Bon anniversaire à Alain Demouzon né le 13 juillet 1945.
Maxime Lehutin est promis à un bel avenir.
Pensez donc, son premier roman, finement littéraire, a obtenu l'un des cinq mille obscurs prix décernés en France par an, et de la presse critique favorable.
Son éditeur pense en vendre mille cinq cents exemplaires et lui ouvre les portes de sa collection policière Nuit Métallique, à condition de pondre trois polars par an.
L'écriture, Max la ressent comme une merveilleuse et douloureuse aventure pleine de désappointement et d'aridité. Mais il l'aime trop pour ne pas tout lui sacrifier par avance. Ce qu'il lui faut : une fenêtre. Regarder par delà la baie vitrée, c'est l'espoir, la contemplation d'un autre monde. L'entrebâiller, c'est l'aspiration vers l'aventure, c'est chevaucher allègrement le grand souffle romanesque, jongler avec les lettres puis les mots puis les phrases. Stop.
Greg Von Bluff, l'éditeur de Max, bouleverse les données, propose un contrat mirifique et bouscule notre écrivain en herbe. Il le lance sur le sentier de la guerre à la recherche d'un temps perdu. Le temps perdu par Marcel Proust à écrire cette prose qui se révèle être apocryphe.
Dur dur pour les maisons d'éditions, ce manuscrit indigeste. Qui dit indigeste dit indigestion. Qui dit indigestion dit pruneaux. La voilà la panacée ! Les pruneaux généreusement offerts par le Syndicat, avec en prime un revolver, le tout délicatement posé dans une boîte à chaussures. Il faut absolument que Max retrouve et fasse disparaitre de la circulation l'auteur de cette thèse selon laquelle Marcel Proust ne serait pas l'auteur des écrits proustiens.
Proust alors ! Le pavé dans la mare.
Partant de cette donnée simple, Demouzon rêve, extrapole sur ce qui pourrait être un cauchemar éditorial, lance son héros sur les pistes de l'imaginaire, égratignant, griffant, s'ébrouant, piaffant, ruant, pataugeant allègrement, faisant feu de tout bois, tirant dans les coins.
Il parodie, il blasphème, il vitupère, il vilipende, il surprend, il ironise, il raille, il mord, il pique, il se gausse, il se moque, il joue. L'impertinence faite homme.
Un régal, une jubilation, une récréation pour le lecteur. Une véritable macédoine de petites phrases que le chroniqueur amoureux de littérature qui, comme moi, ne se prend pas au sérieux, ramasse, glane, emmagasine, engrange, puis offre en un bouquet chatoyant et vénéneux au lecteur abasourdi.
Et tout le monde y passe, tout le monde en prend pour son grade. Le monde de l'édition bien sûr, mais également les auteurs, les découvreurs de talents, les critiques, les lecteurs aussi.
Demouzon possède une machine à écrire transformée en moulinette.
N'importe où avec une fenêtre, c'est un pamphlet, une satire, une réjouissance, une récréation, une bouffée d'air pur, une profession de foi, une Bible.
Pour souligner mes propos, je vous propose un florilège, quelques extraits savoureux qui, j'en suis persuadé, vous incitera à découvrir cet ouvrage iconoclaste, franchement hilarant et pourquoi pas moralisateur.
Je viens de gagner 18 000 francs dans l'édition, sans écrire une seule ligne. Me voilà un écrivain authentique.
Voyons, les gens ne lisaient pas Proust ! Non, mais ils l'achetaient.
Je n'ai pas lu votre livre, mais je l'admire beaucoup. Sincèrement.
Ne soit pas méprisant : tous les romans sont à suspense !
Un sacré bosseur, celui-là, prêt à tout, ponctuel et efficace. Un vrai professionnel. Restera inconnu et méprisé.
Alain DEMOUZON : Les faubourgs d'Armentières. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Il arrive un moment dans notre existence ou il est indispensable de se retourner et de regarder en arrière notre parcours professionnel et familial. Et il suffit d'un déclic, d'un détail, d'une ...
Alain DEMOUZON : Chagrin d'amour, autobus 83. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Bon anniversaire à Alain Demouzon, né le 13 juillet 1945. Jérémie, soixante ans, a un regret. Il n'a jamais connu de véritable chagrin d'amour. Et comme il a été placé dans un placard au CN...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2015/07/alain-demouzon-chagrin-d-amour-autobus-83.html
Alain DEMOUZON: Un amour de Melchior. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Bon anniversaire à Alain Demouzon né le 13 juillet 1945. Lors de l'inauguration d'une boutique par une amie, Le commissaire Melchior, en disponibilité, retrouve par hasard Florence, la femme d'u...
Entretien avec Alain DEMOUZON. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Bon anniversaire à Alain Demouzon né un 13 juillet ! A lain Demouzon est né le vendredi 13 juillet 1945 à Lagny-sur-Marne, à une trentaine de kilomètres à l'est de Paris. Ses parents sont ...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-entretien-avec-alain-demouzon-108146078.html
Alain DEMOUZON : N'importe où avec une fenêtre. Editions Seghers. Parution Mars 1990. 304 pages.
commenter cet article …