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21 mai 2015 4 21 /05 /mai /2015 16:39

En ce temps-là, il ne faisait pas bon être transformiste...

Phil BECKER : Le Lycan blanc.

Dans les bois de la Karanza vivent Corcinos et Esteban, deux jeunes adolescents d'à peine quinze ans. Si tous deux possèdent la particularité de pouvoir se transformer d'être humain en loup, et inversement, Corcinos se distingue par ses yeux rouges et ses poils blancs. Il est albinos.

A l'heure où nous faisons leur connaissance, ils se dirigent vers l'auberge de Manta, entre Perpinya et Barcelona, où se croisent Katalans, Kastillans et Maurisques. Ils doivent ramener quelques pièces d'or à Maître Zoan, le vieillard d'origine asiatique qui les élevés depuis une dizaine d'années. Pour ce faire ils n'ont qu'un moyen, affronter en combat singulier l'un des nombreux voyageurs qui s'arrêtent dans l'établissement. Les paris sont lancés, Corcinos affronte un Franc et gagne son combat. Seulement il est attiré par la petite serveuse qui l'observe alors qu'un homme en noir lance à la cantonade : c'est un loup-garou.

Obligés de décamper rapidement ils sont poursuivis par la foule en délire et en colère. Esteban est loin, Corcinos a trop traîné et il est rattrapé. L'homme à la cape noire l'a poursuivi et même dépassé. Il se présente comme étant Achôris, mage d'Egyptis. Puis il ameute les chasseurs en leur signalant l'emplacement du métamorphe. Corcinos est sauvé par Esteban qui le prend sur son dos et les deux adolescents parviennent à échapper à la meute.

Lorsqu'il se réveille, Corcinos est allongé dans la caverne de Zoan. Lequel n'est pas satisfait de la prestation de ses deux élèves. Esteban est parti du côté du Canigó afin d'acheter des simples, des plantes médicinales pour hâter la guérison de Corcinos. Le mage noir, Achôris, est présent et si auparavant Zoan et lui avaient combattu ensemble, il est évident pour Corcinos que l'entente n'est pas, n'est plus, parfaite. Ce qui fait croasser le goelak royal, condensé de corbeau, de vautour et autre volatile. Selon Achôris, Zoan serait en mesure de dévoiler enfin la vérité sur la naissance de Corcinos, de lui révéler qui sont ses parents.

Car Corcinos cauchemarde quasiment toutes les nuits, à la recherche du secret de son enfance. Des images défilent, se projettent dans son esprit, toujours les mêmes. Un enclos, une gamine, et d'autres visions, des ressentis. Esteban est enfin de retour, mais brûlé à cause des salamandres qu'il a dû affronter au cours de son périple.

Les mercenaires débusquent Corcinos et ses compagnons. Zoan reste sur le carreau à cause des flèches. Le mystère de la naissance de Corcinos et d'Esteban risque bien de rester secret, seul le goelak pourrait l'aider dans la recherche de ses souvenirs. Seulement, Corcinos est trop gourmand. Il avale en entier le cerveau du volatile au lieu de le déguster à la petite cuiller. Le résultat n'est pas à la hauteur de l'effet escompté. Esteban et Corcinos restent seuls à vivoter. Mais l'albinos pense à la jeune serveuse qui l'a aidé lors de la confrontation à l'auberge de Manta. Il la retrouve, c'est le début de l'amour entre les deux jeunes adolescents, seulement Corcinos ne parvient pas à se contrôler. Il mute, le loup devient prédateur et il griffe, blesse, la perd.

Il ne lui reste plus qu'à partir, fuir vers son destin qui l'emmène vers Kotlliure, guidé par un berger, un guide Vasq. Ce ne sera pas une partie de plaisir, loin de là. Esteban est mordu par une vipère de Barcelona, et sa vie est en danger. Enfin ils arrivent au fort Snek demandant l'aide de guérisseurs. Corcinos reconnait en Venceslau, le seigneur du lieu, un personnage qui hante ses rêves. Quant à Venceslau, il se contente de déclarer voyant le blanc et le brun, Corcinos et Esteban : Je me doutais bien que vous alliez me revenir...

Le chemin de la mémoire est long à gravir, à défricher, à débroussailler, et après Kotlliure, Corcinos se rendra à Perpinya, les embûches s'accumulant sur lui comme autant de nuages d'orage.

 

Ce roman qui s'ancre, et s'encre, avec délectation dans le Merveilleux héroïque (heroic fantasy pour les anglophones) nous emmène au temps des Kathars, entre Pays d'Ock et royaume Franc. En filigrane se profile la silhouette de Simon de Malfort. Le lecteur est plongé dans un monde parallèle à celui que nous connaissons, d'après les livres d'histoire quand cette discipline était encore enseignée à l'école, la religion cathare défiant l'église catholique, le roi de France profitant de ce schisme pour étendre sa domination sur le Languedoc et l'Aquitaine. Mais partant d'une page d'histoire réelle, Phil Becker et les auteurs des deux premiers volumes de Xavi El Valent, intègrent leurs personnages issus d'une imagination débridée.

Les combats entre vipères, sangliers, salamandres et autres animaux provenant d'un bestiaire fantastique ou mythologique, sont détaillés avec vivacité, brutalité, réalisme, un côté sanglant, comme les hommes de cette époques et leurs prédécesseurs devaient se défendre contre des animaux sauvages sans les moyens actuels de la vénerie. Coricinos va combattre notamment un Minotaure, un homme à tête de taureau. Et c'est ainsi que les prémices de la corrida vont être établis, sans règles définies, sauf celle de vaincre à tout prix.

La magie n'est pas en reste, dans cet univers de bruit, de fureur, de sang, et d'amour juvéniles. Des amours qui se passent mal, à cause de Corcinos et de son état de métamorphe mais également par la rouerie d'une femme qui en veut toujours plus et qui aime être lacérée, qui s'adonne à la scarification pour un plaisir malsain.

Mais ce qui mène cet adolescent bipolaire, mi-homme mi-loup, consiste en cette quête effrénée à la recherche de ses géniteurs, de son origine, des éléments perturbants agissant sur le psychisme. Savoir d'où on vient est plus important que de savoir où on va.

Phil Becker, une nouvelle plume à l'avenir prometteur !

 

Pour commander cet ouvrage, et d'autres, une seule adresse :

Phil BECKER : Le Lycan blanc. Le Monde de Xavi El Valent. Collection Blanche. Editions Rivière Blanche. Parution mai 2015. 228 pages. 17,00€.

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commentaires

A
Même si l'auteur est prometteur, ce n'est pas un genre que j'apprécie.
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O
J'aime parfois changer de genre, et tourner mes yeux vers le fantastique, l'espionnage, le western ou encore le cape et d'épée. Mais ces trois derniers genres sont nettement en régression alors que pendant des décennies ils ont tenu le haut du pavé et les lecteurs en haleine...

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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