Les nouveaux Misérables ! Mais ont-ils bien travaillé à l’école ?
Obligée d’effectuer des petits boulots pour survivre, Suzy se lève tôt le matin pour se coucher tard le soir, c’est-à-dire vers une heure du matin.
Elle pointe le matin dans une grande surface commerciale, où Diego le vigile l’attend et lui propose un petit café réconfortant comme sa présence, et la voilà chargée de mission comme technicienne de surface. Puis elle rentre chez elle se reposer un peu, ensuite direction la maison située en face de son immeuble afin de nettoyer un peu et se rendre utile comme dame de compagnie. A quinze heures, après la sieste de l’octogénaire, quartier libre durant une petite heure pour se rendre dans une administration qui n’est pas son plus gros employeur, et enfin direction Douai pour une séance de nettoyage dans une usine.
Malgré tout ces emplois fractionnés, Suzy a du mal à joindre les deux bouts. Pour preuve, elle doit deux mois de loyer à sa propriétaire qui vit au premier étage de l’immeuble tandis qu’elle est confinée dans un petit studio au deuxième étage. Mais elle ne veut pas à se résoudre à payer en nature comme Pauline, sa voisine du dessus qui reçoit Victor, quinquagénaire et fils de la propriétaire, afin d’effacer la dette.
Pauline, mariée avec Kevin, est au chômage et seule la paie de son mari permet d’assurer l’essentiel, sauf le loyer. Kevin est intérimaire lui aussi dans une usine mais pour s’y rendre il est dépendant d’un véhicule bipolaire qui n’est fait qu’à sa tête. Et c’est toujours dans les mauvais moments, ceux lorsque Kevin a besoin de se déplacer, que sa voiture décide de renâcler et se mettre en panne.
Un matin, alors qu’en cours de route sa petite auto décide de se mettre en grève, il rentre à pied chez lui et découvre sa femme allongée sur le lit avec quelqu’un entre les jambes. Il n’a aucun mal à reconnaître Victor dans ses œuvres. Kevin toutefois ne signale pas sa présence, honteux. En pleine nuit, alors qu’il redescend l’escalier, une clé à molette à la main afin de réparer son débris à quatre roues, il aperçoit Victor rentrant d’une partie de poker. Il ne réfléchit pas, lui assène quelques coups de son outil détourné de sa fonction première et le laisse pour mort sur le carreau.
Suzy rentre à ce moment de son travail et elle prend la décision de l’aider de cacher le cadavre dans son coffre puis de le jeter dans un trou du chantier qu’elle longe quotidiennement.
Suzy se retrouve au centre d’une spirale négative à laquelle elle tente de s’échapper et dont le chemin est ponctué de pions noirs (le mal) et de pions blanc (le bien) et d’un pion neutre, un policier.
Peu de personnages évoluent dans cette intrigue machiavélique : Pauline, Kevin, Diégo, Victor et sa mère octogénaire qui ne se déplace plus qu’avec une canne, Hubert son partenaire de poker et sa mère, octogénaire elle aussi, chez laquelle travaille Suzy. Sans oublier Lourdieu, le capitaine de police à qui est confiée l’enquête sur la disparition de Victor, et son collègue Chombert, qui lui est chargé d’une affaire de jeux clandestins. Mais les deux collègues n’ont pas le même sens de l’éthique professionnelle.
Ce roman sent bon les années Fleuve Noir avec ses auteurs emblématiques, Frédéric Dard, André Lay, Serge Laforest, et quelques autres, qui savaient écrire et décrire des situations embrouillées. Des intrigues dont certains épisodes étaient juste suggérés, au contraire de maintenant avec les auteurs qui étalent avec complaisance actes de violence et sexuels.
Mais ce roman met surtout en lumière notre époque actuelle dans laquelle bon nombre de précaires sont à la merci de boites d’intérim, de petits boulots enchaînés les uns après les autres pour un gain minime, avec leurs difficultés à joindre les deux bouts, et qui au moindre pépin ou peau de banane glissée sous leurs pieds, peuvent se retrouver à la rue sans moyen de défense et ne peuvent se rattraper qu’à des branches pourries.
Plus qu’un roman policier Nuits grises est un roman sociologique. Et Suzy, et ses voisins, Pauline et Kevin, ont-ils bien travaillé à l’école pour se retrouver sur la frange effilochée de la société ?
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Patrick S. VAST : Nuits grises. Le Chat Moiré éditions. Parution 15 novembre 2019. 256 pages. 9,50€.
ISBN : 978-2956188339
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