Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
A bicyclette
Nous étions quelques bons copains…
Deux couples en promenade s’apprêtent à se restaurer dans un établissement du Bois de Boulogne. Les deux hommes comparent leurs montures, en tout bien tout honneur. En effet ils sont arrivés, ainsi que leurs compagnes, en bicyclette, et ils s’extasient devant l’étroitesse des pédaliers, la rigidité des cadres, et autres détails concernant ce moyen moderne permettant de se déplacer partout.
Il est vrai qu’en cette année 1898, la technologie a beaucoup progressé et les bicyclettes sont devenues plus légères, plus maniables et fort agréables à enfourcher.
Les deux couples sont composés de Guillaume d’Arjols et de sa femme Madeleine ainsi que de Pascal Fauvières et de son épouse Régine. Des éléments si dissemblables que l’on se demande comment ils ont pu se marier ou tout simplement se prendre d’amitié.
Au bout d’une année de mariage, Guillaume a repris son habitude de fréquenter les couloirs de théâtres et les boudoirs d’accès facile, n’ayant pas honte d’afficher ses maîtresses. Madeleine est assiégée par les hommes, et elle accueille favorablement leurs hommages. Pour autant elle reste sage, étant d’une nature équilibrée.
Pascal lui est du genre mutique, voire taiseux, sauf lorsqu’un sujet le passionne et dans ce cas il peut être prolixe. Régine est plus gamine et enjouée, alerte et bavarde.
Les deux hommes se sont connus par leurs femmes qui étaient amies de pension.
Comme ils doivent se rendre à Dieppe quelques jours après, pourquoi ne pas y aller à bicyclette, propose Guillaume. C’est un long voyage, mais ils iraient en train jusqu’à Rouen, puis dans la cité portuaire avec leurs vélos, ce qui ne leur prendrait que deux jours. L’idée est adoptée, et les préparatifs achevés, bon voyage Monsieur du mollet…
Puis, comme il fait beau, pourquoi ne pas continuer et visiter la Normandie par petites étapes. Mais bientôt des affinités se créent entre les différents partenaires des deux couples. C’est ainsi que la pétulante Régine est plus souvent en selle aux côtés de Guillaume, tandis que la réservée Madeleine appuie volontiers sur les pédales en compagnie de Pascal.
Et un jour, à l’embranchement de deux chemins, les deux groupes se séparent, volontairement ou non, peu importe, et qu’ils continuent leur périple en couples séparés.
Ce court roman est une ode à la nature normande, traversant les cinq départements, mais également un éloge aux bienfaits de la promenade à bicyclette, et naturellement une charmante histoire d’amour qui se développe peu à peu en cours de route.
L’auteur s’attache plus aux pérégrinations de Pascal et Madeleine, laissant Guillaume et Régine batifoler de leurs côtés. Et cet amour naissant surprend ce nouveau couple de vélocipédistes, mais avec pudeur. On est loin du temps où l’on couche d’abord puis échange les prénoms après. C’est tout doucement que les liens se créent, avec des hésitations de part et d’autre, des rougeurs et des pâleurs lors des discussions, des aveux à moitié émis, des baisers chastes volés, et ainsi de suite.
Parfois il règne comme un nuage de libertinage, comme lorsque Madeleine afin de profiter du soleil pédale buste nu, mais cela ne va pas bien loin. Tout est pudiquement décrit, en retenue, contrairement au très érotique roman que Maurice Leblanc écrira plus tard sous le titre Le scandale du Gazon bleu et publié en 1935.
Maurice LEBLANC : Le scandale du Gazon bleu. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Pas de Lupin mais un roman coquin ! Les deux jeunes femmes nues dansaient toujours, harmonieuses, gracieuses, impudiques. Les pointes de leurs gorges se frôlaient. Souples, elles se renversaient en
Vous pouvez également télécharger gratuitement, en toute légalité, ce roman sur le site de la Bibliothèque numérique romande :
Maurice LEBLANC : Voici des ailes. Editions Libretto. Parution 2 mai 2016. 128 pages. 7,70€. Première édition 1898.
ISBN : 978-2369142638
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