Le bénitier ne doit pas être nettoyé souvent !
Prédicateur ambulant, Simon arpente les routes de Provence à bord de son camping-car. Pour attirer l'attention des brebis égarées qu'il rencontre en troupeaux sur les parkings des supermarchés, il organise une loterie foraine, lots de consolation à l'appui.
Charlotte, une jeune mère, tente d'échapper à de louches personnages qui en veulent à son bébé. Elle se réfugie dans le véhicule de Simon, alors que celui-ci prodigue sa bonne parole à une comtesse avide de spirituel et de charnel. L'évangéliste est obligé de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d'accepter les intrus. Ils campent sur une plage mais les deux hommes de main les ont repérés.
Simon est blessé à la main, ce qui l'handicape pour conduire. Il prend à son bord un auto-stoppeur, Gaël, jeune terroriste breton hanté par une génération spontanée de représentants d'une maréchaussée envahissante. Ils évitent des barrages qui, ils l'apprendront par les journaux, ne sont pas édifiés à leur intention mais dans le but de coincer les auteurs d'un hold-up. Les braqueurs de banque arrêtés, la route devient libre.
Gaël a rendez-vous avec un passeur, mais son contact est appréhendé pour un trafic de drogue. Simon se retrouve avec un passager supplémentaire. Il décide de se réfugier chez Vitali, son oncle, et Andréa, sa tante, d'anciens forains. Dans la nuit Lucas est la proie d'un subit accès de fièvre. Simon et Gaël vont chercher un docteur. A leur retour ils apprennent que le bébé a été enlevé. Charlotte est une mère porteuse qui a décidé de garder la chair de sa chair, réexpédiant l'argent du contrat au géniteur, Martina, son ex-employeur, toubib spécialisé dans la chirurgie esthétique, possesseur de nombreuses cliniques et à la tête d'un trafic avec les pays de l'Est et du Moyen-Orient.
Simon se fait inviter à une réception organisée par Martina et repère les lieux, découvrant la cache du coffre-fort. Il revient plus tard en compagnie d'un perceur de coffre et subtilise argent et documents, dont une lettre signée Charlotte dans laquelle elle stipule abandonner ses droits de mère. Mais d'enfant point.
Le ton résolument humoristique, la description burlesque de certaines scènes tragiques, les situations cocasses rencontrées par les différents et insolites protagonistes, tout concourt pour faire de Prêcheur en eau trouble un livre qui renouvelle avec bonheur le roman noir humoristique, un peu à la manière de Westlake.
Yves Ellena avec ce roman plein de verve et d'allant devait marcher sur la route du succès. D'autant que son précédent ouvrage, Radio corbeau, avait connu un succès notable, consacré par l'adaptation cinématographique d'Yves Boisset. Mais les voies du Seigneur sont impénétrables et Yves Ellena n'a pas fait reparler de lui. Peut-être a-t-il fait vœu de silence ?
Du train où vont les choses, le plus petit village, la plus minuscule vallée vont bientôt réclamer leur indépendance. Et quand on en arrivera à l'individu, la boucle sera bouclée et ce sera la fin de l'humanité.
Je n'aime pas la violence, dit-elle, après un temps. Les gens l'utilisent parce qu'ils ne savent pas communiquer, se parler.
Curiosité :
Simon possède un chien appelé Moïse, un chat, Achab, deux oiseaux, Abel et Caïn, et une tortue, Zoé.
Yves ELLENA : Prêcheur en eau trouble. Série Noire N°2150. Parution septembre 1988. 256 pages. 6,65€. Disponible sur le site de la Série Noire.