Bon anniversaire à François Muratet, né le 27 janvier 1958.
En 2049, l’Europe, élargie à quarante membres, voit arriver au pouvoir Pim Head, le leader du Rassemblement des Milices, une importante société prestataire de services tournée vers la politique.
Les Etats-Unis de toute l’Amérique du Nord ont vu le regroupement du Canada et du Mexique aux USA. Mais pour autant le contexte économique est en régression, et les grèves, les contestations, les manifestations se développent sur les deux continents, sans oublier les guerres d’indépendance qui fleurissent ça et là.
En Europe la Milice prend le relais, musclé, de la police. En Amérique du Nord, c’est le spectre de la guerre civile qui se profile, avec à la tête des contestataires, un nommé David, insaisissable. Le libéralisme à outrance est le maître mot tant en Europe qu’aux Etats-Unis.
Pourtant dans la communauté européenne, certains se révoltent, appartenant à une section politique bannie, les Hypercommunistes. D’autres travaillent sur des programmes de micro-ordinateurs à l’intelligence artificielle extrêmement développée puisqu'un dialogue peut s’échanger entre la machine et l’homme. Des sommes considérables d’argent transitent sur des comptes parfois au grand dam de leurs bénéficiaires. Quant aux politiciens, ce sont toujours les mêmes : ils rêvent d’asseoir une suprématie impérialiste au détriment de ceux qu’ils dirigent, bafouant le social sans état d’âme.
Dans ce roman de politique-fiction, construit comme un puzzle, François Muratet nous dépeint ce que pourrait être l’Europe et le monde en général dans une quarantaine d’années. On ne peut dire que ce soit du pessimisme, mais il s’agit d’une vision inquiétante et crédible de notre avenir, peut-être plus proche que nous le pensons.
Une analyse et une projection pertinentes que des événements récents, lors de la parution du roman, mais François Muratet avait déjà bouclé son roman, confirment. Les personnages se croisent, se rencontrent, se perdent de vue, d’autres surgissent, évoluent au fil du temps, des tueurs à la solde de l’Agence parcourent l’Amérique lisant Jack London, mais tous sont plus ou moins des pantins alors qu’ils pensent se mouvoir, régis par leurs propres idées, leurs propres convictions. Un livre dense, mais pas ardu, qui fait réfléchir et envisager le pire.
François MURATET : La révolte des rats. Collection Serpent noir, éditions du Serpent à plumes. Parution Juin 2003. 418 pages.