Dans les coulisses de Hetzel et Jules Verne
Fidèles à leurs principes, oserai-je écrire leur déontologie, les rédacteurs de la revue Le Rocambole poursuivent avec ténacité leur exploration du domaine de la littérature populaire, et dans ce nouveau numéro, le dossier est consacré à un auteur totalement méconnu, tombé en désuétude, et dont pourtant la vie est elle-même est un roman.
André Laurie, puisque c’est de lui dont il s’agit, n’est pas tout à fait un inconnu pour les amateurs des romans de Jules Verne, car figurent les deux signatures sur L’épave du Cynthia. Mais qui sait que deux autres romans signés Jules Verne seul ont été écrits, à quatre-vingt dix pour cent par André Laurie ? Le premier est L’héritage de Langévol devenu Les cinq cents millions de la Bégum et le second Le diamant bleu rebaptisé L’Etoile du Sud.
Mais bientôt André Laurie deviendra un auteur à part entière signant tout aussi bien André Laurie que Philippe Daryl ainsi que de deux autres pseudonymes Tiburce Moray et Léopold Virey. Mais André Laurie n’est pas son véritable patronyme. Pascal Grousset, dont le prénom sera rapidement transformé en Paschal, est né en Corse en 1844. Alors qu’il n’a qu’un an ses parents s’installent à Grisolles, village du Tarn et Garonne car son père est professeur de mathématiques. Très tôt il monte à Paris afin de poursuivre ses études. Il n’a que dix-sept ans. Il fréquente l’Ecole de médecine durant quatre ans, et commence à s’investir dans le journalisme privilégiant deux axes : la vulgarisation scientifique et la politique. Et malgré qu’il soit d’origine corse, par sa mère, il n’apprécie pas du tout les régimes bonapartiste et napoléonien. Il écrit des pamphlets et se trouve impliqué dans l’affaire Victor Noir.
En 1871, à vingt-sept ans il est ministre et fait partie du conseil de la Commune. Ce qui lui vaudra de connaître les geôles de Fort Boyard puis d’être déporté en Nouvelle Calédonie. Ses pérégrinations ne s’arrêtent pas là et Xavier Noël, qui a écrit une biographie de Paschal Grousset alias André Laurie, narre mieux que moi ces aventures. Je me contenterai d’ajouter qu’il (André Laurie) milite et encourage la pratique de l’éducation physique et du sport en général, « souhaitant une pratique sportive partagée par tous, y compris les femmes, tandis que Pierre de Frédy, baron de Coubertin, a une vision élitiste et machiste de la pratique sportive ». L’histoire n’a retenu que le nom de ce dernier !
Ce dossier du à de nombreux contributeurs est épais de plus de cent-trente pages dans lesquelles sont disséquées l’homme, l’auteur et son œuvre.
Mais comme j’ai déjà eu le plaisir de le signaler, mon Rocambole à peine déballé de son enveloppe, je recherche la partie consacrée aux révélations et concoctée par Jean-Paul Gomel, Paul J. Hauswald et Claude Herbulot. Dans ce numéro nos trois complices se penchent sur les éditions de L’Arabesque, qui pour beaucoup d’entres nous sont synonymes de Luc Ferran, héros incontournable des années 50/60. Ils s’attachent également à décrypter les pseudonymes de quelques uns de ces auteurs dont Jean Bure qui sera plus connu sous le nom de Jan de Fast dans la collection Anticipation du Fleuve Noir. Mais Jean Bure possédait d’autres pseudos chez L’Arabesque et je vous laisse les découvrir dans ce numéro de Rocambole. Jean-Michel Sorel, autre touche-à-tout accumulant les alias, et le catalogue qui proposait moult auteurs se réduit considérablement à ce recensement.
D’autres révélations attendent les amateurs de romans populaires, tous genres confondus. Personnellement j’aimerai qu’un dossier complet sur les éditions de l’Arabesque soit enfin réalisé, car cette maison d’édition révéla de nombreux romanciers, dont Michel Lebrun et Fred Kassak et permit à Georges-Jean Arnaud de pouvoir enfin s’exprimer en littérature après avoir connu les joies du Grand Prix de littérature policière puis galérer à la recherche d’un éditeur reconnaissant son talent et sa capacité de produire de bons romans à une vitesse phénoménale.
Pour tous renseignements vous pouvez vous rendre utilement sur le site du Rocambole.
Revue LE ROCAMBOLE. Bulletin des amis du roman populaire. N°51 : Dossier André LAURIE. Parution été 2010. 176 pages. 15,00€