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Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !

Edward BUNKER : Aucune bête aussi féroce

A part l'homme peut-être...

Edward BUNKER : Aucune bête aussi féroce

Depuis huit ans qu'il végétait en prison, Max Dembo attendait ce moment avec une certaine fièvre et une fébrilité teintée d'angoisse.

Depuis longtemps il s'y préparait, ayant envoyé plus de deux cents lettres. Mais il n'a jamais reçu une seule réponse. Enfin le grand jour est arrivé. Libre ! Libre au bout de huit ans. Libre, mais pas de travail.

Car il est difficile pour un ancien détenu de trouver un emploi et ce n'est pas avec le maigre pécule qu'ils possèdent que les ex-taulards peuvent se permettre de se conduire en rentiers.

Et c'est là que débute le cercle infernal : Tu n'as rien, tu voles. Tu voles, tu vas en prison. Tu sors de prison, tu ne trouves pas d'emploi. Tu ne trouves pas d'emploi, tu n'as rien...

Pourtant Dembo s'était juré de ne plus dévier, de ne plus tomber dans l'engrenage. Mais les premiers pas sur la route de la liberté sont semés d'embûches et l'officier responsable de conditionnelle est trop rigoriste, trop moraliste pour véritablement inciter Dembo à ployer l'échine.

Dembo supplie Rosenthal, ce censeur pourtant issu d'une communauté brisée. Peine perdue. Dembo s'enlise à nouveau dans une facilité de façade. L'exaltation de tenir dans sa main un avenir flou, exacerbé par quelques doses de drogue, d'abord une cigarette d'herbe de provende, puis le comprimé puis la seringue.

Et c'est la dégringolade, le retour aux sources, le retrait des bonnes intentions.

 

Roman autant que récit, Aucune bête aussi féroce est un constat en même temps qu'une dénonciation.

Edward Bunker a passé la moitié de sa vie en prison, et d'ailleurs ce livre a été écrit et publié alors qu'il tuait le temps en geôle.

Plus heureux et plus fort mentalement que son héros, dans ses choix et dans ses résolutions, Bunker enfin libre a réussi complètement sa reconversion littéraire.

Mais il est l'îlot planté au milieu d'un fleuve en cru, et malheureusement rares sont ceux qui s'en sortent. Justement à cause de la carence, de la méfiance, de la répulsion de l'employeur éventuel envers un repris de justice. Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à mettre au banc de l'accusation et le nombre de demandeurs d'emploi étant plus conséquent que celui des offres, le système de réinsertion en peut trouver de panacée.

Cri de désespoir qu'Aucune bête aussi féroce ne pourra pousser sans se faire entendre un jour.

Démagogie direz-vous. Oh que non, triste réalité tout simplement.

Edward BUNKER : Aucune bête aussi féroce
Première édition Rivages Thriller. 1991. 346 pages. 1991.

Première édition Rivages Thriller. 1991. 346 pages. 1991.

Edward BUNKER : Aucune bête aussi féroce (No beast so fierce. 1973. Traduction de Freddy Michalski). Collection Rivages Noirs. n°127 (mars 1992). Réimpression 12 octobre 2016. 448 pages. 9,50€.

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B
voilà un auteur et un bouquin que je me suis promis de lire depuis longtemps !! un moment que j'ai ses livres en bibliothèque en plus. Allez cette année faut que je trouve le temps de m'y coller !!! amitiés :)
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O
Bonjour Bruno<br /> L'année va bientôt se terminer.... Il ne te reste plus que quelques semaines... Heureusement ce n'est pas Mission impossible<br /> Amicalement
J
Et oui Oncle Paul ( je te confond toujours avec ton éminent confrère) je l'ai corrigé sur le FB, je trouve aussi la photo de Bunker jeune très impressionnante, en fait je l'ai sur un livre sur ses mémoires itinéraire d'une canaille, un titre comme ça, que j'ai acheté d'occasion en Italie, c'est marrant que Rivage ai préféré mettre une photo de lui plus âgé, comme quoi.
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O
'est pô grave Job, comme dirait Titeuf. <br /> J'ai pensé que la photo que j'ai reprise sur Wiki était plus représentative du livre qui date de 1973. Tandis que l'ouvrage n'a été traduit qu'en 1991. Rivages voulait peut-être montrer l'homme mûr. C'est leur choix...<br /> Quant au livre que tu évoques, il s'agit peut-être de <br /> Mr. Blue: Memoirs of a Renegade ou Education of a Felon (1999)<br /> Publié en français sous le titre L'Éducation d'un malfrat, Paris, Rivages, coll. « Écrits noirs », 2001 ; réédition Paris, Payot & Rivages, coll. « Rivages/Noir » no 549, 2005.<br /> Bien à toi
J
A la fois pour le thème universel du truand harcelé par l'homme qui ne croit pas en l'homme, que l'on retrouve avec Javert dans les Misérable ou le minable inspecteur Goitreau dans Deux hommes dans la ville, mais aussi la force d'évocation humaine et bestiale des sentiments qui transperce le récit, la rage, plus une restitution de Los Angeles du niveau d'un Raymond Chandler, il y a quelque chose de magique à lire et relire les toutes premières phrases ( il cire ses chaussures, il sait qu'il va sortir de prison), dès ce moment, on sent l’oppression du système, mais une autre, l'envie de respirer pleinement, de profiter, brûler ( d'ailleurs la symbolique de l'image de la boite d'allumette est multiple) d'exploser. Vivre.<br /> Beau papier Claude, comme d'habitude ;-) cela a ranimé des souvenirs comme tu vois, et l'envie de rendre un hommage supplémentaire à ce roman culte.
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O
Bonjour Job et content de relire<br /> Je savais que tu ne serais pas insensible à ce roman. Mais, puis-je t'ôter d'un doute ? C'est un article de l'oncle Paul que tu as lu, et non de Claude...<br /> Amitiés