Et de la belle aussi ?
Si les personnages de Pierre Pelot sont des marginaux, de doux dingues, des colériques, des brutes, des simples d'esprit, des bornés, mais aussi des hommes et des femmes pour qui la droiture, l'intégrité, la force morale sont des vertus parfois portées à leur paroxysme et qui au moindre accroc perdent la boussole, l'environnement, le paysage sont également des composantes essentielles du roman.
Les Vosges, la région et pas seulement le département, les forêts, la campagne, l'hiver, la solitude forment un décor naturel et intrinsèque au récit. Transposés en Bretagne, en Normandie, ou en toute autre région, auraient-ils la même force, la même impression de détresse poignante, je n'en suis pas sûr.
Comme un coin de terre irréel que l'on découvre avec ravissement, avec une peur rétrospective également. Un coin de terre que l'on sait exister mais que l'on découvre par l'écrit.
Comme dans les récits de Steinbeck, et je pense plus particulièrement à Des souris et des hommes, ou d'Erskine Caldwell avec Le petit arpent du bon Dieu, dont les personnages voient leur avenir déraper à cause d'un rien : une odeur, une senteur, une image, une vision, une pensée, que ne pourraient ressentir le citadin englué dans ses propres problèmes.
Si Bibi, le bûcheron que l'on montre du doigt en exemple, si Zuco, le fils du meilleur ami de celui-ci et apprenti bûcheron lui-même, se trouvent entraînés dans un engrenage infernal, impitoyable, c'est à cause d'une effraction et d'un vol.
Mais entre cette effraction et ce vol, qu'est-ce qui a conduit Gamine à les perpétrer ? Pourquoi les Samson, qui vivent dans ce qui ressemble plus à un taudis qu'à une ferme, en sont-ils arrivés à ce point de déchéance ?
Ironie féroce de Pelot qui ose nommer l'un de ses personnages le plus veule, le plus brutal, le plus ignoble, le catalyseur de l'horreur : Parfait Samson !
Parfait Samson, qui dès sa sortie de prison, n'a de cesse de reconquérir une autorité qu'il n'a pas perdue sur le clan déboussolé. Parler des hommes du clan, ce n'est rien, dévoiler leurs fantasmes, leurs lubies, leurs peurs, leurs regrets, c'est simplement soulever un coin du voile tenu à chaque extrémité par les éléments féminins du groupe, avec leur résignation, leur mutisme, leurs secrets, leur sexualité exacerbée, non par un manque d'homme mais par manque de communication, un manque d'amour.
Un roman, comme bien d'autres, écrit avec les tripes, avec le cœur de l'écrivain tout autant sinon plus qu'avec le stylo !
Et pour tous ceux qui ne jurent que par les classiques, lisez Pelot, relisez La Terre de Zola, et dites-vous que les sentiments, bons ou mauvais, sont éternels.
Pierre PELOT : Noires racines. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Un voyage dans les Vosges avec Pierre Pelot comme guide. Et il nous fait découvrir des personnages hors du commun, le contraire de héros. Ils ne sont pas extraordinaires, ils sont plutôt margina...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2015/09/pierre-pelot-noires-racines.html
Pierre PELOT : Le 16ème round. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Un Cassius Clay de province ? Pour Renato, fils d'émigrés portugais, son emploi au super marché, rayon légumes et poissons, ce n'est peut-être pas la grande vie, mais au moins il travaille. Il...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2016/06/pierre-pelot-le-16eme-round.html
Pierre PELOT : Après le bout du monde. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Bon anniversaire à Pierre Pelot, né le 13 novembre 1945. Englué dans la grisaille, la brume et la pluie, Nicolas Courot se demande dans quelle galère il s'est fourvoyé. Quatre jours qu'il est ...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2015/11/pierre-pelot-apres-le-bout-du-monde.html
Pierre PELOT : La couleur de Dieu. - Les Lectures de l'Oncle Paul
S'il est invisible, c'est quoi sa couleur ? Même s'il savait ce qu'il allait découvrir, Dylan Stark ne peut s'empêcher d'éprouver une vive émotion en revenant au pays, à la ferme familiale. O...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2016/01/pierre-pelot-la-couleur-de-dieu.html
Pierre PELOT : Si loin de Caïn. Réédition collection Rivages/Noir N°430. Editions Rivages. Parution avril 2002. 320 pages. 8,65€.
commenter cet article …