Sont dans le prolongement des chemins
de la journée ?
A la tête depuis quatre ans d'une start-up florissante à Santa Barbara, Harry Pitman a décidé de la revendre et de s'occuper de ses affaires de famille.
Car ce qu'il spéculait, ce que sa mère sur son lit de mort lui avait confié, il vient d'en avoir la confirmation par courrier. Les résultats de l'analyse d'ADN sont catégoriques et irréfutables. Son père n'est pas son père !
Un vieil ami de la famille, Steve Curwood, auquel il se confie, affirme que Doris, la mère d'Harry, ne lui avait jamais parlé d'une incartade quelconque. Pourtant il se doutait de quelque chose, tout comme Harry d'ailleurs, le père se montrant froid et distant à l'encontre de son rejeton présumé.
Harry décide de retrouver son géniteur, s'il vit encore, tout au moins sa trace et son identité. Il rend visite à sa tante qui vit à Miami, de l'autre côté du continent, et celle-ci lui confirme que sa mère s'était confiée à elle. C'était lors d'un séjour à Paris alors qu'elle était déjà fiancée avec Pitman senior. Un amour impossible, bref mais fructueux.
Andrzej, son véritable géniteur, était un Polonais réfugié en France. De Paris il s'était rendu dans un petit village de l'est de la France pour y travailler. Et c'est ainsi que Doris, enceinte de ses œuvres, avait appris par un de ses camarades qu'Andrzej était mort, assassiné. Alors Harry Pitman qui ne compte pas son temps et son argent décide de s'envoler pour la Ville Lumière, muni de l'adresse de la logeuse de sa mère à Paris.
Un voyage qui débute sous de mauvais auspices, car lors de sa dernière nuit à Miami, il est agressé dans sa chambre d'hôtel. Un bristol a été laissé à son attention : Laisse tomber et tais-toi. Une menace que lui confirme une jeune femme sans vouloir lui en dire plus. Après avoir acheté quelques livres de Français afin de se remettre à la page, il téléphone au domicile de la logeuse, et apprend que la vieille dame est en maison de retraite médicalisée. Elle est sujette au mutisme mais possède parfois des éclairs de lucidité. Une photo de Doris pourrait peut-être l'aider à retrouver la mémoire.
A bord de l'avion qui l'emmène, Harry fait connaissance de Quentin, un Français venu rendre visite à son frère et qui rentre au pays natal. Quentin est webmaster pour un journal en ligne. Les deux hommes sympathisent. Harry, ses démarches effectuées avec succès à Paris, part pour la Pologne à la recherche d'Andrzej et grâce à Quentin, il peut se déplacer dans ce pays de l'Est et effectuer des démarches importantes, pour lui, avec l'aide de Kinga, une journaliste locale. Mais apparemment son entreprise de recherches ne plaît pas à tout le monde. Les embuscades ne manquent pas. Les risques de perdre la vie non plus. Mais qui lui en veut et pourquoi ? Ses recherches sur son père contrarieraient-elle un secret d'état ? Ou est-ce autre chose ?
Mais il est temps pour nous de nous rendre à Solieu, petite sous-préfecture des Vosges.
Agathe est trop altruiste, et elle recueille souvent chez elle des éclopés de la vie. Ceux-ci la plupart du temps n'ont aucun respect pour son geste généreux, et sabotent allègrement son réfrigérateur, sa cave, sa maison. Et le mari d'Agathe en a marre et il le dit fermement en claquant la porte et en allant voir ailleurs si l'empathie envers de tierces personnes est une maladie contagieuse.
Alors Agathe décide de se faire réconforter chez une amie et quitte son domicile pour la soirée. Plus longtemps qu'elle le pensait car un chauffard la percute. Paul Massat, inspecteur, pardon lieutenant de police, en colère contre son ex-femme pour des raisons familiales et de garde d'enfant, raisons sur lesquelles je ne m'étendrai pas, Paul Massat donc, ne l'ayant pas aperçue traversant en dehors du passage piéton, l'a carambolée. Pas trop de bobos, mais on ne sait jamais, direction l'hôpital pour quelques examens. Elle se présente, car même amochée légèrement, elle connait les règles du savoir-vivre : Agathe Boisrond, elle a décidé de reprendre son nom de jeune fille.
Paul Massat travaillait auparavant à la brigade des Stups, ailleurs, en banlieue, et une scène de crime, pour lui, c'est une nouveauté. D'autant que le mort auquel il est confronté ne semble pas dans son élément naturel. Il a été retrouvé dans une bicoque hantée par des sans-abris, des revendeurs de drogue, des marginaux, alors qu'il est propre sur lui. Et d'après le médecin légiste, l'homme est décédé de mort naturelle. D'un arrêt du cœur, comme tout le monde, mais sans blessures létales. Seuls objets encore présents dans sa poche, un trousseau de clefs. Avec ça, Massat pense qu'il ne va pas aller loin.
Grâce à l'autopsie et aux implants dentaires, l'identité du défunt peut être enfin connue. Il s'agit d'un nommé Boisrond. La veuve est effondrée. Son mari, gros banquier, avait l'habitude de rentrer tard, les clients à rencontrer, la routine quoi. Seulement d'autres affaires se greffent sur la mort de Boisrond. Tiens, au fait, comme Agathe... Sa fille. Donc d'autres affaires se greffent sur la mort de Boisrond. Des disparitions inexpliquées, dont l'envol d'un perroquet, des disparitions de jeunes filles surtout, et des maîtres-chanteurs dont la partition semble réglée au millimètre. Tout cela fait beaucoup pour Massat qui peu à peu va reconstituer l'écheveau dénoué.
Mais quel est le lien entre le Polonais, père d'Harry Pitman, et la mort de Boisrond. Un lien ténu, un lieu, des vieilles affaires qui se sont déroulées trente ans auparavant.
Lorsque le roman débute, nous voyons un homme qui sort d'un étourdissement, ne se souvenant de rien, allongé près d'un cadavre et d'un couteau. Il est devenu amnésique. Et ce thème de l'amnésie a été traité maintes et maintes fois en littérature policière, de John Franklin Bardin à William Irish, en passant par James Hadley Chase, Mildred Davis, Day Keene, Michel Quint, Don Tracy, Howard Fast... Mais Gilles Vidal le conduit à sa manière, sobrement, puisqu'il s'agit d'un prologue qui prend sa source en 1984, et que cela n'influe pas sur le déroulement du récit, ou si peu. Tout réside dans le final.
Parmi tous les personnages qui défilent dans ce roman, l'un d'eux attire l'attention. Le père de Paul Massat. Jules Massat, auteur réputé de romans de science-fiction, en panne d'écriture pour l'heure, non pas à cause de son ordinateur ou d'un manque de ruban encreur pour une machine à écrire obsolète, mais par la faute d'une inspiration défaillante. Et il possède un secret qui le taraude.
Gilles Vidal mène de front ces deux histoires, ces deux enquêtes, avec un art consommé de l'intrigue, semblant aller de gauche à droite (pas de politique !), maîtrisant ses effets, en avançant doucement mais sûrement dans les dédales du récit concocté efficacement, sans en avoir l'air.
Une invitation au voyage, de la Californie en Floride, de Paris en Pologne, pour se terminer dans une petite ville de province, mais dans le temps également, car comme souvent, toute histoire prend racine dans des événements qui se sont déroulés hier, ou avant-hier.
Gilles Vidal construit ce roman sans effets de manches, mais en homme sachant que tout réside dans la simplicité, l'humanisme, la rigueur, même s'il semble se disperser.
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