Les coups, lorsqu’ils vous arrivent,
Les coups, oui ça fait mal…
Pour qu’il y ait des gagnants, il faut des perdants ! Une affirmation indubitable que certains tentent de retourner en leur faveur, bien décidés à changer le cours de leur vie.
Ainsi Amin Lodge, boxeur de foire, surnommé le Courtaud, à cause de son corps en barrique et de ses jambes courtes et grêles. Seulement, ce soir-là, dans une petite salle de province du Mississipi ou d’un endroit équivalent, Amin le Noir, un nègre disent-ils là-bas, défie un Chicano. Il doit se coucher au troisième round, ce que lui rappellent son entraîneur et son soigneur. Pour les parieurs, c’est tout vu, les gains seront minimes, mais au moins ils n’auront pas misé pour rien et pourront se payer une dose d’alcool supplémentaire.
Mais Amin en a marre de se faire tabasser dessus, et malgré ses ecchymoses sur la figure et au foie, il parvient à mettre au tapis son adversaire, qui n’arrive pas à se relever. Qui ne se relèvera pas d’ailleurs. Alors Amin s’enfuit dans les marais, avec Lorna, la compagne attitrée du manager, sans oublier le véhicule et quelques billets en prime, sachant qu’il pourra se cacher dans une bicoque.
Nad Burnsteen, journaliste au Blues Monthly Stars de Chicago, est présente dans la cité, afin d’effectuer un reportage sur Lonnie Treasure, un bluesman de renommée mondiale, qui, à l’âge de quatre-vingt cinq ans et plus, a décidé de raccrocher sa guitare et donne ses derniers concerts au Weeny’s Top, le bar de ses débuts. Des dernières prestations qui sentent la nostalgie mais malgré son âge, l’homme est toujours aussi vaillant, comme guitariste et comme chanteur.
Nad Burnsteen annonce à son rédacteur en chef qu’elle est sur un scoop et va rester quelques jours supplémentaires dans la petite cité. Elle va enquêter sur Amin, interrogeant ses proches, et peu à peu elle reconstitue un parcours pugilistique et musical, mais le boxeur en délire attribue ses malheurs au chanteur de blues. Une façon comme une autre d’imputer ses adversités à une tierce personne. La possibilité aussi de faire un peu de ménage auprès de personnes peu recommandables.
Avec une langue âpre, rude, assénée comme des coups de poings dans un sac de riz, Max Obione nous entraîne dans une petite ville du sud profond des Etats-Unis, dans un univers de Petits Blancs intégristes qui se réfugient dans des sectes ou des organisations suprématistes blanches, comme celle décrite dans le roman, la JOG c’est-à-dire Justice of God, se réclamant d’une pseudo-religion qui affirme Aimez-vous les uns les autres. Des associations qui n’hésitent pas à pratiquer le racisme, la ségrégation. Les Noirs sont rabaissés, considérés comme juste bons à amuser la galerie. Et puis il y a de petits commerçants et des prostituées, de l’alcool et de la drogue. Elle est pas belle la vie ?
On pourrait évoquer à propos de cette histoire, du style, de l’ambiance, de cette hargne qui secoue les tripes, les noms de Jim Thompson, de John Steinbeck, d’Erskine Caldwell, d’Ernest Hemingway, de Barry Gifford, d’Ernest J. Gaines, de Donald Goines - pour son côté violent lié à l’héroïne et non pour son côté urbain - mais Max Obione fait du Max Obione et il le fait bien.
Ce titre paru il y a déjà onze ans, je l’ai relu avec un plaisir non dissimulé, mieux, je l’ai encore plus apprécié car au-delà de l’intrigue, je me suis davantage attaché aux personnages. Et en amoureux du blues, cet hommage non déguisé à Robert Johnson, guitariste mythique dont Peter Guralnick a retracé la vie dans une version romancée (A la recherche de Robert Johnson), m’a fait penser à d’autres bluesmen mythiques dont Buddy Guy, Muddy Waters, John Lee Hooker, Blind Lemon Jefferson, Mississipi Fred McDowell, Howlin’ Wolf, John Lee « Sonny boy » Williamson, Lightnin’ Hopkins… Liste non exhaustive bien entendu et que vous pouvez compléter selon vos goûts.
Un roman à découvrir ou redécouvrir !
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