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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 08:04

Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir...

Robin COOK : j'étais Dora Suarez

« Pour moi, c’est une affaire qui sent le coup pourri ». C’est ainsi que définit le meurtre de deux femmes le flic chargé de l’enquête. Un personnage dont les lecteurs assidus de Robin Cook ont déjà pu lire quelques aventures (ou mésaventures) dans On ne meurt que deux fois, Les mois d’avril sont meurtriers, et Comment vivent les morts.

Ce policier solitaire, particulièrement acerbe, acrimonieux, agressif, vindicatif envers ses collègues, ses supérieurs et une grande partie de l’humanité, était en disponibilité, mis sur la touche à cause justement de son caractère et de ses méthodes d’investigation. Mais cette affaire semble dépasser les compétences de l’A14, le bureau des affaires non élucidées, et il se retrouve réintégré d’office pour mener à bien cette enquête. Une enquête dans laquelle notre policier hargneux, teigneux, s’investit complètement. Son mauvais caractère, son agressivité permanente, découlent peut-être de bonnes raisons mais ses façons de faire, de procéder, de s’exprimer ne peuvent que lui attirer rebuffades et inimitiés. Un duel permanent entre lui et les autres qu’il entretient avec une joie sado-maso. Seuls quelques personnes trouvent grâce à ses yeux et à ses sarcasmes. Des privilégiés.

 

Sadisme et masochisme englobent ce récit comme une délectation malsaine dans lesquels semblent se complaire le tueur de femmes mais également l’auteur de ce roman, Robin Cook. Cela dépasse largement le cadre du roman noir.

Un roman en deuil comme le définit si bien l’auteur, dont on connaissait par ses précédentes œuvres la propension à manier le noir, le pessimisme. Un auteur tourmenté, déchiré, obsédé, qui se libère dans ses écrits d’une façon violente.

Avec ce roman Robin Cook arrive presque à un point de non retour, dans des scènes qui parfois sont à la limite du supportable, dépassant les doses d’horreur des romans catalogués Gore. Une escalade malsaine qui peut laisser des traces, moins peut-être chez le lecteur que chez l’auteur, le lecteur se disant qu’après tout ceci n’est qu’un roman à ne considérer que comme une expérience unique.

 

Dans la vie, Robin Cook était à l’opposé de ses écrits, du moins pour ce que j’ai pu ressentir lorsque je l’ai connu puis fréquenté à diverses reprises dans des festivals qui sans être confidentiels étaient conviviaux. « Ah, Pôllll ! » me disait-il en me voyant, articulant mon prénom avec un accent rugueux mi-britannique, mi-aveyronnais, le sourire accroché à ses yeux et son immuable béret vissé sur la tête.

Un homme charmant, le cœur sur la main, gentil au possible dans la vie courante, consensuel, et que j’ai été amené à apprécier lors de nos différentes rencontres. Mais ça c’était dans une vie antérieure.

Robin COOK : j'étais Dora Suarez (I Was Dora Suarez - 1990. Traduction Jean-Paul Gratias). Réédition Rivages Noirs N°116. Parution septembre 1991. Réimpression avril 2016. 320 pages. 8,50€.

Première édition collection Rivages Thrillers. Editions Rivages. Parution 1990.

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commentaires

B
Sans conteste un des grands romans du XXe siècle. D'une rare violence mais pas gratuite !
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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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