Bon anniversaire à Catherine Fradier, née le 22 juin 1958.
Tandis que des centaines de milliers de supporters, à un ou deux près, envahissent la France, désirant encourager leurs équipes respectives, dépensant sans compter leurs euros, faisant le bonheur des débits de boissons et fournissant allègrement du travail à ceux qui sont au chômage ou non lors des dégâts occasionnés par leurs débordements joyeux, là-bas, en Orient, un gamin pigne auprès de sa mère son ballon.
Il a oublié son ballon sur la plage, à cause des bombardements. Alors sa mère, Razan, sachant que le père lui offrira gentiment quelques torgnoles en rentrant, Qusaï effectuant six tours dans ses baskets délabrées sans toucher les bords, Razan décide d'aller récupérer le jouet de son fils malgré son ventre en capilotade.
En quatre pages, Catherine Fradier aborde un sujet grave. Elle nous montre les horreurs de la guerre à travers un événement parmi tant d'autres, un court épisode de la vie quotidienne, alors que tout devrait être joie pour des gamins qui n'ont rien demandé sauf une parcelle de bonheur, toucher la lune par exemple.
Une page d'histoire écrite tout en finesse, en toucher de plume, et le lecteur assiste, comme au cinéma, à ce qui pourrait être un moment de détente au milieu de la guerre. Mais la détente n'est pas celle à laquelle Qusaï pourrait, devrait, avoir droit, car les doigts des hommes sont dessus.
Catherine FRADIER : Ballon. Nouvelle numérique. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution juin 2016. 1,49€.