Toute la pluie tombe sur moi...
Une station de métro, un vieil homme voûté en imperméable beige avec une canne qui lui sourit, puis alors que la rame longe les quais, cet inconnu saute sur les rails, tel un cabri.
La narratrice est choquée par cet incident, ce suicide en direct et elle ressort de la station alors qu’elle doit prendre un train pour rejoindre son amant épisodique à leur lieu de rendez-vous habituel, l’hôtel des Embruns.
Déboussolée, elle vaque dans les rues, accroche son regard à une vitrine, est tentée par une robe verte, qu’elle achète, puis oublie sur un banc. Elle rentre chez elle, ressasse ce qu’elle a vu, retourne vers le banc, mais naturellement le sac contenant son emplette a disparu.
Elle revient chez elle. Le témoin lumineux de son répondeur téléphonique clignote, mais elle n’écoute pas le message. Elle se décide à appeler l’hôtel afin de prévenir l’aubergiste de sa défection momentanée, se promettant de prendre la train du matin suivant.
Elle ne peut dormir, remâche ses souvenirs, se souvenant des déplacements effectués avec son amant photographe, de leurs voyages à l’étranger, de leurs ruptures provoquées par leurs déplacements, leurs séjours à l’hôtel des Embruns ou ailleurs, tout un flot de réminiscences qui l’obsèdent.
Puis elle ressort, se rend au commissariat, seulement pour se présenter comme témoin de la chute volontaire du vieillard, et parcourt la ville alors que la pluie tombe.
Une déambulation dans les souvenirs et dans la ville (C’est beau une ville la nuit…), que la narratrice narre à son amant absent, un monologue qui prend des chemins détournés, voguant entre présent et passé, entre cet épisode auquel elle a assisté sans pouvoir influer sur le cours des événements, et ses rencontres avec amant qui ponctuent son passé et qui l’attend peut-être impatiemment.
Un court roman intimiste, dense et bouleversant selon la quatrième de couverture, puissant, réaliste, si réaliste que l’on est à même de se demander s’il ne s’agit pas d’une histoire vécue.
Ou que l’on se forge en regardant autour de soi, sur un quai de métro en attendant la rame. Et en se projetant, mentalement, sur des possibilités de distorsion de l’histoire, d’un dénouement qui probablement ne se produira jamais, d’un destin qui ne peut être contrarié.
Michèle LESBRE : Ecoute la pluie. Collection Folio 5773. Editions Gallimard. Parution le 13 mai 2014. 112 pages. 6,20€.
Première édition : Sabine Wespieser Editeur. Parution 7 février 2013.
ISBN : 978-2070454426
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