Lestat faire !
Lestat de Liancourt est le benjamin d’une famille de hobereaux auvergnats. Il n’a pas vingt ans lorsqu’il extermine seul une horde de loups qui terrorisent le village. Ce coup d’éclat, s’il ne rehausse pas son prestige familial, permet à Lestat de faire la connaissance de Nicolas, le fils d’un bourgeois local.
Tous deux décident de tenter leur chance à Paris, surtout Lestat qui est en proie au virus du théâtre et rêve de monter sur les planches. Et c’est lors d’une représentation théâtrale que Lestat est remarqué par un individu qui le vampirise. Mais Lestat, devenu vampire à son tour, ne peut ni ne veut se subordonner à certaines règles, à certaines lois non écrites, à certaines conventions tacites du monde des non-vivants, des immortels.
Anarchiste, libertaire, anticonformiste, impie, Lestat déroge aux règles, déroge et dérange. Sa jeunesse, sa fougue, son enthousiasme, sa témérité l’entraînent dans des péripéties innombrables qui du Paris prérévolutionnaire le conduiront à Alexandrie.
Nous découvrons Lestat alors qu’il se réveille d’une longue léthargie réparatrice en 1984 à La Nouvelle-Orléans. Devenu leader d’un groupe de rock, il décide d’écrire sa biographie, nouvelle transgression au code moral des vampires. Ce récit des aventures de Lestat conduit le lecteur dans Paris à l’aube de la révolution de 1789 jusqu’en Egypte en passant par la Grèce et même la Bretagne druidique.
Roman admirable que nous propose Anne Rice et qui a connu plusieurs rééditions. Ce roman écrit au XXe siècle, concernant des aventures se déroulant en grande partie au XVIIIe possède des accents fortement teintés du romantisme, du lyrisme de ces romans dits gothiques propres au XIXe siècle. Le bibliophage, l’amateur de littérature fantastique se doit de réserver à ce roman une place de choix dans sa bibliothèque et le placer en évidence près des romans de Paul Féval, La vampire ou encore La chambre des amours, ou d’Alexandre Dumas, je pense plus particulièrement à ce merveilleux roman qu’est Le château d’Eppstein.
A mon humble avis, Lestat le vampire mérite de devenir l’un des classiques indémodables de la littérature fantastique.
Pour terminer je vous propose de méditer cette phrase extraite de l’un des dialogues de ce roman :
Tu viens d’avancer le plus vieil argument de la chrétienté : le Mal existe pour que nous puissions lutter contre lui et faire le Bien.
Anne RICE : Lestat le Vampire. (Première édition collection Spécial Fantastique, Albin Michel, 1988. Traduction Béatrice Vierne). Editions Pocket. 608 pages. 7,80€.