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Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !

Charles EXBRAYAT : Les blondes et papa.

Laissez faire les enfants, ils sont plus matures que vous le pensez...

 

exbrayat.jpg


Veuf depuis quelques années, élevant seul, ou presque, sa fille Buddug âgée de douze ans, Ianto Morgan est comptable dans la petite ville de Brecon, au pied des Brecon Valleys du Pays de Galle. Il est fort apprécié de ses patrons ainsi que d'une grande partie de la population. Mrs Gwaldus Jenkins, la femme du constable, s'occupe du ménage et accessoirement de Buddug.

Tout irait donc pour le mieux pour Morgan, à part qu'il pense souvent à sa femme disparue, ce qui est normal, mais Buddug est inquiète. Mature et candide à la fois, la gamine s'est aperçue que son père perd ses esprits et ses moyens lorsqu'il est au contact d'une femme blonde. Elle ne voit pas d'inconvénient à ce qu'il se remarie, mas elle a déjà choisi l'heureuse élue. Ce sera la mère de son jeune fiancé Caradog, veuve elle aussi. D'ailleurs selon certains signes non trompeurs, Meredid Price serait amoureuse de Morgan.

Morgan annonce à sa fille qu'il doit se rendre à Cardiff pour affaires mais elle se doute d'un coup fourré. La semaine précédente il s'était déjà rendu dans cette ville et là il l'informe qu'il va peut-être y passer la nuit, et ne rentrer que le lendemain samedi. Il aurait mieux fait de s'abstenir car en effet il a rendez-vous avec une blonde qu'il a rencontré près des docks. Elle semblait triste et probablement prête à se jeter à l'eau. Il l'avait réconfortée puis ils s'étaient promis de se revoir.

Catrin Hughes avait affirmé attendre un homme qui n'est pas venu. Elle est mariée mais son ménage est fragile. Son mari, banquier, est parti comme souvent le week-end à une partie de golf, et elle est seule. Morgan est donc tout guilleret de la retrouver et elle l'invite chez elle. Ils prennent un verre ensemble, ils discutent, puis Catrin s'active dans la cuisine. Elle demande à Morgan d'aller lui chercher quelque chose dans l'entrée et c'est le drame. Elle se demande pourquoi Ianto ne revient pas. et se rend dans le hall.

Ianto contemple un cadavre allongé à ses pieds, un chandelier à la main. Le cadavre est le mari de Catrin rentré à l'improviste. Naturellement Ianto est suspecté de meurtre malgré ses dénégations et c'est le capitaine Griffiths, aidé plus ou moins volontiers du sergent Andreas Pantrych, qui est chargé de résoudre l'enquête. Aussitôt prévenue, Buddug en informe son ami Caradog. Ils décident de se rendre à Cardiff et de solliciter l'aide de tante Sioned, célibataire, sœur de Meredid. Peut-être est-ce parce qu'elle ne s'est jamais mariée que tante Sioned possède autant de vitalité car c'est le double d'Imogène McCarthery, autre personnage haut en couleurs de Charles Exbrayat. Tante Sioned n'hésite pas à prêter main forte aux deux gamins. Et quand j'écris main forte, il ne s'agit pas d'une simple image de rhétorique.

Véritable force de la nature, Sioned mesure un mètre quatre-vingts pour près de cent-dix kilos. Elle ne passe pas inaperçue, et comme son ramage est aussi conséquent que son plumage, tout policier qu'il soit Griffith est obligé de l'écouter argumenter et même vitupérer. Mais ce n'est pas le tout de déclarer Ianto Morgan innocent, il faut en apporter la preuve en découvrant l'identité du véritable coupable.

Plus que l'intrigue, pourtant rondement menée et qui ne souffre d'aucun défaut, par exemple un coupable sorti d'un chapeau d'illusionniste, ce sont les à-côté et les personnages qui donnent du relief à cette histoire.

Ianto Morgan, un homme quelque peu déboussolé depuis la mort de sa femme et qui se laisse mener par le bout du nez par les blondes; Meredid, la jolie veuve brune qui n'ose déclarer sa flamme à Ianto; Pantrych qui ne compte plus ses succès féminins, qui ne veut pas se marier mais s'est entiché de Mably Donkey. Il lui donne rendez-vous qu'il ne peut honorer, son supérieur Griffith l'envoyant toujours rendre quelque visite à un suspect ou témoin, poursuivre une piste, et Mably pour se venger n'hésite pas à pratiquer le chantage de la jalousie. Griffith balance entre sa satisfaction d'avoir un présumé coupable sous la main tout en se posant quelques questions, notamment comment il se fait que le chandelier incriminé ne porte que les empreintes digitales de Ianto. Et quand il n'avance pas dans une affaire, il a recours à sa bouteille de whisky qu'il garde précieusement sous clé dans un tiroir.

exbrayat2.jpgMais les trois piliers de cette histoire sont naturellement tante Sioned, qui outre sa force n'hésite pas à se servir de sa lange, démontant toutes les arguties des uns et des autres. Caradog et Buddug, malgré leur jeune âge s'aiment et se comportent presque comme des adultes, se fâchant pour une peccadille et se rabibochant immédiatement. Matures et à la fois naïfs et candides ils apportent leur fraîcheur à ce récit. Buddug regrette que l'on ne sache pas de quelle couleur étaient les cheveux d'Eve "parce que si elle était blonde cela expliquerait bien des choses". D'ailleurs Charles Exbrayat mettra souvent en scène des enfants dans ses romans. Quant aux autres protagonistes, je vous laisse les découvrir par vous-même.

Ce roman humoristique, tout autant par les scènes d'action que par les dialogues, semble défier le temps. Une écriture plaisante, fine, dénuée de vulgarité, ce qui explique le succès jamais démenti des romans de Charles Exbrayat tout autant par les amateurs de romans policiers que par les tenants de littérature dite généraliste.


Yv a aussi beaucoup aimé Les Blondes et papa et l'a chroniqué sur son blog intitulé tout simplement  Le Blog de Yv.


Charles EXBRAYAT : Les blondes et papa. Le Masque Poche N°36 (Première édition Le Masque N° 727. Librairie des Champs Elysées - 1961). Parution 14 janvier 2014. 288 pages. 6,60€.

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Y
Salut Paul,<br /> Ah oui, je me suis marré et régalé en le lisant, ça m'a rappelé mes souvenirs de jeunesse lorsque je lisais du Exbrayat à tour de bras, et ma fille a aimé aussi, c'est dire qu'il n'est pas démodé<br /> et qu'on peut encore le lire de nos jours.<br /> Amicalement
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O
<br /> <br /> Bonjour Yv,<br /> <br /> <br /> Moi aussi cela m'a ramené au début des années 70 lorsque je quittai un Exbrayat pour un autre Exbrayat... Je vais bientôt me pencher sur Vous souvenez vous de Paco... Tout un programme.<br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> <br />
C
Salut Paul<br /> Tous les romans d'Exbrayat sont de bons souvenirs. Celui-là en fait partie ! Amitiés.
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O
<br /> <br /> C'est vrai Claude et je compte bien ne pas m'arrêter là car ce sont des bouffées de fraîcheur<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />