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4 octobre 2016 2 04 /10 /octobre /2016 06:17

Si j'avais un marteau...

Jack VANCE : Charmants voisins

Le métier de facteur est plus périlleux que certaines personnes pourraient le croire. Outre les chiens agresseurs, des marteaux rencontrent parfois leur crâne, dans des conditions bizarres et mortelles.

Ainsi, Ken Mooney, le jeune facteur qui dessert Madrone Way, à PLeasant Grove, est retrouvé mort, mais le lendemain de son assassinat. Sa tête repose sur un magazine qu'il aurait dû distribuer et dont l'étiquette a été ôtée. Le meurtre remonte à la veille. Et personne n'a aperçu le cadavre et sa camionnette, avant cette réapparition, ce qui pose problème au shérif Joe Bain, du comté de San Rodrigo en Californie. D'autant que Madrone Way est une impasse et que la camionnette est garée tout au bout.

Mais avant de nous intéresser à cette enquête qui se révélera délicate, surtout pour le shérif, remontons quelques années en arrière et attachons-nous à découvrir ce qui aurait pu ressembler à un Club des Cinq, mais qui ne fut qu'un petit groupe de gamins plus ou moins détestables et qui ne s'aimaient guère. Tout au plus se supportaient-ils.

D'abord, par ordre d'entrée en scène : Starr Shortridge, qui joue vraiment à la star. Douze ans, et considérée comme une gamine odieusement prétentieuse. Bill Wipple, quinze ans, de basse extraction et de réputation douteuse, pour les voisins, dont le père tient un garage et un atelier de mécanique. Il vient de construire une cabane dans un arbre situé dans le parc de la riche demeure des Shortridge et cela déplait fortement à Starr qui ramasse un vieux marteau et commence à asséner des coups sur la branche qui sert de support à la maisonnette perchée. Bill veut se rebiffer mais Starr est en compagnie d'Henry, son chien, et l'adolescent ne peut que déguerpir, toutefois sans se presser.

A ce Club des Cinq, le chien ne compte pas, il faut ajouter Alice, une gamine gentille et très belle, la fille des Benjamin. Son père Guy est ingénieur et se trouve la plupart du temps en déplacement à l'étranger, tandis que la mère Grâce est une catholique pratiquante intégriste. Ils viennent de s'installer dans Madrone Way et les parents de Starr, qui aiment recevoir, les ont invités. Marsh, le frère un peu plus âgé de Starr, est subjugué par Alice. Quant à Ken Mooney, il compte parmi les amis de Bill Whipple, joue au foot, est le condisciple des quatre gamins précités, et surtout il espère faire bonne impression sur Alice.

 

Quelques années plus tard. Le père de Ken a reçu en héritage une vieille ferme auberge délabrée qui n'accueille plus guère de consommateurs. Ken, marchande cet édifice situé dans la forêt, promettant de le remettre en état. Mais il est quelque peu velléitaire et surtout démuni. Alors après l'armée il a trouvé cet emploi de postier.

Alice est fiancée à Marsh, et pour l'heure voyage en Europe. Son père est en Inde, toujours pour son travail, et sa mère, toujours aussi peu gracieuse malgré son prénom, est enceinte. Du moins c'est ce qu'a supposé leur voisine Sally Wagner lorsqu'elle l'a aperçue dans une pharmacie d'une paroisse voisine achetant des médicaments pour parturiente. Et comme Sally n'est pas une méchante femme mais ne peut garder pour elle un secret, une information, qu'il lui faut en faire profiter toutes ses connaissances et même les autres, bientôt tout le monde ou presque sait que Grâce attend un nouvel enfant. Quant à Starr, toujours aussi pimbêche elle aimerait bien voyager tout comme Alice, mais ses parents lui refusent ce privilège. Quant à Marsh, il est toujours imbu de lui-même et Wipple égal à lui-même, quelque peu associé à Ken.

 

C'est dans ce contexte délétère que le shérif Joe Bain va devoir enquêter. Le mobile est flou, et les coupables ou présumés coupables sont nombreux, tous quasiment vivant dans Madrone Way. Aux quelques habitants déjà cité, il faut ajouter les époux Hubman, les époux Gentry actuellement dans le Montana, les Mortimer. Et enfin madame Bazzarini, mère de madame Hubman, clouée dans son fauteuil roulant entourée de ses infirmières, et qui aimait bien Ken, lequel s'arrêtait souvent chez la vieille dame pour converser un peu.

Comme aime à le déclarer le shérif, dans une enquête, la première étape consiste à amasser des faits. Alors il se rend chez les uns et les autres, n'est pas toujours bien accueilli, se renseigne auprès du receveur des Postes afin de savoir s'il ne manquerait pas du courrier, si une lettre compromettante devait être distribuée, vérifier les abonnés au magazine dont un exemplaire a servi de repose-tête à Ken... Il envoie ses hommes recueillir les informations, est en butte au journaliste local, Howard Griselda, qui le tanne et n'hésite pas à écrire dans les colonnes de son journal des propos vindicatifs à son encontre. Il retrouve Luna, son amie Artémisienne qui déclare provenir de la planète Artémisia mais est plus souvent dans la Lune, et qui tient une agence de location et est malgré tout de bon conseils, parfois.

Et puis il vit avec sa mère et sa fille Miranda, lesquelles aimeraient déménager de la petite maison en préfabriqué où ils vivent. Pas assez chic pour le standing d'un shérif n'hésite pas à déclarer Miranda qui à seize ans possède déjà des idées bien arrêtées. Or justement l'auberge de Halfway House, la propriété des Mooney, pourrait leur convenir mais elle est un peu chère pour eux. Alors, tout en enquêtant, Joe Bain va essayer de faire fléchir les deux femmes, puis n'y arrivant pas, à obtenir de Mooney père une réduction sur le prix de vente puisque son fils ne pourra plus la retaper.

 

Plus connu pour ses romans de science-fiction, Jack Vance est toutefois l'auteurs de romans policiers qui tiennent non seulement la route, mais sont de véritables petits bijoux comparés à certains romanciers, de son époque bien entendu. On ne peut pas mettre côte à côte des générations différentes. Toutefois, j'aimerai que la jeune génération puisse écrire et concocter des intrigues aussi construites et travaillées, passionnantes et sobres que celles de Jack Vance.

Charmants voisins met en scène quelques personnages qui évoluaient dans Un plat qui se mange froid, et que l'on retrouve avec plaisir.

Jack VANCE : Charmants voisins (The Pleasant Grove Murders - 1967. Traduction de Jacqueline Lenclud). Collection Pocket Noir N°4034. Editions Presses Pocket. Parution mai 1992. 224 pages.

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