Et ceux-là ne sont pas en celluloïd !
Si quelqu'un ne m'avait pas conseillé vivement de lire ce roman, je dois avouer que je serais passé à côté d'un roman attachant, prenant.
Si le sujet est neuf, ce qui est déjà un bon point, la manière de développer ce sujet, de faire dialoguer les personnages, de camper ceux-ci et d'établir une relation de connivence entre l'auteur et le lecteur, par narrateur-héros interposé, à l'aide de touches sentimentalo-humoristiques, accroche dès la première page le lecteur.
La disparition de femmes enceintes et la découverte d'un trafic d'adoption de bébés, trafic illégal, sont des thèmes qui auraient pu être traités dans un style mélo jouant avec les grands sentiments. Ce n'est pas le cas, le mouchoir en papier n'est pas fourni avec le livre.
L'auteur, Lee Martin, a su établir la différence entre sensibilité et sensiblerie. Sensibilité donc car le thème est grave, sérieux, mais cette pointe d'humour indispensable à mettre en valeur les situations dramatiques est toujours présente.
Deborah Ralston, mère adoptive de trois enfants, femme-flic, jeune grand-mère, s'est remise au jogging, autant pour tenir la forme que pour entretenir celle de son chien. Et c'est justement au cours d'une séance de course qu'elle découvre le cadavre d'une jeune femme enceinte. C'est tout naturellement que l'enquête lui est confiée. Et nous assistons à une tranche de vie familiale typiquement américaine, bon enfant, décontractée, humoristiques et débridée, dans laquelle les chips et le Coca-Cola sont les éléments nutritionnels de base. Les investigations de Deborah Ralston sont toujours freinées par son capitaine qui a la phobie des heures supplémentaires, soit par la législation qui impose des limite à son rayon d'action, soit par un ulcère tenace et inopportun à l'estomac.
Ce roman se lit d'une traite tellement le lecteur est pris par l'intrigue, mais hélas ce sera le seul roman de l'auteur à être traduit. Le seul sous le nom de Lee Martin, je précise car deux autres romans seront traduits par la suite, Le crâne en fleur (SN N°2258) et La mort préfère les blondes (SN N°2271), sous le pseudonyme d'Anne Wingate et dont le véritable patronyme est Martha Guice, ancienne policière de son état.
Lee MARTIN : La foire aux poupons (A conspiracy of Strangers - 1986. Traduction de Noël Chassériau). Série Noire N°2118. Parution novembre 1987. 288 pages.