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14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 10:54
Patrick O'HARA : J'ai pas de frangin

Et une soeur ?

Patrick O'HARA : J'ai pas de frangin

A dix-sept ans, déserteur de la Marine, Paddy O'Hara, Irlandais de Liverpool, traîne ses guêtres entre Hyde Park et Piccadilly.

Il a faim et pas une tune en poche. En quête d'une bonne fortune, il se fait draguer par des homosexuels. Malgré son jeune âge, Paddy n'est pas né de la dernière pluie et le coup des allumettes comme travaux d'approche, il connaît.

Il accepte toutefois l'offre d'un verre de bière de la part d'un homme qui croit trouver en Paddy une proie facile. Mais l'Irlandingue ne mange pas de ce pain là. Il préfère les femmes et met les points sur les I à son interlocuteur, en toute courtoisie. Une femme aux cuisses généreusement découvertes l'invite à bord de son véhicule et lui propose de venir finir la soirée chez elle. Du moins dans un appartement que lui ont prêté des amis. La jeune femme s'éclipse et peu après apparaît un homme, nullement étonné de voir Paddy installé dans la pièce et qu'il appelle Chéri. Paddy s'enfuit non sans avoir salué son hôte d'un coup de poing rageur.

Alors qu'il détale dans les rues noires, quelqu'un lance le cri de ralliement des commères à l'affût et des policiers : Au voleur, arrêtez-le ! Arraisonné par les flics, Paddy commence le parcours initiatique de tout petit délinquant confronté à la justice.

Nuit dans la geôle d'un commissariat, signature obligatoire d'une déposition honteusement erronée, passage devant le juge puis incarcération à la prison de Wormwood Scrubs dans le quartier dit de Borstal, quartier pénitentiaire réservé au régime de redressement destiné aux délinquants âgés de moins de vingt et un ans.

En véritable Titi, Paddy ne perd pas sa gouaille, son sens de la répartie, ses insolences vis à vis des matons, devant les brimades exercées aussi bien par certains de ses compagnons de détention que des gardiens. Entre des repas qui n'ont de repas que le nom, et les tentatives de suicide de ses codétenus, le temps passe à effectuer de petits travaux, histoire de se monter un petit pécule pour s'acheter des cigarettes.

La rébellion est sanctionnée par le mitard et des motifs de révolte, Paddy n'en manque pas. Il s'insurge, vitupère, laisse éclater sa colère, mais il ne peut rien faire contre la loi et ses représentants. La maladie et les petits bobos ne sont que douleurs supplémentaires car il ne faut pas compter sur le docteur pour soulager ses maux.

 

Malgré un épilogue en queue de poisson, ce roman est agréable à lire et nous change de la production habituelle relatant l'univers carcéral ou la vie d'un petit délinquant.

Un roman écrit un peu comme une autobiographie et qui ne manque pas d'humour malgré la noirceur de certaines scènes. Le lecteur devient complice et partage les vicissitudes, les avatars de cet adolescent qui ne veut se plier à aucune règle édictée, sinon la sienne, et revendique de penser, de se conduire en homme libre et non assujetti, non asservi à une loi que des policiers ou des gardiens de prison exécutent sans discernement, la détournant parfois eux-mêmes.

Ecrit de façon argotique mais néanmoins lisible, le style de ce roman fait un peu penser à Peter Randa alias André Duquesne.

 

Curiosité :

Paddy, lors du premier chapitre, a la curieuse et fâcheuse habitude de clore ses réflexions personnelles par Si vous voyez ce que je veux dire, ce qui à la longue devient un peu lassant, si vous voyez ce que je veux dire.

 

Citation :

A la voir marcher, en jouant de la croupe, on croirait un sac de chats qu'on va jeter à la rivière, tant ça frétille et ça tortille là-dedans !

 

Patrick O'HARA : J'ai pas de frangin (I got no brother - 1967. Traduction de Raoul Amblard). Série Noire N°1202. Parution mai 1968. 256 pages.

 

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