Hommage à Bob Leuci, décédé le 12 octobre 2015.
Depuis dix-neuf ans, Marjorie Buttera, surnommée Captain Butterfly, est dans la police, et après avoir fait ses classes sur le terrain, elle est actuellement à la DAI (Division des Affaires Internes), la police des polices. Marjorie prend son boulot à cœur, n’hésite pas à braver des inspecteurs chefs comme Janesky qui règne en véritable petit potentat outrepassant ses droits et ses devoirs tant dans son quartier de Red Hook à Brooklyn que sur ses hommes.
Marjorie veut une police propre, responsable, soucieuse de son éthique. Elle en fait un acte de foi, et combat, insensible aux retombées possibles. Charlie Rose, son amant, journaliste, tente toutefois de la temporiser, la mettant en garde contre de possibles dangers. Marjorie n’en a cure. Elle sait que Janesky et ses hommes sont coupables de corruption, qu’ils violentent et torturent les criminels, les truands qui leur tombent sous la main. Mais son intime conviction ne suffit pas, il lui faut apporter des preuves afin d’évincer ces brebis galeuses.
D'autant que pour tous, seuls les résultats comptent. Elle se sert d'indicateurs qui travaillent au sein même du commissariat sur lequel elle enquête. Ken Malloy mis provisoirement hors course, elle jette son dévolu sur Franck Bosco, flic intègre mais qui préfère garder les yeux fermés sur ces exactions. Franck vient de vient de perdre Murray, son coéquipier en qui il avait toute confiance, même s'il traficotait par-ci, par-là. C mais il en veut pas voir la réalité en face. Sa femme et sa fille sont en Floride et il attend avec impatience sa retraite. Surtout il ne veut pas d'éclaboussures qui lui feraient perdre le bénéfice de sa pension alors qu'il n'a plus que six mois à tirer. Cependant, certaines choses le révoltent. Ainsi Ronnie, la jeune fille dont il s’est entiché, se pique et il se promet de la sauver.
Marjorie se dresse en purificatrice de la police. Sans peur et sans reproche, elle combat les traîtres à la profession, ceux qui dérogent à la déontologie. Elle est animée d’une foi presque intégriste. Mais elle ne se rend pas compte qu’elle flatte en même temps son ego et que son intransigeance risque de tout balayer sur son passage.
Elle entraîne sous son étendard des hommes fatigués, usés, qu’elle parvient toutefois à exalter. Elle s’apitoie légèrement sur le sort de Franck, blessé au cours de la dernière algarade, mais Franck mort, elle eut été tout de même satisfaite d’avoir mené à bien sa mission.
Une mission qu’on lui avait confiée et qu’elle s’est appropriée.
Bob LEUCI : Captain Butterfly (Captain Butterfly. Traduction de Annie Hamel). Rivages Noir N°149. Parution mars 1993. 304 pages. 9,15€.