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28 novembre 2016 1 28 /11 /novembre /2016 10:34

Oui, c'est nous les fameux corsaires

Les rois redoutés de la mer

Jean-Marie PALACH : Sabre d'or. Les aventures de Loïc le corsaire.

Qui de nous n'a jamais vibré, lors de son enfance ou adolescence, aux exploits littéraires ou cinématographiques des corsaires et des pirates ?

Ce roman nous permet de retrouver les frissons qui n'étaient pas dus au froid durant les longues soirées journées d'hiver passées à lire. Le temps n'existait plus, nous recevions cachés sous la couette les embruns de plein fouet, nous nous lancions conquérants à l'abordage, nous vibrions au cliquetis des armes blanches, au tonnerre des canons, aux cris des combattants, aux plaintes de douleur des blessés...

Longtemps j'ai confondu corsaires, pirates, boucaniers et flibustiers. Les corsaires avaient un ordre de mission du roi et devaient combattre l'ennemi, et apporter au royaume or et denrées rares. Les pirates étaient les brigands des mers et travaillaient pour leur propre compte. Ceci précisé, intéressons-nous maintenant à Loïc, le jeune héros de cette histoire qui, je l'espère, en vivra d'autres.

En l'an de grâce 1711, deux navires de l'escadre de René Duguay-Trouin, le célèbre corsaire du roi Louis XIV, s'apprêtent à mouiller dans le port de Saint-Malo de l'Isle. Loïc, quinze ans, beau, blond comme les blés avant la moisson, et déjà bien charpenté, sert les marins dans la taverne tenue par son oncle. Il n'a pas de père, tout au moins déclaré, et sa mère, après avoir vécu de belles années à la cour versaillaise, a connu la déchéance. Elle s'est prostituée et maintenant c'est une vieille femme qui végète dans un débarras attenant au café.

Avec ses camarades, dont il est devenu le chef naturel, malgré l'opposition des parents qui n'apprécient pas du tout que leurs gosses fréquentent un fils de putain, il veut s'approcher au plus des navires mais ils en sont empêchés par la soldatesque. Qu'importe, ils se dirigent dans les dunes malgré l'interdiction.

Un marin apparait, mal en point et s'effondre. Les adolescents s'enfuient sauf Loïc qui s'approche et soigne le malheureux qui lui souffle les consignes pour le requinquer. Seulement, le lendemain, alors qu'il vaque dans la taverne, le prévôt accompagné de gens d'arme, pénètre dans l'établissement et veut procéder à son arrestation pour avoir désobéi aux ordres. La belle marquise, ainsi fut surnommée la mère de Loïc, tente bien de s'interposer mais en vain et il leur est signifié par le prévôt qu'ils sont bannis de la cité et qu'ils doivent déguerpir au plus vite. Heureusement Duguay-Trouin, au même moment, s'introduit dans l'auberge, accompagné de quelques marins et de son second, Jean Doublet, qui n'est autre que l'homme rescapé par Loïc.

Les affaires s'arrangent et Loïc est embauché comme mousse sur L'Invincible. Son tuteur, Grand Timon, ne peut que se réjouir d'une telle recrue qui apprend vite, se montre même parfois trop entreprenant, brave, courageux, apprécié des autres marins.

L'escouade se dirige vers Rio de Janeiro, où les corsaires ont quelques comptes à régler avec les Portugais mais une tempête se profile à l'horizon. Pris dans la tourmente, les navires se trouvent éparpillés. Grâce à Loïc et à son initiative, malgré les objurgations de Grand Timon et du capitaine, L'invincible ne sombre pas.

Mais d'autres dangers guettent le navire. D'abord avec une frégate anglaise, puis une portugaise. Loïc, par sa bravoure et sa gentillesse est estimé. Il se fait un ami de Clément l'indiscret, mousse de son âge, toujours à l'affût de ragots qu'il colporte avec un malin plaisir. Seul le médecin-chirurgien du bord, Simon le barbier, un homme renfrogné, solitaire, reste pour lui une énigme. Et Loïc rencontrera sur sa route la jeune et belle Lisboète Amalia mais n'est-ce pas un danger de plus ?

Quoi qu'il soit, l'île de la Tortue est en vue mais elle semble déserte. 

 

Ce roman destiné aux jeunes de 9 à 99 ans, voire plus si affinités, me fait penser à ceux écrits à l'origine pour des adultes mais qui sont tombés dans le domaine juvénile justement de par leurs qualités.

L'île au trésor de Robert-Louis Stevenson, L'ancre de miséricorde de Pierre Mac Orlan, Les révoltés de la Bounty de James Norman Halle et Charles Nordhoff, même titre mais en nouvelle par Jules Verne, Le Mousse d'Hector Malot, voire Romain Kalbris du même auteur, Le galion d'or de Franck Crisp, et combien d'autres dont Capitaines courageux de Rudyard Kipling, Pêcheurs d'Islande de Pierre Loti, qui possèdent une parenté avec la mer et ses dangers, les corsaires, les voyages au long cours.

Naturellement ce roman possède ce qu'un jeune septuagénaire, lecteur compulsif, ce que d'aucun pourrait appeler des clichés. L'enfant orphelin de père, dont la mère fut une ancienne prostituée, le côté hasard heureux avec la rencontre inopinée d'un marin malade et que Loïc va soigner, le courage, la témérité même du mousse qui sabre en main se défend comme un beau diable et dont les prouesses magnifiées par les rayons du soleil se reflétent sur son arme, une action qui lui fournit son surnom, la touche romantique avec Amalia, et d'autres ingrédients dont le secret de Simon le barbier.

Mais tout ceci s'agence avec un entrain communicatif, une fougue liée à la jeunesse, un plaisir évident de la part de l'auteur de retrouver quelques belles pages engrangées issues de son enfance et de faire partager les émois et les émotions ressentis lors de ses lectures de jeunesse aux plus jeunes, et pourquoi pas aux plus anciens.

Jean-Marie PALACH : Sabre d'or. Les aventures de Loïc le corsaire. Editions du Volcan. Parution 14 novembre 2016. 176 pages. 12,00€.

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