Quand on vous dit de ne pas la franchir...
Séparé d'avec sa compagne, Laurent quitte la Bretagne, où il s'est établi pour se régénérer, deux fois par mois et monte à Paris chercher sa gamine de deux ans, un petit bout-chou déjà bien ancré dans la vie.
Lorsqu'il débarque dans la capitale, il loge chez une cousine par alliance, Muriel, et son mari Philippe. Quelle n'est pas sa surprise ce jour-là en entrant dans l'appartement de trouver porte ouverte et des inconnus fouiller méthodiquement le logement. Ce ne sont que des flics qui lui apprennent que le couple a été victime des balles de deux tueurs en moto, à la terrasse d'un café.
Exit Philippe. Muriel est hospitalisée dans un état critique.
Convoqué à la P.J. par le commissaire Chenevez, Laurent subit un interrogatoire serré sur ses relations avec Muriel et Philippe. L'origine de ces meurtres et tentative de meurtre semble être la drogue. Laurent s'emploie à trouver le fil conducteur de cette intrigue dans laquelle il se sent impliqué. D'autant qu'un autre attentat similaire a eu lieu peu de temps auparavant sur la personne d'Ali Vakili, un Turc. Laurent fait appel à ses connaissances gravitant dans les milieux journalistiques et artistiques, et se trouve entraîné dans une spirale, ménageant la chèvre et le chou, les dealers et les policiers.
Dans ce court roman, José-Louis Bocquet, qui a lui-même travaillé à TF1 avant la privatisation de la chaine, ne ménage pas ses coups de griffes à ce monde fermé ainsi qu'au milieu de la chanson et des vidéo-clips.
Son roman est une nouvelle pierre à l'élaboration d'une comédie, ou tragédie, humaine. Le lecteur est accroché mais les histoires de drogue risquent à la longue d'engendrer une overdose et ne plus constituer auprès du public cet impact bénéfique dénonçant les méfaits des paradis artificiels. Il s'ensuit une banalisation des maux de la société.
Je reprocherai à José-Louis Bocquet un emploi inutile de ces locutions américaines qui parsèment son roman, réservées à une catégorie d'individus branchés auxquels les lecteurs n'adhèrent pas toujours. On me taxera peut-être de rechercher la petite bête mais j'ai également relevé cette incohérence : Laurent, fils unique issu d'enfants uniques est cousin par alliance avec Muriel. Jusque là pas de problème. Mais le père de Muriel se serait remarié avec une tante de Laurent. Où a-t-il donc pu aller chercher cette parentèle ?
José-Louis BOCQUET : Sur la ligne blanche. Série Noire N°2309. Parution le 13 janvier 1993. 176 pages. 6,05€.