Pas pire que sous le lit...
Bernie, qu'est-ce que vous diriez de vous faire vraiment un joli paquet ? Je suppose que les cambrioleurs ont chacun leur spécialité mais il ne doit pas y en avoir un seul qui n'aime pas voler des bijoux.
Cette réflexion émanant de Craig Sheldrake, son dentiste, alors que Bernie Rhodenbarr est en train de procéder à la révision systématique de son matériel de mastication, est une demande déguisée. Craig et sa femme Crystal, qui sont en instance de divorce, vivent séparément. Or Craig, qui n'a pas déclaré toutes ses interventions dentaires, a placé son argent dans des bijoux, bijoux qui sont en possession de Crystal. Et il aimerait pouvoir les récupérer.
Bernie accepte de dérober les fameux joyaux de Crystal, pendant une absence de celle-ci, sachant qu'il en récupérera une grosse partie. Crystal habite une résidence huppée, et il est facile pour Bernie de s'introduire dans l'appartement de Crystal le jeudi, et non le samedi comme il l'avait laissé entendre à Craig. Il met main basse sur des billets, cachés comme le supposait Craig dans le réfrigérateur, puis sur les bijoux dans la pièce principale de la dame, c'est-à-dire la chambre. Et il range le tout soigneusement, soit dans son portefeuilles, soit dans une mallette qu'il a emprunté à un étourdi. Enfin, quand je dis emprunté...
La mauvaise surprise est le retour inopinée de Crystal, qui plus est en compagnie. Bernie a juste le temps de se cacher dans un placard à vêtements, avant l'entrée du couple dans la chambre. Comme Bernie, nous passerons rapidement sur ce qu'il se déroule, pendant exactement vingt-trois minutes. Le partenaire reparti chez lui, Crystal décide de prendre une douche afin de nettoyer la patine de l'amour, et prenant une sortie de bain dans le placard, enferme à clé notre pauvre cambrioleur. Ce ne sont pas les quelques manipulations à effectuer pour se dégager de cet endroit exigu qui gênent Bernie, mais bien le fait que la sonnette retentit, que Crystal ouvre la porte d'entrée, puis qu'il entend des cris, un hurlement, et découvre, enfin libéré, la jeune femme sur son lit, le cœur transpercé par un objet pointu. Le pis n'est pas que Crystal soit morte, mais que la mallette ait disparu.
Par Jillian, l'assistante de Craig, Bernie apprend que celui-ci a été inculpé, les soupçons de meurtre se focalisant sur lui. Jillian est très proche de Craig, et elle sait que Bernie devait visiter l'appartement de Crystal. C'est le moment choisi par deux policiers, qui ressemblent à Laurel et Hardy mâtinés de Starsky et Hutch, en charge de l'enquête sur le meurtre, de se présenter. Ils possèdent soi-disant l'arme du crime, un scalpel dentaire, mais en réalité, ils en ont acheté un en cours de route, là où tous les dentistes s'approvisionnent pour ce genre d'appareils. Le véritable est en lieu sûr.
Mais Bernie est bien obligé de se présenter, et de déclarer qu'il rendait une petite visite à son amie. Rhodenbarr, un nom qui éveille quelques souvenirs dans l'esprit de Todras et Nyswander, les duettistes de la criminelle. Bernie n'a pas beaucoup de marge de manœuvre pour essayer de découvrir qui est le véritable assassin, afin non seulement de disculper Craig mais également pour se disculper lui-même car il sent que les soupçons vont bientôt se focaliser sur lui. Et bien évidemment il souhaite retrouver la mallette contenant les bijoux qu'il a dérobé !
Bernie commence à rechercher les personnes ayant pu avoir un contact avec Crystal, et ce sera au détriment de sa santé car il est obligé d'écumer les bars et de consommer, notamment lorsqu'il rencontre Frankie une jeune femme qui aime la bouteille. Toutefois les renseignements qu'il récolte ne sont pas vains, et cela le mène vers des individus mariés, ou pas, potentiellement amants de Crystal, et qui sont soit avocat, soit artiste peintre ou autre.
L'épine dans le pied de Bernie se concrétise sous la forme de Ray, policier miteux, fauché, pas subtil comme il aime à l'avouer et qui marche à l'évidence. Et pour lui l'évidence réside en le fait que Bernie est le voleur de bijoux, et il aimerait bien palper quelques gros billets en échange de sa neutralité.
Sur le thème classique de l'accusé qui doit se débrouiller pour établir son innocence, Lawrence Block déroule une histoire à la trame simple mais efficace, en remontant les pistes de personnages qui souvent sortent de l'ordinaire, de par leurs faits et gestes.
Bernie Rhodenbarr, le cambrioleur malchanceux, narre à la première personne cette aventure dans laquelle l'humour est toujours présent. Humour de situation, humour des dialogues, humour des réflexions qu'il se fait, le tout enrobé de noir.
Le réfrigérateur est toujours intéressant. Un nombre surprenant de gens rangent leur argent dans la cuisine et beaucoup le cachent dans le frigo. Pour avoir de l'argent frais, je suppose.
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http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2015/10/lawrence-block-le-blues-des-alcoolos.html
Lawrence BLOCK : Le monte-en-l'air dans le placard (The Burglar in the Closet - 1978.Traduction de France-Marie Watkins). Super Noire N°130. Parution mars 1979. 256 pages. 2,80€.