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15 septembre 2020 2 15 /09 /septembre /2020 03:55

Alexandrie
Alexandra
Alexandrie où l'amour danse au fond des draps…

Francis CARCO : Palace Egypte.

Labellisé sobrement Roman, cet ouvrage est surtout un récit de voyage, une histoire d’amour et une autobiographie romancée.

Au moment où cette histoire débute, le narrateur, qui n’est autre que Francis Carco, est installé dans un vieil hôtel opulent et bourgeois du Caire. Son ami Poloche, guide dans le pays depuis dix-huit ans, l’informe qu’il a obtenu des prix au Sémiramis, un établissement plus sélect, et surtout la chambre qu’il a réservée est avec vue sur le Nil.

En investissant sa nouvelle chambre, l’auteur s’aperçoit que son balcon est mitoyen avec la chambre voisine. Une ravissante jeune femme blonde l’occupe et une autre femme qui se tient dans la rue l’appelle par le prénom de Naïla. Un bien joli prénom, Poloche précisant que Naïla veut dire Soupirante en arabe. N’écoutant que son courage, Francis s’avance et lorgne dans la pièce où évolue cette charmante personne. Elle ne s’offusque pas de cette curiosité déplacée, au contraire, cela l’amuse de même ainsi que la brune qui l’a rejointe.

Naïla partage son lit avec Freddy, mais, et cela Francis l’entend de sa chambre, les deux amants se disputent souvent, se réconciliant après, en personnes bien élevées. Francis est attiré par cette femme, et il fait la connaissance de Freddy, un individu qu’il n’apprécie pas plus que cela. Grâce à Naïla, le narrateur fera connaissance également de Yasmine, cette amie brune qui hélait de la rue sa copine. Deux inséparables et Francis se demande même si, des fois, afin de changer d’herbage, les deux amies ne batifoleraient pas du côté de Lesbos.

Yasmine est mariée et elle change souvent d’amant. Elle n’en est plus à compter ses aventures. Mais comme le déclare Freddy, On ne lui avait jamais connu deux amants à la fois. Francis est attiré par Naïla mais bientôt c’est Yasmine qui la supplante dans son cœur. Il est invité chez l’une ou chez l’autre, il visite la ville et surtout les quartiers chauds, en compagnie la plupart du temps de Naïla, puis il se rend à Louxor puis à Alexandrie, retrouvant Yasmine de plus en plus souvent.

 

L’auteur nous fait partager ses aventures amoureuses platoniques avec Naïla et Yasmine, ses élans, ses retenues, mais également jette un œil critique sur la société égyptienne et la condition féminine. Il évolue dans les milieux huppés, et reçoit les confidences de Naïla et Yasmine. Les femmes égyptiennes étouffent, et à Yasmine qui déclare à une plantureuse et jolie créature : Tu as de la chance, ton mari te laisse partir, celle-ci lui rétorque :

Eh bien rends-toi malade. Ce n’est pas sorcier. Veux-tu l’adresse de mon docteur ? il te donnera des gouttes ou une potion…

Naïla, qui les écoutait, me dit :

Entendez-les. Toutes ne pensent qu’à s’enfuir. Chaque année, vers la fin de l’hiver, elles s’arrangent avec des médecins qui prescrivent une cure à Vittel, Vichy ou Brides. C’est une comédie !

Mais pourquoi ce besoin de départ, Naïla ?

Pour être libres ! Vous ne savez pas ce que c’est… Ici aucune indépendance. Tout se sait immédiatement. A moins d’avoir le toupet de la princesse qui a loué, dans la maison de son coiffeur, une garçonnière…

 

Cet état de fait, depuis ne s’est pas amélioré, au contraire ! Mais restons dans le sujet, ce livre, qui traite également de la drogue. Ainsi Naïla, qui se promène en compagnie de Yasmine, déclare à Francis lors de la visite d’un quartier :

On passait autrefois de la drogue par ici.

Quelle drogue ?

Haschich, opium, héroïne, coco.

Et maintenant ?

Oh ! on en a toujours.

Naïla, objecta timidement Yasmine, qu’en sais-tu ?

Il suffit de lire les rapports de Russel Pacha. Ils sont édifiants. Ainsi les trafiquants plaçaient les tablettes de haschich sous les touffes de poils de chameaux, et ils fixaient ces touffes à l’aide d’un peu de glu, entre la bosse et le flanc de la bête.

Un peu plus loin, Naïla dévoile de quelle façon les mercantis débarquent leur drogue :

Ils recourent à diverses méthodes. Certains utilisent des suppositoires que se mettent des gamins, à bord, avant de descendre. D’autres fraudeurs se servaient des jarretelles que portaient des jeunes filles complices.

 

Un livre intéressant à plus d’un titre, loin de l’univers argotique et montmartrois de Jésus la Caille, le premier roman de Francis Carco publié en 1914, mais dans lequel on retrouve certains thèmes, comme la prostitution. Et l’on ne peut s’empêcher de penser à Henry de Monfreid et à Joseph Kessel dans certains passages du livre.

Francis CARCO : Palace Egypte. Editions Albin Michel. Parution juillet 1933. 252 pages.

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