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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 09:34

C'est une poupéééeee...

Sonja DELZONGLE : Quand la neige danse.

Qui fait quoi dans cette boîte en carton livrée par le facteur à Joe Lasko ? Sa fille de quatre ans a disparu depuis un mois, alors qu'elle patinait sur le lac en compagnie de la fille de sa garde habituelle. Et la vue de cette poupée gisant dans une boite, simulacre de cercueil, habillée comme l'était Lieserl, aux cheveux longs roux comme ceux de Lieserl, cela ne peut que lui mettre le moral à zéro, et même plus bas.

Il est vrai que la température est plus que glaciale en ce mois de février sur Crystal Lake, dans l'Illinois, grande banlieue de Chicago, mais ce n'est pas ça qui va refroidir son ardeur de père à la recherche de son enfant. Divorcé, sa femme abonnée à la bouteille ayant été déchue de son statut maternel, Joe est médecin et sa fille est tout pour lui. Seulement, trois autres gamines ont disparu elles aussi à quelques semaines de distance.

Joe, qui a créé une association en compagnie des parents des petites disparues, se renseigne auprès des autres familles. Elles aussi ont reçu des envois similaires et les poupées sont des sosies des fillettes. Tous les colis ont été envoyés de Woodstock. Peut-être une piste. Il en informe le chef de la police Stevens.

Ces affaires d'enlèvements ont été à la Une des médias, Joe prenant la parole à la télévision. Les dons et les aides affluent afin de financer les recherches. Mais quelle n'est pas sa surprise lorsque se réveille à son bon souvenir Eva Sportis, détective privée. Eva la petite amie de son grand frère Gabe lorsque celui-ci avait seize ans, et dont Joe était secrètement amoureux. Eh oui, à douze ans on peut aimer la copine de son frère et ne pas se déclarer. Et puis Gabe a laissé tomber Eva, la vie a continué et Joe n'a jamais osé se manifester. Et voilà qu'Eva, plus belle que jamais, lui propose son aide dans la recherche de sa fille.

Cela remue toutefois de mauvais souvenirs dans la mémoire de Joe. Gabe, qui a mal tourné, est devenu un voyou, a fait de la prison, a tué un policier lors d'un braquage, est retourné en tôle. Eva va bientôt avouer que c'est Gabe qui lui a demandé de proposer ses bons services. Et Gabe qui revient voir son frère. Joe ne veut pas renouer, pourtant devant la bonne volonté de son frère aîné, il accepte de l'héberger mais dans une cabane au fond du jardin. Une cabane aménagée pour des amis, je précise.

Eva décide de demander l'aide d'Hanah Baxter, célèbre profileuse et dont elle fut étudiante à la fac. Normalement Hanah ne travaille qu'en dehors des Etats-Unis, mais pour une fois elle déroge à ses principes. Profileuse certes, mais avec un petit truc en plus. Elle ne se sépare jamais de son pendule et commence à effectuer des recherches sur une carte de la région de Crystal Lake. Et le pendule s'affole à un endroit bien précis, dans les bois de Oakwood Hills.

Le pendule ne s'est pas affolé pour rien. Eva et Joe se rendent à l'endroit indiqué, malgré la neige, en compagnie de Laïka, la chienne de Joe. Une horrible découverte les attend. Ils découvrent enfoui au pied d'un arbre un crâne humain, probablement celui d'un enfant. Des ossements également, et une chaîne. Mais un cri déchirant résonne. Laïka est victime d'un piège à loup. Heureusement un garde forestier arrive et détend les mâchoires, libérant la patte de la chienne mal en point. C'est le retour à Crystal Lake avec le trophée macabre dans une musette et Laïka. Le chef Stevens est mis au courant des derniers événements, sauf l'appel à l'aide à Hanah la profileuse.

