Sans fleurs ni couronnes…
Depuis quelques temps, le Vieux semble se ramollir. Il n’a plus autant d’allant, d’entrain, regarde évasivement le plafond, ne répond pas ou à contresens à ses interlocuteurs.
C’est ce que remarquent Francis Richard, agent secret, et son collègue Madrier dit Merdouille à cause de sa propension à utiliser ce terme à tout propos.
La cause de cette conduite inhabituelle réside en une phrase : Valsetti n’est pas mort. Le Vieux l’a rencontré et il ajoute qu’il envoie son meilleur souvenir à Francis Richard. C’est impossible pense celui-ci qui est tout éberlué mais ne précise pas le pourquoi. Valsetti était un agent de l’autre bord et il est mort. Et si Richard en est persuadé, c’est parce lui-même a appuyé sur le revolver fatal. Mais pour tous, il s’agit d’un meurtre imputé à un inconnu.
Donc Valsetti serait vivant. D’ailleurs Richard est convié à une séance de spiritisme chez un voyant nommé Eliphelme de Saint-Phaas. Un nom qui provoque un rire inextinguible chez l’agent qui se souvient de ses lectures, et plus particulièrement du roman La Double vie de Théophraste Longuet, de Gaston Leroux, roman dans lequel évolue le personnage de d’Eliphas de Saint-Elme.
La séance se déroule donc chez le voyant mais Richard ne découvre aucun trucage, aucune supercherie. L’homme se contente de taper sur sa table avec ses doigts, comme s’il était animé par le mort s’exprimant en Morse. Et il repart chargé d’une mission, récupérer des documents dans un fauteuil arrière d’une voiture. Seulement l’opération se déroule en queue de poisson et Olga, celle qui fut la maîtresse de Valsetti fait sa réapparition. Richard est même kidnappé mais il parvient à s’échapper, dans des circonstances heureuses.
Il découvre que Eliphelme de Saint-Phaas, un alias, est hypnotisé dans un salon de coiffure, recevant ses informations sous un casque-séchoir. Ses pérégrinations l’amènent à soupçonner soit la gérante, soit l’employée. Alors en compagnie de Merdouille, pardon de Madrier, il s’élance sur leurs traces, mais il y aura de la viande morte au bout du chemin.
L’intrigue de ce roman mi-espionnage, mi-policier, est particulièrement tarabiscotée, mais l’auteur, Francis Richard qui donne son nom au héros, s’en sort avec les honneurs. Si certains de ses romans ne sont guère convaincants, celui-ci tient bien la route et n’a pas vieilli, même si, publié de nos jours, il faudrait procéder à quelques rectifications et à des ajustements. Et il existe une bonne dose d’humour qui cache quelques faiblesses. Mais aussi une grande part est dédiée au hasard, hasard sans lequel les romanciers populaires n’arriveraient pas à imaginer leurs intrigues.
Sous le pseudonyme de Francis Richard se cachait Paul Bérato, plus connu sous les alias d’Yves Dermèze, pour des romans en tous genres allant du policier au roman de cape et d’épée, et de Paul Béra, grand fournisseur des collections Angoisse et Anticipation du Fleuve Noir.
Francis RICHARD : Regrets éternels. Collection Service Secret 078 N° 31. Editions S.E.G. Parution 3e trimestre 1961. 96 pages.
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