Une femme qui porte un manteau de fourrure, c'est ce qu'on appelle une femme à poils ?
Depuis un an qu'il travaille comme garçon laitier à la Gorten Milk Company, Sam Maynard pense pouvoir se refaire une virginité. Ce n'est pas le boulot qui le rebute. Debout tous les jours à trois heure du matin pour livrer les bouteilles de lait, il cravache pour grimper l'échelle sociale. Quatre ans passés en taule lui ont suffit. Son ambition, économiser assez d'argent afin de se marier avec Loïs, une jeune fille simple même si son père ne l'a pas à la bonne.
Un matin, sa tournée terminée, une note de service l'attend. Il doit rencontrer une nouvelle cliente. Tout son passé lui revient à la figure telle une immense claque qui le laisse déboussolé. Sa cliente n'est autre qu'Eva, celle par qui et pour qui il est allé en prison. Une erreur de jeunesse. Une amourette. Mais Eva était inaccessible, sous la domination de Collie Kohzak avec qui Sam effectua quelques casses pour boucler ses fins de mois d'étudiant universitaire fauché.
Eva le vampe, lui promet d'être très gentille avec lui, s'il vient le soir à un rendez-vous. Sam refuse catégoriquement mais à l'heure dite il sonne à la porte d'Eva, soi-disant pour mettre les choses au clair. Mauvaise surprise, Kohzak l'attend, et lui intime l'ordre de l'aider à cambrioler la laiterie, sinon il le dénoncera pour le braquage non élucidé d'une bijouterie.
Sam est coincé. Entre aider à voler la paie des ouvriers de la laiterie ou retourner en prison, il n'a guère le choix.
Maynard oscille entre deux femmes. Eva, la maîtresse, ou plutôt selon ses dires l'ex-maîtresse de Kohzak, qui rêve de se faire offrir un manteau de vison, et Loïs, la pure jeune fille d'origine bourgeoise. Il hésite également entre deux solutions : ou aider Collie Kohzak dans son entreprise, ou le dénoncer, et se dénoncer par la même occasion, auprès de Del Lantis, le policier local qui ne perd pas de vue ses faits et gestes.
Une fois de plus, comme dans bon nombre de romans de cette époque dus à ceux qui furent surnommés la deuxième génération du Hard Boiled, et plus particulièrement les auteurs du sud des Etats-Unis, Day Keene en tête, le Bien et le Mal sont incarnés et mis en opposition par deux femmes qui, par amour ou par calcul, s'arrachent le même homme. Celui-ci se débattant dans de complexes problèmes de conscience.
Curiosité :
Ce roman policier dans lequel évoluent mauvais garçons et policiers ne comporte qu'une seule scène, finale, où des coups de feu sont échangés. Kohzak et Sam Maynard sont blessés mais aucune victime n'est à déplorer. Quant au casse, il avorte grâce à l'ingénieux système de Del Lantis le policier. Un piège que le lecteur perspicace peut éventer sans trop de difficulté.
Harry WHITTINGTON : T'as des visons ! (Mink - 1956. Traduction de G. Sollacaro). Série Noire N° 361. Parution Mars 1957. 190 pages.