sa vie la satisfait ainsi. Le mariage est programmé dans quelques mois et il faut penser à tous les préparatifs, cependant son obsession la guide. C’est en farfouillant sur Internet qu’elle retrouve sa mère naturelle, Julia Laroche, enseignante en histoire de l’art à l’université de Victoria.

Sa mère naturelle ne veut pas entendre parler de Sara, qui malgré tout la rencontre chez elle. Elle reçoit une fin de non recevoir, Julia Laroche bottant en touche, affirmant qu’elle a rencontré son père lors d’une fête. Sara décide de ne pas en rester là. Elle engage un détective privé, un ancien policier ce qui est pour elle une référence de sérieux. Mais ce qu’elle apprend est loin d’un conte de fée. Elle est la fille du Tueur des campings !

 

En réalité Julia Laroche se nomme Karen Christianson et elle est la seule victime du tueur à lui avoir échappé. Le tueur des campings, car tous ses méfaits ont été émis dans un camping de la Colombie britannique. Au total une quinzaine de jeunes femmes ont été agressées, violées puis tuées, mais une trentaine de personnes ont été trucidées, car elles étaient accompagnées d’un petit ami ou d’un membre de leur famille. Ce que l’on appelle les dommages collatéraux. A peine remise de cette annonce, elle découvre que des forums sur Internet se sont emparés de cette affaire. Pourtant ses parents adoptifs, qu’elle continue d’appeler Papa et Maman, ainsi que ses sœurs, avaient promis de ne rien dévoiler. Cela la déboussole complètement et des crises de migraine, migraines auxquelles elle est sujette assez fréquemment, la submergent.

C’est encore pis lorsqu’elle reçoit un appel téléphonique de celui qui se revendique comme le Tueur des Campings et qu’il l’appelle Ma fille. Il se permet même de lui envoyer des bricoles. Au début un rabot, accessoire utile pour la rénovation des meubles qu’elle effectue pour le compte de particuliers amateurs d’antiquités. Elle n’y tient plus. Elle demande protection auprès des autorités et deux agents de la police montée viennent enquêter chez elle. Sandy, qu’elle n’apprécie pas beaucoup, et Billie, qui s’avère être un homme charmant, compréhensif. Une proximité qui ne plait guère à Evan, lequel lui demande de tout arrêter. Mais est-elle vraiment maitresse de son destin ? Elle se trouve prise dans un engrenage infernal qui pourrait être fatal à son mariage et pourquoi pas à sa vie, à celle de sa fille Ally qui se montre de plus en plus tyrannique, et même à Moose, son bulldog, auquel elle tient particulièrement.

 

stevens2-copie-1.jpgLe récit est décliné en vingt cinq séances de psychothérapie dont les trois dernières sont des séances de rattrapage. Entièrement écrit à la première personne du singulier, Sara s’adressant à Nathalie sa psychiatre, ce roman permet au lecteur de suivre pas à pas, en quelques semaines, les affres ressenties par Sara, sans avoir une vision extérieure de ce qu’elle peut ressentir. Le malaise, la peur, les inquiétudes, les moments d’abattement, les conflits avec Ally, Evan, ses parents adoptifs, ses sœurs et plus particulièrement Mélanie, ou encore la policière, sont décrits avec conviction. Le lecteur partage ses sentiments, ce refus d’abdiquer, cette envie de connaitre ce père, de le raisonner, de le manipuler, de comprendre ses motivations, de tenter qu’il ne recommence pas une nouvelle fois, de suivre, par les déclarations de Sara, l’enquête de Sandy et de Billie. Enquête qui débouche souvent dans des impasses avec des rendez-vous manqués. Le lecteur en même temps découvre le caractère souvent vindicatif de Sara, qui a bousculé Derek, le père d’Ally, dans les escaliers avant la naissance de leur fille. Derek qui s’est tué dans un accident. Ce qui n’a pas assagit Sara qui peut se montrer violente, agressive, tout comme sa fille, lorsque les personnes qui l’entourent ne se plient pas à sa volonté. Sauf devant son père adoptif qui sait la juguler. Mais Sara n’est pas foncièrement méchante, elle s’emporte rapidement, elle est soupe au lait comme on dit. Et c’est l’un des points forts de ce roman, cette analyse d’elle-même effectuée auprès sa psychiatre, de savoir se remettre en cause elle-même, même si elle n’en convient parfois que du bout des lèvres.

Si Séquestrée était un premier roman fort, celui-ci l’est plus encore, reprenant le même système de narration, avec toujours cette progression dans la frayeur, l’angoisse, la terreur même, ressenties par une femme qui se trouve aux abois. Un roman abouti qui marque les esprits, tant par le ton donné à la narration, par cette recherche qui devient un fardeau, que par les conflits familiaux engendrés.


Chevy STEVENS : Il coule aussi dans tes veines (Never Knowing – 2011 ; traduction de Sebastian Danchin). Première édition : Editions de l’Archipel - Janvier 2013. Réédition Pocket Thriller. Parution le 13mars 2014. 478 pages. 8,10€.

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commentaires

A
Séquestrée m'avait un peu déçue.
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O
<br /> <br /> J'avais préféré Séquestrée à celui-ci car pour moi, c'était une découverte. En ce moment je suis en train de lire Des yeux dans la nuit, différent même s'il y a une psy comme personnage<br /> principal.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
c'est rare, c'est même très rare pour être signalé, mais pour une fois, je ne partage pas ton avis mon cher Paul et pour le coup j'ai un avis très tranché. Ce roman m'a ennuyé au possible, je<br /> trouve que ce livre n'est que le ressassé du précédent, utilisant comme tu l'as dit , exactement le même procédé narratif que pour " séquestrée". Les ficelles étaient vraiment trop grosses pour que<br /> j'accorde la moindre crédibilité à ce livre.un livre que j'ai refermé avec un ouf de soulagement d'en avoir terminé avec lui :) Du coup son dernier, je ne suis pas tenté de le lire. Bon, j'espère<br /> que tu m'en voudras pas trop d'avoir, pour une fois, un avis divergeant au tien et que mon Oncle préféré me gardera parmi les siens :) Amitiés
Répondre
O
<br /> <br /> Mon cher Bruno,<br /> <br /> <br /> Chacun de nous possède ses visions quant à un texte, et donc je respecte ton avis. Je vais bientôt me plonger dans son nouveau roman, et je verrais bien si Chevy Stevens emploie toujours les<br /> mêmes ficelles. Alors je te donne rendez-vous bientôt pour confirmer ou infirmer ton jugement.<br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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