Agressée en sortant de chez elle, kidnappée puis relâchée au bout de quelques heures sans que son agresseur, caressant et relativement à ses petits soins, l’ait violée ou maltraitée, Véronique Legat a déposée plainte. Le P.V. a atterri sur le bureau de Jeannette, officier de police à la brigade criminelle et adjointe du commissaire Martin, et n’est pas classé sans suite. Au contraire, Jeannette recherche si des affaires similaires se sont déroulées les années précédentes, et relève six disparitions de femmes qui non seulement n’ont jamais été élucidées, mais n’ont fait l’objet d’aucunes enquêtes sérieuses. Elles avaient un point commun, elles étaient toutes blondes. Cela s’arrête là. Mariées ou célibataires, mères de famille ou non, elles vivaient à des centaines de kilomètres ‘les unes des autres. Les disparitions ont eu lieu dans des intervalles de huit à neuf mois environ, sauf une fois où il s’est déroulé un intervalle de près de quinze mois. Jeannette pense qu’un incident a pu se produire obligeant l’agresseur à prendre quelques précautions, ou se faire oublier. La première disparue habitait non loin de Bordeaux, et son mari, Roland Liéport, médecin généraliste, exerce toujours tout en élevant sa fillette. Selon ses déclarations, sa femme n’avait plus donné de nouvelles depuis le 5 janvier 2002, et n’avait laissé aucun message, oubliant même son sac à main. Martin décide d’aller enquêter sur place en compagnie de Jeannette, et rencontre le toubib qui répond volontiers aux questions. A part l'acquisition d’un bateau d’une valeur conséquente, mais Liéport l’avait acheté en partie grâce à un héritage bien venu. La deuxième disparue, Anna divorcée sans enfant, vivait à Nice. La troisième, Sandrine, vivait en Alsace avec un mari kinésithérapeute. Le kiné a déménagé et vit actuellement à Paris, avec sa nouvelle femme Isabel. Et c’est ainsi que les deux policiers vont remonter peu à peu les pistes des victimes, avec quelques petites joies mais aussi de grosses désillusions et des accrocs qui ont une incidence ou non sur l’enquête en cours.
Il n’y a guère qu’en littérature que les représentants des forces de l’ordre soient sympathiques et cet opus ne déroge pas à la règle. Les deux policiers sont tous deux divorcés ou séparés de leur conjoint respectifs, possèdent chacun un enfant et connaissent tous deux de nombreux problèmes parentaux et familiaux, parfois difficiles à résoudre. Et, mimétisme ambiant, il est à noter que la plupart des victimes elles aussi étaient divorcées et avaient des enfants. Donc à la clé des difficultés pour assumer leur fonction de mère ou de père lorsque la mère n’est plus. Mais Alexis Lecaye, qui jusqu’à peu était trop peu présent sur les étals des libraires, la série télévisée Julie Lescaut obligeant, sait mener le lecteur par le bout du nez et le conduire là où il veut, semant par ci par là des indices qui se révèlent erronés ou fictifs. Et il serait bon qu’une maison d’édition réédite sa série du Croque-mort parue sous le pseudo d’Alexandre Terrel.
Vous pouvez également retrouver mon entretien avec Alexis Lecaye ainsi que des chroniques sur Dame de trèfle et Loup y es-tu ?
Alexis LECAYE : Dame de carreau. Editions du Masque. Réédition Le Masque Jaune. 460 pages. 6,60€.