Bon anniversaire à Max Allan Collins né le 3 mars 1948.
Mary Beth, qui étudiante, travaillait depuis quelques semaines dans une usine de défoliants, de désherbants chez elle à Greenwood, est retrouvée un matin les poignets entaillés. Conclusion suicide.
Crane, son petit ami, étudiant journaliste, accepte cette version mais son ami Roger Beaty, étudiant sociologue, lui démontre le contraire. Depuis un an cinq suicides ont été enregistrés, soit dix fois plus que la statique nationale. Sans parler des fausses couches, des nouveau-nés atteints de malformations et des cas de cancer.
Boone, une jeune gauchiste séparée de son mari, directeur à l'usine Kemco, est persuadée que ce ne sont que des meurtres maquillés en suicide. Elle convainc Crane de l'aider dans son enquête qu'elle mène depuis des années sur cette usine fabriquant l'Agent Orange utilisé par les Américains pendant la guerre du Vietnam. Elle a accumulé assez de documentation, dit-elle, pour écrire un livre.
Ils suivent de nuit un camion ayant chargé des fûts de déchets jusqu'à une décharge municipale et prennent des photos. Ils couchent dans un motel. Le lendemain, l'appareil photo a disparu. Crane rencontre Patrick, l'ex-mari de Boone, qui lui affirme que rien d'illégal n'est accompli par les dirigeants. Les veuves des suicidés sont persuadées que leurs maris sont décédés dans des conditions "normales".
Boone se rend au siège de la Commission Contre les Déchets Dangereux, en vain. Crane est déboussolé et retourne chez lui dans l'Iowa. Quelques semaines plus tard il apprend que Boone a tenté de se suicider, après qu'un incendie se soit déclaré dans sa chambre, détruisant le manuscrit qu'elle avait pratiquement achevé. Un incident qui aurait conduit son ex-femme à vouloir attenter à ses jours selon Patrick. Crane est bien décidé à aller jusqu'au bout et fait un esclandre dans l'usine Kemco.
L'une des veuves pense elle aussi que les suicides ne sont pas naturels. Elle a appris que sous un terrain de jeux, près de l'école, des barils de déchets ont été ensevelis. Crane est enlevé une nuit par deux routiers, employés par Kemco, et enfermé dans un fût puis enterré. Il essaye de sortir de son tombeau, et à bout de force s'évanouit. Il se réveille dans un hôpital, un enquêteur de la Commission à son chevet. Le fût n'était pas entièrement recouvert de terre et l'un des gardiens de la décharge a pu délivrer Crane.
Max Allan Collins, délaissant sa saga des années 30, met le doigt sur une situation qui a périodiquement été dénoncée aussi bien en France qu'à l'étranger. Comment se débarrasser des déchets de certains produits toxiques sans que la population sache qu'elle vit à côté d'une décharge polluée et polluante. Comment concilier progrès et non-pollution. Un état de fait dont la gravité n'est assez mise en valeur mais qui empoisonne, qui contamine notre fin de siècle, notre fin de millénaire et dont les journaux relatent les méfaits parfois avec parcimonie, comme un jet de vapeur qui s'échappe d'une cocotte-minute.
La polka des polluants ne convaincra pas les écologistes, leur opinion étant déjà faite depuis longtemps mais qui devrait amener les autres, c'est à dire la plupart d'entre nous, à réfléchir.
Citation :
Il est important de ne pas fuir la réalité.
Max Allan COLLINS : La polka des polluants. (Midnight Hall - 1986. Traduction de M. F. Watkins). Série Noire N°2110. Parution octobre 1987. 256 pages. 6,05€.
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