Le Triangle des Bermudes parisien...
Marc Villard nous emmène dans un quartier chaud de Paris, situé dans un triangle Porte de la Chapelle, Barbès, Place de Clichy, sur les traces d’un éducateur de rue.
Tramson sillonne le XVIIIe arrondissement, aidant, motivant, secourant selon les situations des adolescents en délicatesse avec leur scolarité, de jeunes ouvriers qui manquent d'allant ou encre des mineures attirées dans les filets de maquereaux sans complexes.
Il est à la recherche de Fred Ballestra, le frère mineur d'une vedette de la techno. Le musicien s'est refusé à céder à un chantage et bien évidemment les malfrats veulent le faire plier en lançant un contrat sur son frère
Tramson retrouve assez vite l'adolescent dans la rue, et il essaie de le convaincre de rentrer dans sa famille. Sur le trajet, l’adolescent fait une halte dans une échoppe de restauration rapide servant du couscous et en ressort avec un stylet en plein cœur.
Seulement cette démarche s'avère plus complexe que Transom le supposait, une affaire de drogue se greffant sur cette disparition et l'artiste n'étant pas si net qu'il aimerait bien le faire croire.
Marc Villard est un tendre, un poète, un romantique, et malgré la noirceur de certains passages du roman, sous couvert de pessimisme, c’est un optimiste décrivant avec réalisme les vicissitudes d’une population d’émigrés, mais aussi de paumés, microcosme alimenté par un désabusement, une désillusion morale de la jeunesse, une déchéance physique due au chômage, à la drogue, marginalités de vaincus qui ne demande qu’à s’étendre, malgré les déclarations politiques de tout bord et peut-être aussi du je-m'en-foutisme général.
Les années ont passé depuis la parution de ce roman au Mascaret, dans une collection alors dirigée par Claude Mesplède, en 1987, mais rien n’a changé concernant ces rejetés de la société, au contraire.
Marc VILLARD : Rebelles de la nuit. Série Noire N°2653. Parution juin 2002. 160 pages. 7,65€.