La mariée sera en noir ?
La télévision ne se nourrit plus de fictions, de variétés pour jeunes dans le vent ou papys nostalgiques.
Le fin du fin ce sont les émissions qui proposent suspense, émotion et sentimentalisme, quelques larmes à l'appui. Mais pardonnez-moi, j'ai oublié de me présenter: Martin Paradis, enquêteur à l'émission culte et télévisuelle, Retrouvailles.
André Bardin, le producteur de cette émission, me convoque dans son bureau et m'impose presque ma nouvelle mission : retrouver Benjamin Fallières, trente-sept ans, célibataire, expert en autographes, et dont la famille est proche de celle de Loubet, le grand patron de la chaine.
Le dossier que me remet le secrétaire de Loubet, Marcaillou dit le Boiteux, n'est guère épais. Une photo noir et blanc, quelques cartes de visite, une feuille blanche sur laquelle est écrit Beffara Ferrière, ce qui ne me dit rien du tout, et un classique scolaire, Le Bourgeois Gentilhomme de Molière.
Ma première visite est pour un collectionneur, expert en autographes lui aussi, et qui vieille école n'appréciait pas la façon de procéder de Fallières.
Je fais la connaissance d'Adeline, la sœur de Fallières ainsi que de sa voisine, une belle plante à la poitrine opulente, mais tout cela n'avance en rien mon enquête. Il ne me reste qu'une chose, fouiller et encore fouiller dans le passé de ce disparu volontaire ou non. Et ce que j'apprends n'est pas joli, joli. De famille aisée, Fallières et sa soeur ont fait les quatre cents coups aidés en cela par le Boiteux. Et c'est au cours d'une virée mal négociée que le Boiteux s'est retrouvé handicapé avec un mort sur la conscience.
Tout cela ne serait rien si l'expert auquel j'ai rendu visite n'était retrouvé assassiné. C'est alors que j'apprends que Fallières était sur la piste de manuscrits à la valeur inestimable : ceux des pièces de théâtre de Molière. Alors en compagnie d'Adeline et du Boiteux nous parcourons les Etats-Unis et l'Europe sur les traces de Fallières que certaines personnes ont cru voir ici et là. Mais je dois vous quitter car d'inquiétants personnages affublés de lunettes noires me suivent et je n'aime pas ça.
Et si vous voulez connaître la suite de mes aventures, je vous invite à lire J'épouserai plutôt la mort, un roman de Frédéric Castaing, un jeune auteur qui écrit en phrases courtes, hachées, comme s'il rédigeait un scénario. Il rend avec une justesse de ton l'atmosphère de cette histoire en équilibre avec le passé et le présent.
Seul reproche, sa façon énervante à n'utiliser la négation qu'amputée d'une partie de ses composantes. Un détail.
Frédéric CASTAING : J'épouserai plutôt la mort. Série Noire N°2363. Parution novembre 1994. 192 pages. 6,05€.