La psychologie de comptoir.
Paris. Minuit. Après un repas bien arrosé et afin de défendre la vertu d'Henriette, Philippe Montigny frappe d'un coup de poing ajusté Arsène. Le patron du café s'écroule contre un coin de table et ne se relève pas.
Dégrisé, Philippe réalise qu'il vient de commettre un meurtre. Seuls témoins de cette algarade : Henriette, à peine seize printemps et Bernard, dix sept ans. Aussitôt Philippe prend les choses en main. Il décide de simuler un vol, prend les économies du cafetier et procure à chacun de solides alibis. Pendant que Bernard restera dans le café, Philippe et Henriette vont s'éclipser et faire croire à un retour.
Deux points en leur faveur : ils rencontrent une vague connaissance et tandis uils frappent au rideau de fer deux agents cyclistes qui effectuent leur ronde les surprennent et entendent Bernard à l'intérieur imiter Arsène.
Suite à cet "exploit" Philippe attrape quelque peu la grosse tête. Il se mesure à Frédo, le souteneur d'Irma, le bat et annexe celle-ci. De statut officiel d'étudiant, en réalité il passe plus de temps dans la rue qu'à la fac, le voilà devenu mac et meurtrier. Cependant les nuages s'amoncellent sur sa tête fragile.
Bernard désire plus rapidement que prévu sa part de galette et le commissaire Barrois se retrouve trop souvent sur son chemin. Quant à la belle-mère de Philippe, Marie-Madeleine, pas encore la quarantaine, elle lui fait des yeux doux. Ce qui est nouveau mais compréhensible. Le père de Philippe, ex sénateur, a mal passé le cap de la soixantaine et néglige sa jeune femme.
Philippe se trouve à la tête d'un cheptel. Sa belle-mère pour l'hygiène, Irma pour le fric, et Henriette pour le cœur. Quoique celui-ci soit assez versatile.
Bernard devient de plus en plus encombrant, glouton, influencé par un ami homosexuel quadragénaire. Philippe décide de se débarrasser de ces deux parasites. Peut-être une erreur, d'autant plus qu'il est sujet à des vertiges, des dédoublement de personnalité, et mesure de moins en moins les risques encourus.
André Duquesne, ne signe à son premier roman à la Série Noire. Ecrit à la première personne du singulier, dans un style sec, nerveux, rapide dénué de fioriture, que l'on retrouvera tout au long de son œuvre. Seulement l'empoi systématique de l'argot marque l'époque et le roman a mal vieilli. De plus pour ses dix-neuf ans, Philippe Montigny semble trop adulte, trop mûr pour son âge, trop cynique envers les femmes, plus particulièrement dans ses relations avec Irma et sa belle-mère. Quant aux retournements de situations, ils ne sont guère crédibles.
Curiosité :
Tous les romans d'André Duquesne parus à la Série Noire ont été réédités en 1972 sous le patronyme de Herbert Ghilen chez Transworld Publications ou France Sud Publications. Ainsi Freudaines a été réédité sous le titre : Rencart avec personne.
Citation :
Pour croire dur comme fer à l'honnêteté, il faut être riche.
André DUQUESNE : Freudaines. Série Noire N°237. Parution février 1955. 184 pages.