Chacun de son côté, puis ensembles puisque Stevens à la bonne idée de faire appel lui aussi à Hanah Baxter, ne sachant pas qu'elle est déjà sur l'affaire, vont s'atteler à cette tâche ardue. Et cette enquête va leur réserver de nombreuses surprises, parfois macabres, rencontrer des personnages particuliers, joindre des représentantes d'associations d'enfants en danger, et remonter les années en arrière jusqu'à un asile à Seattle.

 

Ne cherchez pas le nom du traducteur, il n'y en a pas. Ce roman est bien une œuvre de fiction française. Pourtant on pourrait croire qu'il a été écrit par l'une des romancières américaines, Shane Stevens, Mo Hayder ou encore Lisa Gardner par exemple, dont les romans pleins de suspense vous prennent aux tripes.

Soja Delzongle ne se contente pas de raconter une histoire, dont le sujet pourrait sembler banale à force d'être traité, d'enlèvements de gamines dont le final est particulièrement réfrigérant, pour ne pas dire glaçant.

Il lui faut fouiller le passé des différents protagonistes afin de mieux comprendre le présent, leurs faits et gestes. Avec parfois de leur part des troubles obsessionnels compulsifs. Ainsi le chef Stevens a horreur de serrer les mains de ses interlocuteurs, et il se dépêche après ce cérémonial d'en pratiquer un autre : se nettoyer les mains avec un gel antiseptiques. D'autres personnages retiennent l'attention mais je vous laisse le soin et le plaisir de les découvrir.

Tout ce que je pourrais ajouter, c'est que ce roman multiplie les clins d'yeux littéraires. Ainsi le nom de Stevens, le chef de la police, est à rapprocher de celui de la romancière Chevy Stevens. Mais également Gary Bates, comme Norman, le héros négatif de Psychose de Robert Bloch, Gabe le frère surnommé Gabe le Magnifique, comme Gatsby de Francis Scott Fitzgerald, ou encore Eva comme l'héroïne de James Hadley Chase... Et j'en oublie.

 

Sonja DELZONGLE : Quand la neige danse. Collection Sueurs Froides. Editions Denoël. Parution le 1er avril 2016. 432 pages. 20,90€.

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commentaires

L
petite anecdote concernant Sonja ( et oui elle a repris son vrai prénom et elle a eu raison tellement il est joli je trouve). Il y a quelques année, avec toi je crois d'ailleurs, j'avais été un des premiers à chroniquer son premier roman " le hameau des purs". J'avais sympathisé avec elle et, étant lyonnaise j'avais prfité de ma montée aux Quais de polar pour la recontrer. Nous avons passé toute une après midi à la terasse d'un café à discuter de son livre et de ses projets. Je me rappelle d'une reflexion, elle regrettait en tant qu'auteur du cru, ne pas avoir été invitée aux QDP. Les années ont passées, j'ai revu Sonja ce weekend à l'occasion de QDP2016. Cette fois ci elle était une invitée du festival, et crois moi la file était longue pour dédicacer ses deux derniers romans , dont Dust qui a bien marché !! Je lui ai dit que c' était une belle revanche amplement méritée ! J'ai eu droit bien sur à une touchante dédicace que je garde jalousement pour moi et qui fait allusion à notre premiere entrevue. En tout cas, quel beau parcours que le sien et je suis vraiment très heureux pour elle d'avoir enfin trouvé son public et le succès qui va avec !!! Je sais qu'on continuera toi et moi à la suivre ! :) Amitiés
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O
Bonjour Bruno<br /> Je n'ai pas lu Dust, mais j'ai pris du plaisir avec Quand la neige tombe, et j'en ai profité pour remettre l'entretien que nous avions réalisé et qui a l'origine avait été posté sur mon ancien blog.<br /> Je t'envie mais je ne sors plus de ma bulle bibliothèque. J'ai tant de livres à lire...<br /> Amitiés
A
Encore une histoire d'asile chez cette auteure. Une obsession ?!
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O
Pas une histoire d'asile, car cela n'est qu'une toute petite partie du roman, mais cela aide à comprendre certains comportements. Une obsession, pourquoi pas..

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