Avec la mer du Nord pour seul terrain vague…
Le soleil au bord de la Mer du Nord, ça existe. Du moins Alphonse Destrooper, surnommé Fonske, fabricant de boulettes à la sauce lapin à déguster avec des frites une fois et même plusieurs, Alphonse donc, accompagné de sa femme Josette et de ses deux enfants, Steven, qui doit son prénom à Steven Seagal, une lubie de la mère, et Lourdes, comme la fille à Madonna, autre lubie de Josette, le pense, l’espère. Direction Blankenberge.
Accrochée derrière la voiture, la caravane Wa-Wa, possession de la mémé qui est à l’intérieur. Un cas que cette mémé, appelée Mémé Cornemuse à cause de son faible envers les Ecossais qui ne portent pas de culotte. Son phantasme à elle.
Josette est longue à se préparer car elle tient à faire impression aux nombreux touristes, qui ne vont peut-être pas se déplacer jusqu’à Blankenberge, et c’est attifée d’un immense chapeau de paille qu’elle s’installe dans le véhicule. Pendant ce temps les deux adolescents sont occupés, surtout Steven, à tripoter une caméra et ils espèrent bien pouvoir ramener de leur séjour un petit film sympathique.
Mais le voyage débute mal. Un motard chipe le sac de Josette et tout l’argent du voyage s’envole. Comme quoi il ne faut pas rouler les vitres ouvertes. Puis Josette en se retournant plante son chapeau de paille en forme de lampadaire dans l’œil d’Alphonse. L’accident est inévitable et la caravane se décroche. Le véhicule n’a pas grand-chose mais Mémé Cornemuse reste en rade. Pas de quoi s’affoler, elle fait du stop et gagne quand même l’auberge miteuse où la famille doit passer ses vacances.
La promesse de voir la mer de sa fenêtre est une tromperie. Enfin, pas tout à fait, car une glace, comme l’on en trouve dans certaines sorties de cour ou à des carrefours dangereux, est posée dans la cour et en la lorgnant on peut voir la mer de l’autre côté de la maison.
Les péripéties tragi-comiques s’enchaînent sans discontinuer. D’abord dans la station service où s’arrête Alphonse pour procéder à une miction, Steven et sa sœur filment pour occuper le temps. Ils découvrent un cadavre dans l’une des toilettes et reconnaissent leur voleur. Alphonse se serait-il vengé ? Mémé Cornemuse n’est pas en reste car il ne faut pas lui monter sur les pieds (une façon de parler). Résultat, l’homme qui l’avait prise en stop, et après aussi d’ailleurs avec son consentement, se retrouve à l’état de nature morte cachée sous le canapé de la caravane. Et d’autres individus vont connaître le même sort. Mémé Cornemuse n’a pas froid aux yeux, ni ailleurs d’ailleurs, et tout pantalon masculin qui passe à sa portée est riche de promesses charnelles.
Les vacances de rêve se transforment peu à peu en cauchemars pour les personnages de ce roman, sauf pour Mémé Cornemuse qui se sort toujours de situations difficiles et pour le lecteur qui s’amuse à découvrir ces multiples épisodes grandguignolesques. Et de nouveaux personnages qui s’infiltrent dans cette histoire et n’en ressortiront peut-être pas, sauf les pieds devant.
Un roman délicieusement amoral dans lequel Nadine Monfils se déchaîne via Mémé Cornemuse, laissant libre court à son imagination débridée et réjouissante. Ce qui ne l’empêche pas en certaines occasions d’édicter des vérités premières.
Nadine MONFILS : Les vacances d’un serial killer. Editions Pocket N°14972. Parution 7 juin 2012. 256 pages.
ISBN : 978-2266222303
Première édition : éditions Belfond. Parution le 17 février 2011.
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