Contrairement à Serge Gainsbourg qui chantait Je suis venu te dire que je m'en vais, Michel Averlant est parti, sans tambour ni trompette, sur la pointe des pieds, rejoindre le Paradis des romanciers et des directeurs littéraires.
C'est par un contact Facebook (je n'aime pas le vocable d'ami lié à Facebook, cela me donne l'impression de faire partie d'une secte), que j'ai appris le décès de Michel Averlant le 23 septembre de cette année 2015. Apparemment, à preuve du contraire, les médias et magazines spécialisés n'ont pas évoqués cette disparition, alors un petit hommage se devait de lui être rendu pour bons et loyaux services.
Né le 2 février 1931 à Malo-les-Bains (Nord) et après de multiples petits boulots, Michel Averlant intègre Détective-Club, dirigé par Frédéric Ditis, le 16 août 1953. Officiellement il sera secrétaire, mais ses missions sont diverses : taper le courrier, faire les paquets, établir les factures, corriger les épreuves et séduire... les critiques. Ceci de 1953 à 1955, arrêt de Détective-Club.
Frédéric Ditis crée alors La Chouette en compagnie de Geneviève Manceron, qui avait intégré la petite équipe en 1954, et Michel Averlant. Ditis avait décidé de se passer des auteurs et de se partager le travail à trois. C'est ainsi que les premiers paraissent sous les noms de Michel Averlant, qui pensait prendre un pseudonyme mais y a finalement renoncé, et de Bruno Bax, alias derrière lequel se cachait Geneviève Manceron
Frédéric Ditis trouvait des idées de livres et les confiait à des nègres qui en faisaient des canevas. Puis Geneviève Manceron et moi devions rédiger les bouquins au rythme de six par an.
Des rééditions complétaient cette première livraison, des Anthony Morton, créateur de la série Le Baron, et des rééditions issues du catalogue Détective-Club, dont Ange de William Irish.
Avant d'entrer chez Ditis, je ne lisais guère de romans policiers. Je trouvais cela plutôt rasoir. Les écrire, j'ai trouvé cela encore plus rasoir ! J'avais horreur d'écrire, j'avais horreur de Ludovic Martel, mon "héros". J'avais horreur des canevas que pondait ce nègre. C'était un type très gentil que j'ai rencontré après et qui trouvait que je gâchais ses idées.
Ensuite Michel Averlant part aux Etats-Unis pour étudier l'anglais pour devenir traducteur à temps complet. Il rentre en France à la demande de Ditis en 1966 afin de s'occuper de la collection J'ai Lu Policier. Puis J'ai Lu policier cède le pas également. Il travaille également pour la radio, adaptant notamment La Dame du lac de Chandler, et a travaillé pour quelques épisodes de L'homme à la voiture rouge d'Yves Jamiaque, un feuilleton-radiophonique qui connaissait alors un énorme succès.
La raison de cet abandon ?
Parce qu'on ne vendait plus qu'à 25 000 exemplaires, ce qui, à l'époque, n'était pas suffisant.
Ensuite Michel Averlant devient chef de fabrication lorsque Jacques Sadoul entre chez J'ai Lu en 1968. Il assure les traductions, les corrections, et entre 1978 et 1982 effectue de nombreuses "fugues" pour aller vivre durant trois mois au Brésil, revenant en France trois mois puis repartant. Lattès lui propose alors de travailler chez Hachette puis Le Masque.
J'étais stupéfait ! Je croyais la collection morte et enterrée depuis longtemps. Lattès m'a proposé d'y faire ce que je voulais.
Michel Averlant dépoussière la vieille dame et crée deux nouvelles collections internes au Masque : Les Maîtres du Roman Policier puis Les Reines du Crime, rééditant des classiques devenus introuvables publiés à l'origine au Masque ou dans des collections comme L'Empreinte, Détective-Club, La Tour de Londres...
Surtout il fait retraduire les romans d'Agatha Christie, lesquels avaient connus des coupes lors de leurs premières parutions. Il remet au catalogue les romans de John Dickson Carr et propose de très nombreux inédits. Et il ouvre son catalogue à de jeunes auteurs étrangers leur permettant de se faire connaître. Réginald Hill, Peter Lovesey, ou encore Ruth Rendell qui avait déjà publié par ailleurs mais dont le nom brille d'une aura scintillante, ou encore des Français tels que Michel Grisolia, Alexis Lecaye alias Alexandre Terrel, Paul Halter, Andréa H. Japp...
Michel Averlant était un homme très discret et il n'existe guère de photos de lui.
Sources : Les métamorphoses de la Chouette. Ouvrage de Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret. Futuropolis. Octobre 1986. Entretien réalisé par Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret en février 1986.
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