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Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !

Jacques BABLON : Trait bleu.

Il était une fois dans l'Ouest !

Jacques BABLON : Trait bleu.

Ce roman aurait pu s'intituler Fantasia chez les Ploucs, mais il n'existe aucun ressemblance dans l'histoire avec ce titre de Charles Williams. Il faudrait plutôt se diriger vers Jim Thompson et James Hadley Chase pour trouver une analogie pour l'ambiance, l'atmosphère, les personnages de ce récit atypique.

Tout commence, selon le narrateur anonyme, lorsque le cadavre de Julian McBridge a été retrouvé dans l'étang, avec un couteau de chasse dans le ventre. Cela se passait deux ans auparavant et les enquêteurs n'ont eu aucun mal à identifier le propriétaire du coutelas et c'est ainsi que le narrateur, que l'on appellera désormais John Doe en référence à l'expression américaine désignant une personne non-identifiée, s'est retrouvé en prison.

Né de père inconnu et d'une mère morte en couches, John Doe a bourlingué dans des familles d'accueil. Et il est devenu ami avec Iggy, ils était tout le temps ensemble, à la pêche ou pour voir les filles. Mais quand les policiers sont arrivés, Iggy était parti à la pêche aux filles délurées, et comme la Chevy a toujours eu du mal à démarrer, John Doe n'a pu s'esquiver. Et il a avoué bien volontiers avoir perdu son couteau dans le bide de McBridge. Une grosse perte. Pas McBridge, mais le couteau.

En tôle, John Doe a droit à une remise en forme de la part du psy.

En réalité c'est John Doe qui abasourdi le psy qui ne sait comment interpréter ses réponses. Par exemple à la question toute bête : Comment vous sentez vous, ce matin ? John Doe, qui n'est pas avare de métaphores, répond : Comme un jockey qui touche les pieds par terre.

Mais John Doe est encore plus abasourdi que son psy lorsqu'il apprend qu'un visiteur l'attend au parloir. Il pense à Iggy mais c'est une femme qui l'attend. Une certaine Whitney Harrison (qui ne vient pas de Houston) qui se présente comme visiteuse de prison. Cela lui convient fort bien, surtout quand elle lui propose de pouvoir le faire s'évader et lui remet un revolver en pièces détachées. Il n'a plus qu'à s'amuser avec son petit jeu de construction. Il est convoqué par le directeur et il emmène son arme, au cas où, mais une bonne et une mauvaise nouvelles lui sont signifiées.

D'abord, ce n'est pas lui qui a tué McBridge, l'homme a été abattu par balles. C'est Iggy qui tenait l'arme. Et Iggy s'est pendu.

John Doe est libre, mais c'est alors que ces ennuis commencent. Il était plus tranquille dans sa geôle, tandis que maintenant il a des individus louches et malfaisants à ses trousses. Heureusement il peut compter sur quelques appuis, Pete le motard, le petit frère d'Iggy et magicien en moteurs, toque de raton-laveur à la Davy Crockett sur la tête en guise de casque. Et Rose, la chanteuse de bar, mignonne à croquer, mais elle n'est pas la seule femme à tourner autour de lui. Big Jim aussi, architecte de son état et propriétaire d'une résidence construite de guingois, mais ça c'est son problème. Il s'intéresse fortement au bateau que John Doe veut vendre afin de se faire un peu d'argent. Et de l'argent il parait qu'il y en a, ce qui attire les individus louches et malfaisants évoqués ci-dessus.

Et le premier problème qui se présente à John Doe, lorsqu'il veut retourner son lopin de terre, c'est de se trouver nez à nez avec une paire de chaussures. Et au bout des chaussures un cadavre. Celui de Lindegren, le copain de McBridge. Heureusement il y en a qui se servent d'acide dans des fûts découpés, et les cochons sont vraiment des animaux domestiques sympathiques lorsqu'il s'agit d'aider les humains qui ne pensent qu'à les manger. A charge de revanche.

 

Avec une écriture bourrue, rugueuse, râpeuse, drue, Jacques Bablon nous entraîne avec énergie dans les pérégrinations de John Doe dans un langage savoureux, nerveux tout comme l'est son héros. Le comique côtoie le tragique, selon les circonstances. C'est violent et tendre à la fois, le double effet qui s'coue.

 

Jacques BABLON : Trait bleu. Collection Polar Jigal. Editions Jigal. Parution 15 février 2015. 152 pages. 17,00€.

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G
Repéré dans la newslettre de Jigal (tu y es cité d'ailleurs...) !
Répondre
O
Il me semble que tous les chroniqueurs ont beaucoup apprécié ce roman, alors pourquoi pas toi !