Le rouge et le noir ?
Le hold-up d'une banque près du boulevard du Temple a été minutieusement étudié durant deux mois par Frédo.
C'est le grand jour et Louis Bertain, le chauffeur, Frédo dit Quesquidi, Raymond le Matelot et Pépito le Gitan, sont prêts, les outils de travail, des armes à feu, en mode fonctionnement. Lorsque l'encaisseur et le convoyeur arrivent avec une mallette à la main, l'opération subtilisation est entamée. Seulement, quelques coups de feu, Frédo qui panique, et un policier trop près du lieu de vol, font que l'affaire ne se déroule pas exactement comme prévu. L'encaisseur est blessé et le flic reste sur le carreau. Il recevra une médaille à titre posthume. Puis ils regagnent leurs pénates, mais il y a de la tension dans l'air. Une cinquième part est prévue pour l'encaisseur qui leur a fourni les tuyaux.
Deux jours plus tard, un homme rôde dans une petite rue du 18e arrondissement, près de Montmartre. Il s'agit de Pierre Bertain, le jeune frère de Louis le Blond, qui rend visite à Hélène, sa maîtresse. Il a purgé quelques mois de prison et aujourd'hui il est assigné à résidence à Lagny en Seine et Marne. Mais cela fait deux mois qu'il n'a pas vu la belle Hélène qui le prend pour une poire. Il travaille dans un garage, a réalisé quelques économies qu'il lui remet et au petit matin, il quitte l'appartement. Nous serons évasif sur ce qui s'est déroulé durant la nuit. Seulement des policiers l'attendent à la porte de la rue et il se fait arraisonner et emmené au commissariat le plus proche. Ce sont des policiers de la P.J. et ils aimeraient bien que Pierre Bertain serve d'indicateur sur les relations de son frère. Il refuse et se retrouve dans une geôle où notamment est enfermé un jeune homme.
Louis le Blond rend visite à sa mère, une marchande des quatre saisons, et il apprend par le voisin de cellule de son frère les incartades de celui-ci. Peu après il surprend Hélène sortant de son travail et attendue par un bellâtre. Il voulait savoir si par hasard elle ne serait pas à l'origine de l'interpellation de Pierre. Et il la moleste, assez pour que celle-ci lui en garde rancune. Mais ce n'est pas tout, il a du travail sur la planche : remettre les idées en ordre de Frédo et préparer un nouveau casse à Dourdan.
Avouons-le tout de suite, ce roman, fortement ancré dans son époque, le début des années 1950, a pris quelques rides qui, si elles ne sont pas rédhibitoires, le rendent toutefois un fade.
Evidement Auguste Le Breton utilise comme ses confrères de l'époque l'argot, la langue verte, ou encore le manouche, mais au lieu d'un glossaire en fin d'ouvrage, ce qui est pénible à compulser car dans ce cas on perd du temps, mais en bas de page, ce qui facilite la lecture.
Louis Bertain alias le Blond est un truand qui possède ce dont certains se vantent : le code de l'honneur. Il ne boit pas, ne fume pas, ne touche pas à la drogue personnellement et comme activité illégale, et n'apprécie pas les maquereaux :
S'il méprisait les sœurs, il ne les dépouillait pas. Et si quelque chose le débectait encore plus que les sœurs, c'étaient les maqs. Il ne comprenait pas qu'on puisse s'abaisser à se faire entretenir. Se mouiller en homme, oui ! Risquer sa vie, sa liberté, oui ! Mais encaisser le pognon des nanas? Dépendre d'elles ? Plus souvent. Pourtant s'il l'avait voulu...
C'est un dur, mais ses relations avec sa mère sont des moments privilégiés. Elle ne veut pas qu'il termine comme son père, avec un surin planté dans le corps. Bertin est un truand au grand cœur, comme les romanciers aimaient les décrire dans les années 50, n'étant pas complètement pourri contrairement à ceux qui sont mis en scène la plupart du temps de nos jours.
Mais au final Le rouge est mis se révèle quelque peu ennuyeux, à la trame simpliste. Auguste Le Breton est nettement plus crédible et intéressant avec sa série des Rififi publiée dans la collection Un Mystère des Presses de la Cité, ou encore Le clan des Siciliens, et ses ouvrages inspirés de son enfance comme Les hauts murs chez Denoël. D'ailleurs Le rouge est mis sera le troisième et dernier roman de Le Breton à la Série Noire, son premier étant Du rififi chez les hommes.
Ce roman a été adapté au cinéma par Gilles Grangier sous le titre éponyme en 1957, avec dans les rôles principaux, Jean Gabin, Lino Ventura, Marcel Bozzuffi, Jean-Pierre Mocky, Annie Girardot et Paul Frankeur.
Auguste Le BRETON : Ils ont dansé le Rififi. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Hommage à Auguste Le Breton né le 18 février 1913. Deux jeunes filles interprétant sur le trottoir de vieilles chansons d'avant-guerre, il n'en faut pas plus pour qu'Auguste Le Breton, assis à...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2015/02/auguste-le-breton-ils-ont-danse-le-rififi.html
Auguste Le BRETON : Le rouge est mis. Série Noire N°213. Parution octobre 1954. 190 pages.