Bon anniversaire à Andrea Camilleri né le 6 septembre 1925.
Deux éboueurs, Pino et Saro, découvrent l’ingénieur Luparello mort dans sa voiture. Peu avant Saro avait trouvé un pendentif incrusté de diamants. Ils préviennent Rizzo, avocat et meilleur ami du défunt, qui leur conseille de prévenir la police. Un accident cardiaque selon les premières conclusions suite à une relation sexuelle.
Le genre de truc qui peut arriver à tout le monde, sauf que tout le monde ne meurt en se garant près d’une plage, au bout d’un chemin quasi inaccessible, le pantalon baissé sur les genoux. Luparello était le gourou du député. Et sans lui, le député Cusumano n’est plus rien.
Le rapport d’autopsie confirme les premières supputations mais Montalbano est perplexe : la voiture n’aurait pu théoriquement se trouver là où elle gisait. Il subodore une machination politique mais doit marcher sur des œufs. Son ami Gegé, copain d’école devenu marginal, lui révèle que des prostituées ont aperçu la veille Luparello en compagnie d’une blonde inconnue du quartier. Puis il apprend que quelqu’un recherche un pendentif de valeur perdu à proximité du lieu où a été découvert Luparello.
Il interroge Pino et Saro, se fait remettre le bijou et sous couvert du secret se confie à Jacomuzzi, un de ses collègues. Lequel prévient immédiatement Rizzo qui possède une excuse valable concernant le pendentif qui appartiendrait à la femme de Cardamone, fils du rival politique de Luparello. Zito , journaliste, lui fournit de précieuses informations sur le fils Cardamone, un bon à rien, et sur Ingrid, sa femme, suédoise, qui le cocufie avec tous les hommes à sa portée dont son beau-père.
Ratissant l’endroit où à été retrouvé le bijou, Montalbano découvre le sac à main d’Ingrid. La veuve de Luparello est persuadée que son mari ne se serait jamais compromis avec une prostituée et qu’il s’agit d’un crime politique. Elle possède une preuve irréfutable. Seul Giorgio, le neveu de Luparello, semble est véritablement attristé. Dans la maisonnette qui servait de garçonnière à l’ingénieur, Montalbano remarque des objets et cassettes à but sexuel, des perruques et des vêtements féminins.
Malgré un a priori sur le tapage médiatique concernant la sortie de ce livre et sur l’auteur, une jaquette de couverture qui fait penser à une énième histoire sur la Mafia, dès les premières pages le charme a opéré, le fameux charme latin peut-être. L’histoire pas si banale que ça, et l’écriture, la puissance du verbe, la puissance d’évocation dans la narration envoûtent le lecteur.
Le rythme est soutenu et surtout on échappe à ce qui devient le point commun, banal des crimes à l’italienne, le fantôme de la Mafia, même si celui-ci plane dans l’esprit des policiers. L’histoire se passe en Sicile, ne l’oublions pas. Montalbano est un policier humaniste, qui aime la bonne chère, les femmes mais ne profite pas des bonnes fortunes qui lui tombent du ciel dans le lit.
C’est un homme entre Maigret et Carvalho, sympathique, qui aime son métier sans pour cela jouer de la gâchette à tout va.
CAMILLERI Andrea : La forme de l’eau (trad. italien : Serge Quadruppani avec l’aide de Maruzza Loria. Préface de SergeQuadruppani. Première édition Fleuve Noir 1998, Noirs N°49). Réédition Pocket Février 2004. 256 pages. 5,70€.