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Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !

Agnès LAROCHE : Marjane et le sultan.

L'histoire en marche effectue souvent des retours en arrière, préjudiciables à tous.

Agnès LAROCHE : Marjane et le sultan.

Entrez dans l'univers magique d'un conte qui pourrait être extrait des Mille et une nuits.

Entrez dans la réalité d'une histoire qui pourrait se dérouler de nos jours, mais en sens inverse.

Marjane est une jeune tisseuse dont les tapis sont fort appréciés des riches notables du Sultanat d'Aroum, pourtant elle n'a que dix-sept ans. Elle dessine les motifs, choisit les couleurs, et surveille les ouvrières dans la petite pièce qui sert d'atelier. Elle a repris les rênes de sa mère, décédée deux ans auparavant, et son père est fort malade. Elle envisage de continuer l'activité de tissage, seulement son père refroidit sa légitime ambition en l'informant qu'il existe des règles strictes en matière de succession.

Si elle veut garder la maison et l'atelier, elle doit se marier. La loi est ainsi faite que seuls les fils peuvent hériter. On ne juge pas les femmes capables de disposer avec bon sens des biens familiaux. A la mort de leurs parents, le Sultan en devient propriétaire. Une loi inique selon Marjane et elle s'indigne, et ne veut pas entendre parler d'épousailles arrangées. Elle décide de rencontrer directement le sultan Bahman et de plaider sa cause. Elle est courageuse Marjane et intrépide aussi, alors elle surmonte les difficultés et parvient à obtenir un entretien.

Le sultan Bahman, qui est monté sur le trône deux ans auparavant, est un jeune homme gracieux, mais pas facile à manier. Et il confirme la loi ancestrale :

Cette loi est juste et vous n'y échapperez pas, lâche-t-il froidement. Les femmes n'ont pas les qualités requises pour gérer des biens ou de l'argent en toute indépendance ! Elles s'occupent de leur foyer, de leurs enfants, travaillent parfois, mais il serait vain de leur en demander davantage, elles n'en sont tout simplement pas capables ! Sans parler de la frivolité et de l'inconséquence de certaines qui dilapideraient en bien peu de temps leur héritage.

Une fin de non recevoir qui ne réjouit pas Marjane, indignée par de tels propos. Alors elle persiste, s'entête et décide d'écrire une missive dans laquelle elle met les choses au point, non sans un humour caustique. Mais elle ne l'envoie pas. Le Sultan aurait-il ressenti du remord devant la pugnacité de la jeune fille, il se peut car il se présente incognito, lui tendant un des dessins qu'elle avait omis de reprendre lorsqu'elle s'était présentée à lui. Il lit la lettre qui lui était destinée, ce qui le met en colère, et il lui lance un défi : elle doit confectionner un tapis volant.

Marjane qui ne veut absolument pas se marier avec l'un des prétendants que lui présente son père, décide de relever le défi sachant pertinemment qu'elle ne pourra accéder à la demande du Sultan mais cherche une parade.

 

Marjane incarne la féministe décidée et entreprenante dans son combat pour l'égalité des sexes, la reconnaissance des qualités dont ses consœurs sont dotées tout en démontrant que les hommes peuvent parfois se conduire comme ce que le Sultan reproche à la femme en général. Et elle va démontrer aux cours des aventures qu'elle va partager en compagnie d'Adi, puisque le Sultan souhaite qu'elle l'appelle ainsi, qu'elle n'est pas timorée, mais au contraire capable d'aller jusqu'au bout de ses forces dans les situations délicates et capable de prendre les décisions adéquates.

Cette histoire se déroule en 1898, or si l'Orient s'ouvrait au modernisme, il existait de nombreuses lacunes sociétales. Tout cela allait changer jusqu'à ce que des extrémistes religieux, des fanatiques, dénoncent le grand bouleversement dans la vie quotidienne, familiale, professionnelle, culturelle des femmes, remettant en cause leur émancipation.

Agnès Laroche n'évoque pas ces transformations, ces régressions, mais bien entendu cela est sous-entendu. Si le livre est destiné à une couche juvénile de la population, nul doute que les adultes doivent lire ce court roman, et en expliquer les arcanes à leur progéniture.

 

Agnès LAROCHE : Marjane et le sultan. Editions Talents hauts. Parution le 19 février. 144 pages. 8,00€.

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