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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 15:41

Mais il y eut aussi les braves gars de la rade !

Marek CORBEL : Les gravats de la rade. Zone d'ombre sur Brest.

Imaginez que vous entrez dans une salle de réunion? De petits groupes de quelques personnes bavardent, discutent, conversent. Vous vous approchez de l'un puis de l'autre, essayant de comprendre les propos échangés, mais tout cela vous parait fort confus.

Puis à un certain moment vous prenez en oreille un fil auquel vous vous raccrochez. Vous tirez doucement dessus et ce lien ténu en ramène d'autres, comme une dentelle, comme un filet de pêche, une nasse grouillante et vous parvenez enfin à relier tout ce puzzle qui joue avec le temps. Des événements qui se déroulent pour certains à partir de la fin octobre 2011 à Brest et ses environs, pour d'autres en octobre 1943 dans la prison Jacques Cartier de Rennes.

 

Dans un coin, des personnes évoquent la mort de la veuve Le Moign, riche héritière d'un élevage porcin industriel et d'une conserverie de pâtés fort prisés. Elle est décédée dans l'incendie de sa villa de Plougonvelin, seulement à l'autopsie il est démontré qu'elle possède dans le corps un plomb impropre à la consommation. Il s'agit d'une balle provenant selon toute vraisemblance d'une arme ancienne et étrangère. L'affaire est confiée au capitaine Gourmelon, de la gendarmerie territoriale, ce qui n'arrange vraiment pas son ex-femme qui pense qu'il a encore trouvé une échappatoire pour se défiler de la garde des gamins. Et comme le garçon a été privilégié par rapport à la fille, les doutes sont permis sur une éventuelle jalousie.

 

Dans un autre endroit, on parle du corps d'un vieil homme a été ramené dans ses hélices. Un vieil homme âgé de près de soixante-dix ans selon les premières constatations. L'homme était atteint d'une tumeur en phase terminale au cerveau. Un suicide, apparemment par une balle, seulement la balle proviendrait d'une arme à feu ancienne et étrangère. Et comme il est impossible de retrouver l'arme, là aussi des doutes se forgent dans les neurones de Sahliah Oudjani, lieutenant à la gendarmerie maritime. L'affaire n'avance pas assez vite au goût du juge Salaun. Le cadavre est bientôt identifié, il s'agit d'un ancien responsable de la Fraction armée rouge en Allemagne de l'Ouest dans les années 1970, début 1980, du nom de Hans Schwitzer, qui a passé une vingtaine d'année en prison et n'a été libéré qu'en 2005.

 

Voyons ce qui se dit ailleurs, dans un autre groupe. Il est question de Maryse Dantec, nouvelle retraitée qui a décidé de reprendre ses études d'histoire, de passer un master II, dont le thème est lié à la Résistance à l'Arsenal de Brest durant la seconde guerre mondiale. Par la même occasion elle veille sur son père hospitalisé à Brest, et qui fut durant quelques décennies maire communiste de la ville de Saint-Denis, l'un des fiefs de la ceinture rouge parisienne.

 

Enfin, dans un coin, cachés dans une pénombre prononcée, des silhouettes plongées dans une opacité entretenue, se remémorent Yves, interné dans la prison Jacques Cartier de Rennes. Des fantômes qui ont pour nom Eliane, Robert-Max, Guermeur, Dantec, Morriss, un employé de la préfecture, un nommé Mercier qui fricote avec les Nazis qui tiennent Brest, et le patronyme de Trotski qui flotte comme un étendard, des phrases qui circulent emportées par le vent, La crise historique de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire, des probabilités avancées, le basculement possible des staliniens, choisir entre une idéologie ou des représentants de la bourgeoisie, Churchill, De Gaulle, des problèmes de conscience, des trahisons...

 

Peu à peu les groupes du capitaine Gourmelon et du lieutenant Oudjani se rapprochent insensiblement, car il est indiscutable que les deux affaires qu'ils ont en charge sont liés.

 

Des souvenirs segmentés, comme incomplets...un lien ténu entre hier et aujourd'hui, qui tire dans sa nasse la bêtise humaine, séculaire, l'aveuglement de quelques dogmatiques qui pensent détenir la vérité, et qui conduisent aux meurtres via une lâcheté stupide et dégénérée. L'histoire se répète, pas toujours dans les mêmes circonstances, pas toujours au même endroit, mais l'on ne peut nier quelques corrélations entre événements d'hier et ceux d'aujourd'hui, celle d'idéologies malsaines, néfastes ou mal interprétées.

Et comme trois avis valent mieux qu'un je vous invite à visiter les liens ci-dessous :

Marek CORBEL : Les gravats de la rade. Zone d'ombre sur Brest. Collection Zones Noires. Editions Wartberg. Parution 17 septembre 2015. 208 pages. 10,90€.

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commentaires

A
Le titre ne présage pas d'une lecture rigolote.
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O
Tu as deviné Alex...
C
Merci pour le lien, Paul.<br /> Je ne rajoute rien car j'avoue que la situation m'empêche de réfléchir à 100% depuis les derniers attentats. <br /> Amitiés.
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O
Bonjour Claude<br /> De rien, pour le lien, quant à la situation, elle nous échappe, et c'est pour cela qu'il faut continuer à œuvrer, dans la dignité mais sans peur. Le but recherché est justement de déstabiliser. <br /> Amitiés
P
Salut Paul, Ce roman aborde finalement un thème tristement à l'ordre du jour : L'idiotie des idéologies et la connerie de ceux qui les suivent. Merci pour le lien. Amitiés
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O
C'est vrai Pierre<br /> Comme je l'écris, l'histoire se répète, malheureusement, je pensais à se qu'il vient de se passer en finissant d'écrire mon billet. Et comme le chantait Brassens :<br /> Mourir pour des idées, l'idée est excellente<br /> Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu<br /> Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante<br /> En hurlant à la mort me sont tombés dessus<br /> Ils ont su me convaincre et ma muse insolente<br /> Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi<br /> Avec un soupçon de réserve toutefois<br /> Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente,<br /> Amitiés

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