Les hommes du Nord ont dans le cœur le trésor qu’ils n’ont pas dehors…
Mais avant de posséder ce trésor il leur faut le trouver. Et comme il ne leur est pas destiné car ce ne sont que de simples intermédiaires, il leur faut le troquer contre une juste et honnête ( ?) rétribution.
En l’an 853, les vikings remontent la Ligeria (Loire) jusqu’au monastère de Glannafolium (Saint-Maur de Glanfeuil) dans notre actuel département du Maine et Loire. Ils veulent récupérer une relique destinée à des bretons du pays de Roton (Redon).
Leur entreprise menée à bien ils remontent la Visnonia (la Vilaine) et arrivent au monastère dirigé par l’abbé Conwoïon. Gudrogr, le chef des Morlaerien, autrement dit les pirates du Nord, réclame par l’entremise de leur interprète Margid, une jeune parturiente bretonne, leur dû en échange du tribut promis mais les négociations sont difficiles.
Fidweten, le chroniqueur chargé de la rédaction du mémoire, narre cette entrevue consignée par l’un de ses rédacteurs, et tout irait bien si, dans la nuit, l’objet convoité n’était dérobé à ceux-là même qui s’en étaient emparés en pays Liger.
Une enquête est diligentée mais au même moment s’interpose une délégation de Bretons, au service de Salaün, l’un des prétendants au trône, et dirigée par sa femme Wembrit à la forte personnalité.
Enquête policière effectuée par le moine Fidweten et Margid l’interprète, mais surtout roman historique dédié à une époque méconnue avec un certain machiavélisme dans l’intrigue, tout concourt à happer le lecteur qui découvre un univers différent, et non moins attachant, de ce qui nous est proposé habituellement dans ce genre d’ouvrage.
Tour à tour, quelques-uns des protagonistes prennent la parole, s’exprimant à la première personne, ce qui offre un point de vue personnel à chaque fois, n’ayant pas toutes les cartes en main et donc ils entretiennent un suspense dont ils n’ont pas la solution. Sauf un, mais ce qui offre une lecture rapide et vive, dévoilant la psychologie des personnages et une vision à chaque fois personnelle des événements qui se déroulent dans une atmosphère belliqueuse et de méfiance.
Le bas Moyen-âge n’est guère décrit dans les manuels d’histoire, et plus particulièrement les approches entre Francs et Bretons. Des siècles qui pourtant furent riches en épisodes au cours desquels le rapprochement entre les deux peuplades a connu bien des avatars.
On ne connait de cette période que la légende du roi Arthur qui pourtant se déroula quelques siècles auparavant, et l’invasion viking principalement à Paris et sur les territoires devenus depuis lors la Normandie. Pourtant les raids organisés par les Hommes du Nord s’échelonnèrent un peu partout en Europe, et principalement sur les rives océaniques, jusqu’en l’ile de Noirmoutier, l’Aquitaine et même la Galicie.
Sous couvert d’une aventure historique, et d’une enquête policière, Jérôme Nédélec nous entraîne à la découverte d’un pan de l’Histoire, d’épisodes souvent ignorés, et qui sont consignés dans des ouvrages de référence avec des personnages ayant réellement existés, tel Les gestes des Saints de Redon dont l’auteur s’est inspiré.
Un court roman qui aurait pu être plus largement développé mais Jérôme Nedelec revient sur certains épisodes de cette période dans son autre roman, Les Frontières liquides (L’armée des Veilleurs tome 1) chez le même éditeur et dont je parlerai… l’année prochaine.
Jérôme NEDELEC : Le trésor des hommes du Nord. Collection Les Mystères du Pays de Redon. Stéphane Batigne éditeur. Parution le 6 juin 2018. 144 pages. 12,50€.
IBSN : 979-1090887619
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