Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 12:54

Et tape, et tape avec tes battoirs,

et tape, et tape, tu dormiras mieux ce soir..

Jérémy BOUQUIN : No limit.

Une usine désaffectée transformée en salle de spectacle et Jane qui est là, concentrée, attendant dans sa bulle l'heure de se mettre en jambe.

Charlie a tout prévu, il veille à tout, véritable mère poule veillant sur Jane, vérifiant sa trousse de secours avec ses petites doses d'amphétamines, de cocaïne, et autres produits dopants, effectuant la mise en place.

L'heure approche, Jane commence à se dévêtir et à réciter ses gammes, dansant sur place, s'échauffant, s'étirant, tout un processus à respecter avant d'entrer en scène.

Combat dans cinq minutes !

Derniers préparatifs dont s'acquitte Charlie avec conscience. Jane est sérieusement amochée, côtes fêlées lors de son dernier combat, mains cassées, gonflées, bandées.

Malgré tous ses bobos, Jane est prête à combattre. Elle a la hargne, la haine, pourtant ce qui l'attend n'est pas une promenade de plaisir sur un ring.

Car Charlie, son entraîneur, préparateur physique, soigneur, est également recruteur pour Augusto. Et il recrute de tout, des professionnelles, des clochardes, des prostituées, des alcooliques, des droguées, des déprimées, toutes celles qui acceptent de s'affronter sur un ring qui n'est pas délimité, nues, sans observance de règles définies et précises de combat. Tout les coups sont permis, et parfois la mort est au rendez-vous.

Ce sont des tueuses ! Elles se font démonter le portrait pour le plus grand plaisir du public qui en redemande. Parbleu, s'il paie, le public n'est pas à leur place, il n'encaisse pas les coups le public. Des voyeurs vicieux qui peut-être rampent devant leurs femmes, la tête et le reste en berne. Et qui se complaisent dans ce jeu de massacre monté en toute illégalité. Et parmi les spectateurs qui se pressent pour ce genre de démonstration alliant le sexe et le combat, de nombreux bourgeois, des patrons, des cadres qui s'encanaillent et se rincent l'œil.

Mais c'est Jane qui est venue dans la salle de boxe de Charlie, c'est elle qui a voulu entrer dans son harem de "Girl's Fight", délibérément, en pleine conscience, peut-être avec une arrière-pensée.

 

Pire qu'un combat de coqs, cette forme de pugilat où tous les coups sont permis, même les plus bas, d'ailleurs ils sont fortement conseillés, ces rencontres laissent un goût amer. Et l'on se prend de pitié pour Jane qui ne veut pas plier, coucher les pouces. On encaisse en même temps qu'elle les horions distribués avec sauvagerie.

Jérémy Bouquin n'y va pas avec le dos de la cuiller, ce serait même plutôt avec une fourchette qu'il pique afin de faire mal. Pauvre clavier, il a dû en recevoir des coups lorsque l'auteur tapait son texte. Mais c'est le reflet d'une époque, il faut un exutoire pour compenser les coups de la vie.

Une nouvelle âpre, rude, violente et pourtant il se dégage comme une forme d'humanisme. Certes Charlie n'est pas présenté à son avantage, il possède plusieurs coups fourrés dans ses gants qui ne sont pas de velours. Aussi oublions-le et tournons nos regards vers Jane qui se livre à ce jeu de massacre pour une raison bien précise. Et ce n'est pas pour la gloriole.

La parabole de la violence qui insidieusement d'étend des banlieues jusqu'à la campagne, pour des doléances diverses, car la parole ne suffit plus pour revendiquer le besoin de s'exprimer et d'affirmer des positions que les manifestants jugent légitimes. Mais surtout la dénonciation de cet attrait malsain des voyeurs qui recherchent la violence par procuration via le cinéma, la télévision, les jeux vidéos et les exhibitions tarifées.

 

Jérémy BOUQUIN : No limit. Collection Noire Sœur. Editions Ska. 0,99€.

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
J'ai adoré cette nouvelle ! Amitiés
Répondre
O
Je suis moins enthousiaste que toi Pierre, j'ai préféré Sex phone du même auteur, pour la chute qui n'est pas téléphonée, quoique...<br /> Amitiés.

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables