La tour infernale !
Arrivés en ordre dispersés, à 9 heure du matin le 18 juin 1985, au 17ème étage de la tour Montparnasse, Lorraine, chef du commando, Albert, Isidore, Samuel, Tonton et Anicet se rendent maîtres des lieux.
Ils prennent en otage près de deux cents personnes et bloquent les ascenseurs desservant respectivement les locaux situés entre le 1er et le 30ème étage. Puis n'ayant gardé que deux lignes téléphonique, une intérieure et une extérieure, ils contactent le gardien de l'immeuble. Le commissaire du 15ème arrondissement, Parpant, après un moment de doute, envoi sur place quelques policiers. La colère gronde, principalement parmi les patrons des différentes sociétés siégeant dans la tour.
Bédoré, sous directeur de la gestion quotidienne de l'immeuble, prend les choses en main. Il calme les esprits. Seul Gaspéri ne veut pas suivre les consignes et déboule par les escaliers. Il est abattu sans pitié. De même, aux derniers étages et à la terrasse, deux gardiens, Pétraz et Viella, membres du commando infiltrés sur place refluent les visiteurs. L'un d'eux, un peu trop curieux, reçoit deux balles dans la tête.
Une cellule de crise est constituée et le Préfet de police est prié de dénouer la situation. Leripinsec, chef de la Brigade de Répression du Banditisme, se substituant à celui-ci, téléphone à Lorraine qui lui fixe ses conditions : deux cents millions de francs en lingots d'or et deux hélicoptères. Tandis que ses subordonnés en dépouillant les dossiers concernant les truands et les preneurs d'otages recensés, pensent que les frères Astaba - Isidore et Albert - feraient partie du commando, Leripinsec par l'indiscrétion d'un des ravisseurs au téléphone, apprend le prénom de Lorraine. Bientôt l'identité d'icelle n'est plus un secret, vu ses antécédents.
Marc Laffrey, le fils d'un de ses collègues des Moeurs, travaille dans la tour ainsi que de nombreux employés coincés entre le 18ème étage et le 56ème. Leripinsec lui demande de se rendre sur la terrasse afin de le renseigner sur le nombre de truands pouvant s'y être installés. Le jeune homme monte du 19ème étage jusqu'à la terrasse à pied. Il rend compte à Leripinsec de la présence des deux gardiens, c'est tout, mais il se fait piéger par les deux hommes et est fait prisonnier. Le GIGN arrive en renfort. Bédoré connaît bien les lieux et propose une solution : l'un des membres du commando, ancien employé dans un cirque, grimpe le long des câbles de l'un des ascenseurs jusqu'au 17ème et déroule une échelle de corde. Il est rejoint par ses collègues qui investissent l'étage.
Pendant ce temps Lorraine est légèrement débordée par ses otages.
Après avoir été édité dans de nombreuses collections, dont le Masque, Paul Kinnet, auteur belge, fait son apparition à la Série Noire, après quelques années de silence. Ce sera d'ailleurs son seul roman à paraître dans cette collection.
Il décrit d'une façon très précise, très détaillée, et fort documentée, cette prise d'otages gigantesque qui se déroule de 09h00 à 13h37. L'humour ne figure qu'épisodiquement, avec parcimonie. Il dénonce l'habileté des hommes politiques et des hauts fonctionnaires à proclamer des déclarations rassurantes, mais lorsqu'il s'agit de prendre des responsabilités, de prendre des décisions, cela redescend en cascade, le pékin se trouvant souvent seul confronté à résoudre les problèmes.
Il y a des attachés-cases discrets, pour P.-D.G, où l'on peut enfermer quelques minces documents confidentiels, et des attachés-cases pour les tâcherons qui doivent emporter du travail chez eux tous les soirs s'ils veulent se faire bien voir.
Curiosité :
Paul Kinnet a traduit pour les éditions Marabout Le Mystère d'Edwin Drood de Charles Dickens et écrit la fin de ce roman inachevé, sous le pseudonyme de Paul Maury.
Paul Kinnet est issu de l’agence Maréchal qui proposa des auteurs belges aux débuts du Fleuve Noir. Des auteurs belges qui se nommaient José-André Lacour, (plus connus sous le pseudonyme de Paul Kenny), et Paul Kinnet. D'ailleurs Jean Libert, Gaston Van den Panhuise et Paul Kinnet ont rédigé ensemble des romans pour la collection Rouge et Noire, plus connue sous l'appellation La Flamme. Il n'est donc pas interdit de penser que le pseudonyme de Paul Kenny, sous lequel se cachaient Jean Libert, Gaston Van den Panhuise, est un hommage en verlan à Paul Kinnet.
Paul KINNET : La Tour, prends garde ! Série Noire N°2037. Parution février 1986. 224 pages. 5,55€ disponible sur le site de la Série Noire.