Petit avertissement à l’attention des parents qui surveillent les lectures de leur progéniture et qui seraient interloqués par le titre. Aucune corrélation avec un trait de poudre de cacao sur une table ou un comptoir, à déguster avec une paille puisée dans une menthe à l’eau. Quoique le chocolat soit, parait-il, un euphorisant énergétique. Non, il s’agit tout simplement de l’appellation d’une ligne de bus londonienne, le réseau n’étant pas numéroté mais désigné par des couleurs. Du moins en cette fin de XIXème siècle. Cette petite précision étant apportée, plongeons-nous maintenant dans l’intrigue qui a pour héros Wiggins, le gamin de quinze ans qui assiste Sherlock Holmes lorsque le détective a besoin de ses qualités juvéniles d’observation, de diligence, d’indépendance et ses capacités à pouvoir surveiller un quidam sans se faire repérer.
En ce mois de novembre 1889, le début de l’hiver est rude, peut-être plus à Whitechapel que partout ailleurs à Londres. Le dimanche, Wiggins a l’habitude de se rendre chez le comte de Brazenduke pour rendre visite à sa mère qui est employée comme aide-cuisinière. Ce jour-là, la mère de Wiggins est dans tous ses états. Des objets disparaissent, successivement une carafe à porto, un service à découper le gigot en argent et dernièrement la marquise de la comtesse, une énorme bague de grande valeur. Et comme elle est la dernière arrivée, elle est immédiatement soupçonnée. D’autant que Marjorie, la fille de la maison, affirme l’avoir vue traîner dans les étages. En réalité le comte et la comtesse ont deux enfants, un garçon, Charles, et Marjorie. Mais elle ne sait pas ce qui est arrivé à Charles, car contrairement à sa sœur, il ne vit plus chez ses parents. Il est interdit d’en parler. Peut-être est-il décédé ?
La mère de Wiggins pense que Marjorie a probablement quelque chose à cacher, d’autant qu’elle l’a vue discuter avec un jeune homme à l’allure pas vraiment franche dans une ruelle sise derrière l’hôtel particulier des Brazenduke. Alors Wiggins se met à suivre Marjorie dans ses divers déplacements, ce qui n’est pas facile, mais pour sa mère il ne compte pas sa peine. C’est ainsi qu’il aperçoit la jeune femme qui s’engouffre dans une maison située dans un quartier sinistre. Il se faufile dans l’habitation et remarque qu’elle discute avec trois hommes d’allure patibulaire et qu’il surnomme immédiatement Gueule de Bronze, Porcinet et Jacky, en référence à Jack L’éventreur. Il écoute leur conversation, regarde attentivement un plan que l’un des hommes vient de tracer sur la porte d’un placard, et apprend qu’ils doivent se retrouver sur la ligne chocolat.
Wiggins ne peut raisonnablement pas résoudre cette affaire seul et il narre à Sherlock Holmes les événements auxquels il vient d’être confronté. Le détective prend au sérieux ce que lui raconte Wiggins, mais pas forcément dans l’optique de celui-ci. Autre chose le turlupine, la date du rendez-vous notamment.
Une enquête mouvementée pour Wiggins mais surtout qui démontre que de petits riens peuvent se transformer en grands effets. Et sans le savoir il va aider Sherlock Holmes à déjouer des projets beaucoup plus graves qu’un simple vol. Une lecture agréable, fluide, qui respecte le Canon holmésien et en conclusion une histoire détonante. Un livre pour enfants qui donne envie de lire… aux adultes !
Vous pouvez retrouver mon portrait de Béatrice Nicodème ici ainsi que la première aventure de Wiggins : Wiggins et le perroquet muet.
Béatrice NICODEME : Wiggins et la ligne chocolat. Editions Syros, collection Souris Noire. 94 pages. 5€. Première édition 1995.